Deuxième loi Aubry : Une loi qui ne profite qu'aux patrons22/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1632.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Deuxième loi Aubry : Une loi qui ne profite qu'aux patrons

Mardi 19 octobre, par 315 voix contre 255, le second projet de loi Aubry sur les 35 heures a été adopté en première lecture par les députés. Les députés de la majorité plurielle ont ainsi apporté leur soutien au gouvernement, y compris ceux du PCF qui, à l'exception de deux d'entre eux, ont voté pour.

Alain Bocquet a justifié l'attitude du groupe communiste en déclarant que cette loi " est une aspiration profonde du mouvement ouvrier et des salariés ". Quant à Maxime Gremetz qui, quelques jours plus tôt, déclarait ce projet de loi " invotable ", il s'y est rallié. Prenant prétexte de quelques modifications secondaires sur le temps partiel et le Smic, il n'a pas hésité à qualifier ce projet de " grande loi de civilisation ". On se demande de quelle civilisation il veut parler ? De celle dominée par les Michelin, Renault ou TotalFina ?

Les responsables du PCF disent qu'ils vont " continuer à oeuvrer pour l'amélioration " de cette loi, car " il reste des questions importantes à résoudre ". Et d'évoquer les heures supplémentaires, le financement du passage aux 35 heures, le sort de la Fonction publique et la situation des cadres. C'est-à-dire tout ce qui est essentiel. Mais en votant le projet du gouvernement, le PCF ne s'est pas mis dans la situation la plus favorable pour faire pression dans ce sens. C'est le moins que l'on puisse dire.

En fait, même amendée, cette loi ne favorise que les patrons. Elle leur promet des centaines de milliards de francs de subventions diverses en plus de celles qu'ils reçoivent déjà. De l'argent qui sera évidemment autant de moins consacré à la Santé, à l'Education nationale et aux services publics utiles à la collectivité, et qui, d'une manière ou d'une autre, sera pris dans la poche des salariés eux-mêmes et des retraités.

Bien sûr, Aubry a défendu son projet en disant que ces subventions seront désormais accordées sous réserve de créer ou bien encore de sauvegarder des emplois. Mais sa loi ne prévoit aucun moyen de contrôle. " Des " emplois créés cela peut être un seul emploi. Quant à en " sauvegarder ", qui contrôlera ce que cela veut dire ?

En réalité, avec cette loi, les travailleurs ne verront pas la couleur de la réduction du temps de travail. Car, au lieu d'améliorer leur vie, la loi Aubry va l'empirer. En dépit de la mousse faite autour de ce projet, le fond de cette loi est qu'elle accepte la flexibilité du temps de travail. Cela signifie concrètement des variations d'horaires et d'emploi du temps quasiment au bon vouloir du patronat, la possibilité d'imposer la généralisation du travail le samedi et même, l'allongement de la durée effective du travail comme ont pu s'en rendre compte tous les travailleurs qui ont déjà subi les effets de la première loi sur les 35 heures.

Même en matière d'heures supplémentaires, le gouvernement reconnaît que la loi laisse une grande marge de manoeuvre au patronat. Répondant aux dirigeants du Medef sur ce sujet, Aubry a ainsi tenu à préciser qu'" une entreprise peut très bien recourir à 180 heures supplémentaires dans l'année, à condition que les 50 heures effectuées en plus du contingent de 130 heures autorisées donnent lieu à des récupérations équivalentes ". En clair, cela signifie que le patronat pourra imposer un fort contingent d'heures supplémentaires aux salariés, et donc se dispenser d'embaucher pour faire face à l'augmentation des commandes.

Et puis, cette loi renvoie la discussion sur les modalités de mise en place de ces 35 heures à des négociations par entreprise ce qui, étant donné les conditions actuelles de l'emploi, le poids du chômage, les contrats précaires et le rapport de forces localement, est en faveur du patronat qui peut imposer des accords à son gré et sur mesure.

Cette loi fera sentir ses effets néfastes très rapidement, en tout cas dans l'année qui vient et la direction du Parti Communiste en subira forcément le discrédit auprès des travailleurs.

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