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- Lutte ouvrière n°1639
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Leur société
Les éleveurs de volailles refusent de se laisser plumer
Venus des départements bretons (l'essentiel des élevages porcins et des producteurs de volailles étant concentré en Bretagne), les agriculteurs étaient plus d'un millier, lundi 6 décembre, devant le ministère de l'Economie et des Finances, à Paris, pour exprimer leur colère et revendiquer une aide. Accueillis par une barrière de CRS contre lesquels ils ont lâché des sacs de plumes accompagnés de quelques volatiles (histoire d'envoyer " poulets contre poulets " ont précisé certains manifestants...), ils sont repartis avec quelques engagements de la part du ministre de l'Agriculture, Jean Glavany.
Ils n'auront donc pas fait le voyage complètement pour rien, même s'il reste à vérifier si les promesses d'un ministre se traduiront bien par des actes.
Victimes de la chute continue des cours de la viande de porc et de l'effondrement du marché de la volaille, et des poulets en particulier, les agriculteurs refusent la baisse insupportable de leurs revenus, un surendettement croissant quand ils ne sont pas acculés à la faillite, la ruine de leurs moyens de vivre. Ils réclament donc au gouvernement des aides qui leur garantissent un revenu minimum. Si les producteurs de porcs n'ont encore rien obtenu de concret, le ministre a annoncé aux producteurs de volailles des aides d'urgence qui devraient être débloquées d'ici quelques jours, des facilités de paiement de leurs impôts et cotisations sociales pour l'année à venir ainsi qu'un " plan d'adaptation " censé les prémunir contre les crises futures. Pour enrayer la baisse des prix des volailles sur les marchés de gros, des mesures de soutien ainsi que des subventions aux exportations sont également envisagées.
Certes, aucune de ces dispositions, à supposer qu'elles soient réellement et rapidement mises en place, ne pourra résoudre les problèmes auxquels se trouvent confrontés bien des producteurs de volailles (et de porcs d'ailleurs, pour lesquels il est estimé qu'une aide de 150 millions serait urgente et nécessaire afin d'empêcher les exploitations les plus fragiles de devoir mettre définitivement la clé sous la porte). Car ces difficultés sont liées à l'anarchie du fonctionnement de l'agriculture capitaliste et à la gabegie qu'engendre le marché. Une abondante production de porcs et de volailles peut ainsi déclencher une véritable catastrophe pour les éleveurs, qui n'arrivent plus à vendre les animaux à un prix qui leur permette de couvrir les frais de production et de vivre correctement. Et cela tandis que le consommateur d'ici continue de payer la viande au même prix, dans les magasins, et surtout, tandis que des millions d'hommes et de femmes souffrent de pénurie et d'insuffisance alimentaire dans la plupart des pays de la planète.
Mais si les problèmes des producteurs de porcs, des éleveurs de volailles, sans parler des autres catégories d'agriculteurs, sont donc loin d'être résolus par les dispositions annoncées, au moins, ils auront montré qu'en tapant du poing sur la table, en descendant dans la rue, en manifestant sous le nez des CRS et devant les préfectures des villes comme Vannes, Saint-Brieuc, Rennes, voire en s'installant sous les fenêtres du ministère parisien, il était possible de rendre ce gouvernement prétendument socialiste un peu moins sourd aux revendications de ceux qui travaillent.