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- Lutte ouvrière n°1629
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La Poste Paris 12 et Paris 20 : Des 35 heures assaisonnées de suppressions
A une semaine d'intervalle, deux bureaux de poste parisiens viennent de connaître deux jours de grève, à la distribution du courrier dans l'un, aux guichets dans l'autre. Dans celui du 12e arrondissement comme dans celui du 20e, La Poste voudrait imposer une importante réduction des effectifs ainsi que des changements d'horaires, alors qu'elle supprime la distribution du courrier l'aprèsmidi, le tout sous couvert du passage aux 35 heures.
A Paris 12, c'est une quarantaine d'emplois sur 170 que La Poste veut supprimer, en se refusant à remplacer, dans les mois à venir, les facteurs qui partiront en province ou en retraite. Ainsi, la brigade mixte qui trie le courrier le matin et le distribue l'après-midi disparaîtrait. Déjà, la direction a pris l'habitude d'appeler les facteurs de cette brigade en renfort pour les tournées du matin, afin de pallier la baisse des effectifs déjà intervenue ces dernières années.
Les nouvelles suppressions d'emplois alourdiraient encore le poids des sacoches qu'il faut soulever ainsi que celui des caddies. Et le problème va s'accentuer du fait qu'à Paris les concierges des HLM ne distribueront plus le courrier: dans l'arrondissement, les postiers devront desservir 9000 boîtes supplémentaires.
Avec une telle augmentation de la charge de travail, il était clair qu'aucun des quatre horaires proposés au personnel comme « scénarios » pour appliquer les 35 heures ne pouvait susciter l'enthousiasme, c'est le moins qu'on puisse dire. Aussi, - à la distribution, les facteurs ont fait grève les 21 et 22 septembre. Ils sont allés nombreux à la direction postale de l'Est parisien dire qu'ils n'acceptaient pas le plan de suppression d'emplois. Dans un tract distribué à la population, les grévistes ont dénoncé la dégradation importante du service rendu aux usagers entraînée par la suppression de la distribution l'après-midi et la mise en place d'une tournée spécifique et au rabais pour les HLM (une seule distribution au lieu de trois actuellement). Cette situation est d'autant plus choquante qu'en même temps la direction voulait imposer aux facteurs un après-midi de travail par mois le vendredi pour renforcer la distribution de la publicité, afin de répondre aux desiderata des patrons qui souhaitent que leur prose parvienne dans les boîtes aux lettres pour le week-end. Enfin, pour parvenir aux 35 heures, la direction était prête à octroyer généreusement un mardi de repos par mois... sans effectif supplémentaire, c'està-dire sur le dos des présents.
Suite à la grève, la direction a renoncé au travail du vendredi après-midi et a reporté le repos mensuel du mardi au lundi, ce qui permet de plus longs week-ends. Les suppressions d'emplois restent en suspens et une nouvelle assemblée de facteurs est prévue.
Enfin, au bureau de Paris 20, c'est aux guichets que la grève a éclaté les 15 et 16 septembre en application des 35 heures, la direction voulait obliger à accepter une vacation de plus toutes les deux semaines, en échange d'une diminution de la durée du travail journalière. Suite à la grève, elle a renoncé à la vacation supplémentaire, tout en acceptant de retarder la prise de service de 6 h 55 à 7 h 20. Mais pour le moment, la direction n'a pas cédé sur les suppressions d'emplois prévues, aux guichets comme dans les autres services de Paris 20.
Or, les guichetiers ne sont déjà pas assez nombreux, au bureau principal et aussi dans les petits bureaux de l'arrondissement; le même jour plusieurs quartiers restent à découvert pour la distribution du courrier (jusqu'à une vingtaine); les containers d'imprimés s'amoncellent; il n'est pas rare de voir les lettres recommandées s'entasser à la cabine arrière; au centre de tri, il manque du monde au point que la direction a demandé - en vain - aux agents commerciaux d'effectuer l'enlèvement du courrier chez ses clients chéris, les sociétés. Bref, le manque de personnel crève les yeux.
Que le passage aux 35 heures puisse s'accompagner de nouvelles suppressions d'emplois, c'est un comble!