Avocat d'affaires ou ministre, cherchez la différence12/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1635.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Avocat d'affaires ou ministre, cherchez la différence

Strauss-Kahn a commencé sa carrière ministérielle en tant que ministre de l'Industrie dans les gouvernements de Cresson puis dans celui de Bérégovoy, de 1991 à 1993. Tout socialistes qu'ils étaient, ces gouvernements exaltaient la vitalité retrouvée de la Bourse, tandis que se succédaient les plans de licenciements. Du coup, le Parti Socialiste se discréditait aux yeux de l'électorat populaire, ce qui lui valut une débâcle électorale dans laquelle il perdit quatre millions de voix, près de la moitié de ses électeurs. La droite revint aux affaires avec Balladur puis Juppé.

Redevenu conseiller municipal de Sarcelles, puis maire de cette ville, Strauss-Kahn se reconvertit sans problème. Il avait de longue date des liens dans le grand patronat, notamment avec Jean Peyrelevade, qui fut président du Crédit Lyonnais, et Denis Kessler qui deviendra un dirigeant du Medef, avec lequel il avait cosigné un livre sur les retraites.

Dès 1994, Strauss-Kahn fondait, aux côtés d'un ex-PDG de Renault, Raymond Lévy, le Cercle de l'industrie. Il s'agissait d'un lobby chargé de défendre les intérêts des grands patrons français auprès de la Commission européenne de Bruxelles. Tandis qu'un ancien membre du cabinet ministériel de Strauss-Kahn, devenu l'adjoint du PDG de Publicis, prenait le poste de trésorier de ce Cercle de l'industrie... On restait en famille. Parmi les intimes figuraient Didier Pineau-Valencienne, patron de Schneider, et Jean Syrota, celui de la Cogema. De telles relations constituaient des valeurs sûres que Strauss-Kahn fit fructifier en s'inscrivant comme avocat d'affaires, pour jouer les entremetteurs grâce à son carnet d'adresses bien fourni.

En même temps, sa compétence à nouer des liens avec le grand patronat lui valut d'acquérir la stature, au Parti Socialiste, de l'homme indispensable pour gérer l'économie du pays.

Quand Strauss-Kahn fit son retour au gouvernement comme ministre de l'Economie en 1997, il bénéficiait largement de la confiance du patronat. Simplement, de conseiller privé, il était redevenu leur serviteur public. Le gouvernement décida d'un côté de nouvelles exonérations, notamment de la taxe professionnelle, de l'autre des impôts payés par les plus pauvres (maintien de la hausse de la TVA instituée par Juppé, du RDS, augmentation de la CSG et son extension aux retraités et aux chômeurs...).

Strauss-Kahn a témoigné de son attrait pour les stock-options, cet avantage en actions attribué à des hauts cadres et dirigeants de sociétés, qui a permis, par exemple, à l'ex-PDG d'Elf, Jaffré, de partir avec 200 millions de francs net d'impôts. Il est parvenu sans peine à faire reporter, au plus tôt au printemps prochain, une hausse éventuelle de la fiscalité sur les gains obtenus grâce à ces stock-options.

En tout cas, même si Strauss-Kahn restait longtemps en dehors du gouvernement, les patrons ne manquent pas d'avocats, inscrits au barreau ou pas, au sommet de l'Etat...

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