Au Conseil régional de Picardie, lors de la commission permanente du 29 octobre, les élus avaient à se prononcer sur une subvention destinée à l'entreprise Clarins, un trust de la cosmétique. Cette entreprise, qui vient de s'installer à Amiens, a déjà obtenu une multitude d'aides venant de la municipalité d'Amiens, du Conseil général, de fonds européens... Avec les 3,7 millions de francs demandés au Conseil régional, le total de ces aides se monte à plus de 300 000 francs pour chacun des emplois que Clarins promet de créer d'ici trois ans.

" Est-il normal que de l'argent public aille à des dividendes privés ? " s'insurgeait dans le quotidien Le Figaro, la veille de la commission permanente, l'un des élus socialistes au Conseil régional, rappelant que Clarins avait réalisé 250 millions de francs de bénéfices en 1998. Les élus du PS allaient-ils donc s'opposer à cette demande de subvention ?

Le matin même, en commission des finances, le PS votait contre. Mais l'après-midi, il demandait une suspension de séance juste avant l'examen du projet de subvention.C'est que le PS tient à avoir des relations privilégiées avec le député-maire de droite d'Amiens, de Robien.De Robien et les trois conseillers régionaux qui sont dans son sillage ont à plusieurs reprises affirmé qu'ils étaient prêts à s'allier au PS si celui-ci mettait de côté le PC. Au retour de sa délibération en groupe, le PS annonçait qu'il s'abstiendrait... " pour ne pas empêcher les créations d'emplois sur Amiens ".

Après un débat animé, au cours duquel les élus de Lutte Ouvrière appuyés par ceux du PCF ont affirmé qu'ils voteraient contre ce projet, c'est l'abstention des élus PS et MDC qui a permis à la subvention d'être votée par les seules voix des élus de la droite et de Mégret.