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- Lutte ouvrière n°1633
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Dans les entreprises
Centre de tri de Bordeaux : Après l'interpellation d'un responsable CGT - la grève continue
Après trois semaines de grève et d'actions contre les suppressions de postes, les mutations imposées, le passage en brigades de nuit " atypiques " que tente d'imposer La Poste au Centre de tri distribution (CTD) et au Centre de tri courrier (CTC) de Bègles, le mouvement a connu un tournant avec l'interpellation à son domicile par les gendarmes, le 21 octobre au matin, d'un postier gréviste, membre du bureau départemental de la CGT.
Il a été transféré dans une gendarmerie de la banlieue, à Tresses, incarcéré, les lacets enlevés, et longuement interrogé puis, en fin de journée, ramené au centre ville, au QG de la gendarmerie Aquitaine ! Il y a passé la nuit et il n'a été libéré que le lendemain, plus de 26 heures après son interpellation !
Lors des interrogatoires, les gendarmes avaient tenté de lui faire livrer le nom de collègues, en vain.
La gendarmerie intervenait à la suite d'une plainte de La Poste après l'irruption, dans la nuit du 18 octobre, de plusieurs dizaines de postiers dans un centre de tri occulte organisé par La Poste. Des oeufs et des pétards avaient fusé. L'un des deux responsables de La Poste avait argué de ces incidents pour prendre quatre jours d'arrêt de travail...
La direction parlait de " violences ", comme si toute la responsabilité de la situation n'incombait pas à ses pratiques anti-grève ! Et si violence il y a c'est celle de l'administration, qui supprime des emplois, qui tente de passer en force pour aggraver des conditions de travail déjà éprouvantes, puis recourt à la gendarmerie qui traite un militant syndicaliste comme un délinquant !
Dès que l'interpellation du militant de la CGT a été connue, tout s'est arrêté au centre de tri. L'émotion, la colère étaient vives, renforcées par la nouvelle que, le jour même, Papon s'était enfui.
La direction du centre de tri minimisait, faisant croire qu'il ne s'agissait que d'un " appel à témoin, avec entretien... ", puis affirmant qu'il n'y aurait pas de sanction administrative, que la plainte était suspendue... Mais cela ne mit pas fin à l'indignation. Un appel à manifester était lancé par les syndicats pour l'après-midi.
Dans l'après-midi, nous étions 250 à manifester devant la Direction départementale au centre ville, puis devant la préfecture, bien décidés à obtenir la libération du responsable syndical. Vers 17 heures, une bonne centaine de manifestants se rendaient, pendant près de deux heures, devant la gendarmerie de Tresses pour affirmer la solidarité de tous avec le camarade à l'intérieur.
Dans la soirée, les postiers allaient bloquer un TGV en gare de Bordeaux tandis qu'une délégation se rendait à une plate-forme de tri toute proche, qui débrayait massivement.
Le vendredi 22, un piquet de grève d'une trentaine de personnes était mis en place. Les facteurs du bureau de poste attenant au centre de tri se mettaient en grève, ainsi que les collègues du bureau de poste Bordeaux-Docks.
Ce vendredi 22, lors des assemblées générales de fin de soirée, où la poursuite du mouvement était bien sûr réaffirmée, certains intervenants s'étonnaient que, alors que la grève dure depuis plus de trois semaines et que de nombreux conflits ont lieu à La Poste, les fédérations syndicales PTT n'envisagent aucune action d'ensemble avant... la fin du mois de novembre.
Le week-end passé, dimanche soir à l'embauche, les assemblées du CTD et du CTC décidaient la continuation de la grève, la direction n'ayant pas renoncé à ses projets.
Lundi après-midi, nous sommes allés à plusieurs dizaines manifester à la mairie de Bègles, et à plus d'une centaine, mardi, devant le Conseil régional d'Aquitaine.
Si la grève semble marquer le pas en jour, la détermination se maintient fortement les soirées et la nuit.