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Leur société
Chômage : Cachez ce rapport que je ne saurais voir
Une étude intitulée " Famille et chômage " vient de voir le jour. Le journal Le Monde en révèle certains points tout en signalant que le gouvernement ne tient pas à lui faire trop de publicité. Il faut dire qu'à l'heure où les ministres clament que le chômage recule, cette étude montre au contraire l'augmentation du chômage et de ses ravages, non seulement pour les chômeurs eux-mêmes, mais pour leur famille.
Selon un de ses auteurs, " en 1997 ", il faudrait " parler de cinq, voire de sept millions de personnes directement affectées, d'une façon ou d'une autre, plus ou moins gravement par l'évolution de l'emploi ".
Ce sont 15% des ménages qui ont été touchés par le chômage, en 1998, contre 10% seulement en 1982. Avec le chômage, la consommation des ménages ouvriers a baissé en moyenne de 26%. S'agissant de familles ouvrières, ce ne peut être une baisse de la consommation d'articles de luxe, mais des privations supplémentaires, concernant les besoins de base, alimentation, logement, santé.
Cela relève de l'évidence, mais les chiffres peuvent parfois masquer la réalité : quand un membre de la famille perd ou ne trouve pas d'emploi, ce sont les revenus de toute la famille qui sont amputés. Cet aspect n'est pas pris en compte dans les statistiques, mais c'est la réalité vécue.
Les conséquences de ce chômage sont par ailleurs étudiées sur le plan psychologique, et peuvent être aussi funestes que sur le plan matériel. " L'exclusion du marché du travail s'accompagne pour les chômeurs d'une tendance au retrait ou à l'isolement vis-à-vis de la famille, mais aussi de leurs amis ou de leurs voisins ", signale l'étude. " Plus on possède un emploi instable ou plus la période de chômage est longue, plus le risque de se séparer est fort ", y lit-on.
Les auteurs du rapport soulignent les conséquences désastreuses de toutes les réformes d'accès à l'assurance-chômage qui, combinées avec l'aggravation du chômage de longue durée et du chômage des jeunes, expliquent la montée de la pauvreté.
On comprend que, même si bon nombre de ces aspects tombent sous le sens, le fait qu'un rapport officiel les souligne met à mal l'autosatisfaction gouvernementale dans ce domaine.