A peine apprenait-on que les lessives allaient être taxées comme activité polluante, qu'aussitôt les patrons de ce secteur laissaient entendre que les prix de leurs produits pourraient augmenter d'autant, c'est-à-dire de 5 % à 6 %.

Et pourtant, lorsque cette année le gouvernement a institué la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), il avait pris bien soin d'avertir que cette TGAP ne pénaliserait pas trop, voire pas du tout, les patrons qui y seraient soumis. En effet, comme il a été décidé que les montants de la taxe (1,9 milliard de francs en 1999 et 3,2 milliards en 2000) seraient uniquement consacrés à financer l'allégement des charges sociales pour les entreprises passant aux 35 heures, ils retomberont en totalité dans les poches patronales.

Mais pour les industriels de la lessive, ce geste fort sympathique du gouvernement n'est visiblement pas suffisant. S'ils peuvent empocher des deux côtés : diminution des charges sociales d'une part, augmentation des prix de vente de leurs produits d'autre part, pourquoi se gêneraient-ils ?

Alors, contre ces patrons filous, le gouvernement ira-t-il jusqu'à supprimer la diminution promise des charges sociales, s'ils augmentent leurs prix ? Ira-t-il jusqu'à affecter les montants de la TGAP à l'amélioration du cadre de vie des travailleurs, ce qui serait tout de même la moindre des choses ? Il y a fort à parier, qu'à part quelques mots réprobateurs d'un quelconque ministre, le gouvernement en restera là, tant il est sensible à tous ces patrons qui pleurent la bouche pleine.