Aux élections législatives portugaises du dimanche 10 octobre, le Parti Socialiste est resté en tête avec 44 % des voix, manquant de peu la majorité absolue de 115 députés. Le PS, dont le slogan de campagne était " Le Portugal est en de bonnes mains " conserve donc le gouvernement, en même temps que la présidence de la République. L'opposition de droite, le PSD (32,3 %) tout comme le Parti Populaire (8,38 %), perd quelque peu, tandis que le Parti Communiste Portugais (PCP) gagne autour de 2 %, passant de 7 à 9 % (il était encore à 13-14 % entre 1989 et 1993).

Mais la nouveauté est l'entrée au Parlement de deux députés d'extrême gauche, Francisco Louça et Luis Fazenda, élus dans le district de Lisbonne sur la liste du Bloc de Gauche (BE). Ce nouveau parti, issu de l'alliance de trois formations, obtient 2,46 % (131 867 voix) sur l'ensemble du pays. Mais dans les districts urbains, il fait nettement mieux : 4,8 % dans le district de Lisbonne (55 000 voix) et 6 % sur la ville elle-même (21 631 voix). A Porto également les résultats sont bons, avec 21 000 voix sur le district ; il n'en manquait environ que 1 500 pour obtenir un troisième député.

Dans ces districts, les résultats du Bloc représentent presque la moitié des voix de la CDU, l'alliance électorale formée autour du PCP. A Lisbonne, il obtient près des trois cinquièmes : 21 631 voix quand le PCP en obtient près de 37 000. Ce vote urbain semble venir plutôt des jeunes. Cela se vérifie dans les bureaux de vote, où les électeurs sont répartis en fonction de leur date d'inscription dans le quartier : le pourcentage pour le Bloc varie du simple au triple selon que l'on dépouille des votes d'électeurs inscrits depuis longtemps ou depuis peu.

Ce vote à l'extrême gauche traduit sans doute la lassitude d'une partie de l'électorat vis-à-vis du Parti Socialiste. L'abstention a été de 38 %. Au pouvoir depuis 1995, le PS se flatte d'avoir instauré un RMI et revalorisé un peu les retraites. Il se glorifie de la prospérité de l'économie, de la réalisation de grands travaux, de la réussite de l'exposition universelle de l'an passé, toutes choses qui n'ont pas mis fin, au contraire, à la misère. 30 % des ménages sont en dessous du seuil de pauvreté ; les salaires restent les plus bas de toute l'Union européenne et le système de santé fait l'unanimité contre lui dans les couches pauvres.

Souhaitons que ces deux députés d'extrême gauche parviennent à exprimer au Parlement, et dans le pays, les revendications des travailleurs et des petites gens.