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- Lutte ouvrière n°1638
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Leur société
Il faut un mouvement d'ensemble !
La journée nationale d'action du 30 novembre, appelée principalement par la CGT à laquelle s'étaient joints le Groupe des dix (syndicats autonomes dont SUD) et la FSU des enseignants, a été diversement suivie.
À Paris, la manifestation nationale des employés de banque contre le démantèlement de leur convention collective a réuni des milliers d'employés dans les rues de Paris et a été visiblement un succès encourageant pour tous les participants. En revanche, le rassemblement à Montparnasse et la manifestation qui a suivi des travailleurs de certaines entreprises de la métallurgie, de la SNCF, de diverses entreprises de nettoyage, de certains services hospitaliers, avait bien peu de participants. Cependant en province, des manifestations plus importantes ont eu lieu.
Il faut dire que la CGT avait été particulièrement discrète dans la préparation de cette journée d'action. Dans certains endroits, c'est tout juste si les travailleurs étaient informés de son existence et ce n'est certes pas en lisant L'Humanité du 30 novembre ou des jours immédiatement précédents qu'ils pouvaient obtenir quelques précisions et incitations à participer.
La date de ce 30 novembre avait été arrêtée parce que c'était le jour où le projet de loi Aubry sur les 35 heures arrivait en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, de retour du Sénat. Il fallait, selon la CGT organisatrice, montrer au gouvernement le mécontentement engendré par le contenu du projet aggravé par les sénateurs et la mobilisation du monde du travail pour en refuser le contenu : le décompte du temps de travail effectif, la flexibilité et même le calcul des horaires des cadres.
Rien n'a été véritablement fait pour faire confluer tous les mécontentements contre cette loi réactionnaire que représente la loi Aubry. Pourtant, des conflits, des débrayages, voire des grèves, en tout cas des coups de colère et des manifestations de mécontentement contre l'entrée en application des 35 heures mais aussi contre les bas salaires, la baisse des effectifs, etc., ne manquent pas : dans les hôpitaux, dans les centres de tri, à la SNCF, dans les bus et les métros, à France Télécom, au GAN, ainsi que dans des entreprises du secteur privé. Autant dire que le monde du travail est loin d'être résigné face à la politique du gouvernement comme face à un patronat qui se croit, pour l'instant, à peu près tout permis. Mais si les luttes dispersées venaient à converger dans un mouvement général, alors il serait possible de faire reculer patrons et gouvernants et d'inverser enfin le rapport de forces en faveur du monde du travail.