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Grande-Bretagne : Blair ouvre la chasse aux SDF
Le 14 novembre le gouvernement travailliste de Tony Blair a lancé sa première grande " offensive pour nettoyer les rues des sans-logis ", selon la formule officielle.
Le mépris pour les pauvres, implicite dans cette formule, ne doit pas étonner. N'est-ce pas Jack Straw lui-même, cet ancien leader étudiant membre des jeunesses communistes, devenu bras droit de Blair et ministre de l'Intérieur, qui expliquait l'an dernier dans une interview qu'il se sentait " insulté " chaque fois qu'il voyait un SDF et que ceux-ci n'avaient qu'à " s'en prendre à eux-mêmes d'être tombés si bas ".
C'est ce même Jack Straw qui est à l'origine de cette " offensive " contre les SDF. Car, malgré la baisse du chômage dans les statistiques officielles, la pauvreté ne recule pas, loin de là. Les pauvres ont disparu des statistiques, mais ils sont toujours là, dans des cités qui bien souvent pourrissent sur pied faute de crédits pour les entretenir. Quant aux plus pauvres, c'est sur les trottoirs des grandes villes qu'on les retrouve, ou dans les secteurs plus discrets de ces villes (gares, parcs ou ponts), là où les risques de " ramassage " brutal sont moindres.
Officiellement, les organismes gouvernementaux minimisent le problème des SDF. Selon eux, 2000 individus seraient privés de toit chaque nuit. D'autres chiffres font état de plusieurs dizaines de milliers de SDF à l'échelle du pays, dont un quart de moins de 25 ans, qui seraient " cachés " par le jeu de la prison (elles n'ont jamais été aussi pleines qu'aujourd'hui), des hébergements temporaires que leur fournissent certaines municipalités et de l'aide fournie par les organismes caritatifs.
Or ce sont tout d'abord ces derniers que vise l'" offensive " du gouvernement contre les sans-logis. Louise Casey, celle que la presse appelle la " tsarine des SDF ", une universitaire nommée par Blair pour " résoudre " le problème des sans-logis, a inauguré la présente offensive en accusant les organismes caritatifs d'" encourager le phénomène SDF ", en particulier en fournissant soupes populaires et abris occasionnels aux SDF. De même la " tsarine " a accusé l'hebdomadaire Big Issue, premier journal vendu par les SDF apparu en Europe dans les années 1980, d'encourager les SDF à la marginalité. Mais cette bureaucrate, qui touche un salaire de 80 000 F par mois aux frais du contribuable, n'a pas été jusqu'à dire quel employeur, en-dehors de Big Issue, serait prêt à fournir un travail et un salaire à un SDF.
Autant dire que, sous prétexte de lutter contre la marginalisation des sans-logis, le gouvernement Blair risque surtout de les priver, à la veille de la dure période hivernale, des maigres moyens essentiels de survie dont ils disposent. Et tant pis si quelques SDF le paient de leur vie, pourvu que Blair puisse parader devant l'électorat aisé en jouant les hommes forts qui savent faire disparaître ceux dont la simple vue gêne, et surtout sans que cela coûte.
Depuis qu'en avril dernier Blair s'est engagé à mener croisade contre la pauvreté, les initiatives de ce type se sont succédé, toutes plus écoeurantes les unes que les autres parce que toutes visant à faire des pauvres des coupables, voire des criminels. Et tout cela pour permettre à des politiciens qui n'en finissent pas d'affirmer leur servile loyauté aux plus riches de faire la preuve de leur dureté envers les plus pauvres.