Cerplex (ex-Xerox) (Neuville-en-Ferrain, 59) : Après cinq semaines de grève08/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1630.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cerplex (ex-Xerox) (Neuville-en-Ferrain, 59) : Après cinq semaines de grève

La grève avait démarré à l'annonce d'un plan de licenciement pour 350 (sur 600) d'entre nous et nous savions qu'à terme, nous allions tous être mis à la porte. Notre ancien propriétaire, Xerox, nous avait revendus trois ans auparavant à Cerplex, afin que ce dernier se charge de nous liquider quand Xerox n'aurait plus besoin de notre production.

Il a fallu cinq semaines de grève, deux à trois manifestations par semaine, en particulier devant les bâtiments de Xerox, pour que l'administrateur judiciaire, la direction du travail et le préfet qui nous avaient tous réunis finissent par accepter l'accord minimum que nous réclamions pour lever les piquets à l'entrée de l'usine.

Cet accord nous proposait un congé de conversion de dix mois pour tous ceux qui le souhaitent (il n'était proposé au départ que pour les plus de 50 ans). Ceux qui ne le prendraient pas toucheraient alors 15 000 F de plus que les 50 000 F que nous avions déjà obtenus en plus des indemnités légales. L'accord proposait aussi le paiement des jours de grève.

Dans un contexte peu favorable, le patron ayant vidé la caisse, cet accord a été considéré comme acceptable par la majorité à l'issue d'une assemblée générale. Personne ne considère comme suffisants les 17 millions que Xerox s'est senti obligé de mettre dans le plan social. Personne ne considère comme un avenir le fait d'avoir une année devant soi pour essayer de trouver un nouveau travail, sans entamer ses droits aux Assedic, mais beaucoup pensaient que c'est toujours ça, dans un contexte où il est difficile de retrouver du travail.

On a gagné du temps pour pouvoir se défendre tous ensemble. Le congé de conversion prévoit des reclassements, et nous savons bien qu'il faudra rester mobilisés pour que ces reclassements ne soient pas bidon.

Au lendemain de la levée des piquets, le tribunal de commerce devait décider si l'usine allait être liquidée ou s'il y aurait un délai avant la vente ou la liquidation. Ce délai, nous avions intérêt à l'obtenir pour que l'accord que nous avions arraché soit en quelque sorte consolidé. Et ce jour-là, le mardi 28 septembre, nous étions nombreux dans et devant le tribunal qui ne pouvait contenir tout le monde. Nous avons ainsi montré que la levée des piquets n'était pas la fin de la mobilisation, et que le moral restait bon. Ceci a sans doute aidé à ce qu'un délai supplémentaire de quinze jours soit accordé. A la fin de ce délai, il y aura liquidation ou rachat. Il y aurait paraît-il un repreneur pour 200 d'entre nous sur les 350 licenciements prévus. Mais même ceux qui seraient repris ont intérêt à être sur leurs gardes, car les repreneurs bidon, on connaît, on a déjà donné.

Il reste des luttes à mener. Le meilleur gage pour l'avenir, c'est qu'on a appris à se défendre ensemble, ouvriers mais aussi la plupart des agents de maîtrise et techniciens, et même des cadres.

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