Renault supprime 21 000 emplois chez Nissan : Réquisition des entreprises qui licencient !22/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1632.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Renault supprime 21 000 emplois chez Nissan : Réquisition des entreprises qui licencient !

L'annonce des 21 000 suppressions d'emplois chez Nissan (sans compter ceux qui vont disparaître chez les sous-traitants et fournisseurs de Nissan, et pas seulement au Japon, mais aussi en Europe) décidées par Renault, le nouvel actionnaire majoritaire de l'entreprise japonaise, évoque le précédent de Vilvorde. Mais un Vilvorde à grande échelle.

Et pas seulement Vilvorde, ni Renault d'ailleurs, car tous les grands trusts, sans exception, agissent de la même façon. Hier, les projecteurs de l'actualité se portaient sur Michelin. Un peu avant, on parlait des suppressions d'emplois dans le groupe constitué par Hoechst et Rhône-Poulenc. En fait, on pourrait faire figurer dans ce sinistre catalogue tous les grands noms, et les moins grands, du monde de la finance et de l'industrie. Ils se rachètent à qui mieux-mieux les uns les autres, et à chaque fois cela se traduit par des milliers de suppressions d'emplois annoncées. Et si l'on en fait la somme, ce sont des centaines de milliers de sans-emploi qui viennent s'ajouter aux millions qui existent déjà.

Car la principale activité de ces grandes sociétés, celle qui motive leur choix, ça n'est pas tant de fabriquer des pneus, des automobiles, des médicaments, mais de fabriquer des profits, toujours plus de profits, et du même coup de fabriquer des chômeurs, toujours plus de chômeurs.

Qu'importe aux capitalistes, aux grands patrons ou à leurs commis, que leurs décisions se traduisent par des hommes et des femmes qui risquent de sombrer dans le dénuement et la misère ! Que leur importe que cela provoque la ruine de villes, de régions entières, pourvu que cela se traduise par une rentabilité encore meilleure de leurs capitaux ! N'est-il pas à la fois révoltant, mais en même temps significatif, de constater que les actions des entreprises montent à la Bourse dès que l'on annonce des compressions de personnel ?

On veut nous faire croire qu'il s'agirait des effets de la mondialisation, c'est-à-dire d'un phénomène venu d'ailleurs, contre lequel les travailleurs, les victimes seraient impuissantes face à un adversaire lointain et anonyme. Ce qui se produit ces derniers temps vient démentir ces propos. Edouard Michelin, ça n'est pas un individu des antipodes. Il vit ici, en France, comme une partie des travailleurs dont il tire ses profits à Clermont-Ferrand, Bourges, Cholet ou Vannes. Renault, par l'intermédiaire de son PDG, Louis Schweitzer, il se trouve lui aussi ici, en France, à la tête d'une entreprise " française ". Il a été nommé par le gouvernement et c'est, paraît-il, un proche du PS. Il en est de même pour tous les fabricants de chômeurs qui tiennent aujourd'hui le haut du pavé, dans ce pays.

Les travailleurs n'ont donc nul besoin d'aller chercher on ne sait où leurs ennemis, les responsables de leur sort, ceux qui, après leur avoir fait suer sang et eau à produire leurs profits, en jettent froidement une partie d'entre eux à la rue.

Et face à un tel déferlement de plans sociaux, Jospin répète benoîtement que l'Etat n'y peut rien. Tout au plus " réguler ", pour reprendre la formule utilisée à Strasbourg, après son prétendu " lapsus " de France 2. Comme si Renault ne régulait pas à sa façon, comme si Michelin et d'autres faisaient autre chose ! D'ailleurs, en ce qui concerne Renault, l'Etat aurait le pouvoir d'intervenir, non seulement par des mesures gouvernementales, mais en tant qu'actionnaire principal de l'entreprise. Il est significatif qu'il ne le fasse pas.

Ce qui donne la mesure de sa volonté - de son absence de volonté devrait-on plutôt dire - face à un patronat qui se sent tout permis, d'autant qu'on lui laisse les mains libres.

Chaque jour, la nécessité se fait plus impérieuse de mettre un coup d'arrêt à cette situation qui voit une dégradation continue des conditions d'existence de la classe ouvrière et des classes populaires.

Ça n'est pas vrai qu'on ne peut rien faire. Et puisque le gouvernement laisse faire, il reste aux travailleurs à s'occuper de leur sort.

Il est nécessaire d'imposer l'interdiction des licenciements et la réquisition des entreprises qui licencient, à commencer par celles qui suppriment des emplois tout en faisant des profits.

Et puisque toutes les grandes entreprises de ce pays agissent de la sorte, elles ne nous laissent plus d'autre choix.

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