Nos lecteurs écrivent - Métro de Marseille : La grève des maîtres-chiens12/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1635.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent - Métro de Marseille : La grève des maîtres-chiens

Il y a quelques années, la direction des transports en commun de Marseille, la RTM, a réduit le personnel dans les stations de métro. Il n'y avait plus d'agent du métro que dans les quelques stations principales. La direction avait installé des machines pour délivrer les billets, et des bornes d'appel sur lesquelles se précipiter si l'on était agressé.

Mais les problèmes n'ont pas tardé. Il n'est pas si facile de fonctionner sans personnel ! La tarification est très compliquée. Même quand on sait quel ticket l'on veut prendre, ce n'est pas simple de l'obtenir, d'autant plus que les machines peuvent refuser telle pièce ou tel billet, être brusquement allergiques aux cartes bancaires, être en panne. Alors, la direction a fait appel à... des maîtres-chiens, en principe pour assurer la sécurité dans les stations. Debout toute la journée dans les stations, pour un salaire net de 5 400 F, avec leur chien en laisse, les maîtres-chiens ont dû peu à peu assurer des fonctions d'employés de la RTM : renseigner les voyageurs perplexes devant les machines, les aider à prendre leur billet, ouvrir le portillon pour permettre aux mamans avec leurs poussettes d'entrer et de sortir, dégager un ticket coincé dans le composteur. Quant aux pannes d'escalier roulant, ils ne pouvaient que les constater et se faire prendre à partie par les voyageurs dépités.

Les maîtres-chiens aussi en ont eu assez et ils ont fait grève jeudi 28 novembre, comme l'explique l'un d'entre eux dans la lettre suivante.

" La SOGESEM est une entreprise de 200 personnes qui gardiennent le port, le Conseil régional, la mairie, des magasins, des cités, et dont 100 gardiens assurent la sécurité dans les stations de métro.

Le jeudi 28 octobre, les gardiens des stations de métro se sont réunis le matin à la gare Saint-Charles et ont décidé la grève reconductible avec les revendications suivantes :

- renforcement des effectifs dans les stations à risque,

- prime de 5 F de l'heure compensant l'action contre la fraude puisque c'est là un travail supplémentaire qui leur a été demandé dans les stations,

- prime de renfort pour vacation exceptionnelle (150 F),

- maintien de la prime de salissure dans le paiement des congés,

- requalification en temps plein de tous les contrats à temps partiel,

- abrogation de la circulaire remettant en cause l'attribution de la prime " chien ",

- fin de l'utilisation abusive des astreintes.

Jeudi matin, premier jour de la grève, nous avons distribué un tract aux usagers expliquant nos revendications. Nous étions très déterminés. Le premier jour le patron comptait sur la division et le pourrissement de la grève. Voyant cela la CGT de la RTM, qui nous soutient, a menacé de lancer une grève de soutien des personnels du métro, et même elle a envisagé de faire rentrer les rames au dépôt. Vendredi, nouvelle réunion des grévistes à Saint-Charles, la détermination restait intacte. A nouveau des tracts ont été distribués aux usagers. En fin d'après-midi le patron a décidé de céder en partie.

Les gardiens de la SOGESEM qui travaillent sur le port ont, eux aussi, fait grève jeudi et ont obtenu dès le premier jour la prime de panier qu'ils réclamaient.

Chez les gardiens du métro la grève a été suivie à 100 %. Nous n'avons pas obtenu le renforcement des effectifs que nous demandions pour les stations à risque. Le patron veut vider les stations calmes pour renforcer les stations à risque et donc garder le même effectif. Mais nous avons cessé notre grève car nous avions obtenu certaines de nos revendications.

Nous avons obtenu la prime de 5 F de l'heure pour le contrôle des tickets en station, notre coefficient est passé de 130 à 140 à partir du 1er novembre.

Jusqu'à présent on nous demandait d'avoir des chiens qui soient dressés, de race, et de payer nous-mêmes une assurance. La société retire systématiquement 200 F sur notre salaire pour une société de dressage de chiens où nous pouvons aller en dehors des heures de travail. Nous avons obtenu que ce soit le patron qui paie l'assurance, et nous ne sommes plus tenus d'avoir des chiens de race.

Dix gardiens actuellement à temps partiel passeront à temps plein à partir du 1er janvier avec la loi des 35 heures. Les astreintes concernaient surtout les gardiens à temps partiel et le patron faisait appel à eux quand il y avait quelqu'un d'absent. Nous avons obtenu que celui qui est appelé fasse sa vacation complète de 8 heures, même si finalement l'absence se révélait être juste un retard. Jusqu'à présent, si l'absent arrivait, celui qui avait été appelé sous astreinte repartait et n'était payé que pour les heures effectuées.

Enfin, la journée de grève du jeudi a été payée. "

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