Après les élections régionales30/06/20212021Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/2021/06/217.jpg.484x700_q85_box-0%2C0%2C1383%2C2000_crop_detail.jpg

Après les élections régionales

Nous publions ci-dessous : - l’éditorial des bulletins d’entreprise, paru le 21 juin, au lendemain du premier tour des élections régionales ; - les résultats de Lutte ouvrière - l’éditorial des bulletins d’entreprise, paru le 28 juin, au lendemain du second tour. Les lecteurs de Lutte de classe trouveront : - sur le site Internet de Lutte ouvrière, nos résultats complets, département par département ; - un certain nombre de commentaires sur ces résultats, dans notre hebdomadaire Lutte ouvrière. 22 juin 2021

Editorial des bulletins d'entreprises du 21 juin

Lutte ouvrière, un courant bien vivant dans l’électorat ouvrier

 

L’abstention record dans les élections régionales et départementales exprime le désintérêt  profond, voire le dégoût croissant de l’électorat populaire pour ces compétitions destinées à désigner les coteries politiques qui auront à gérer les affaires de la bourgeoisie dans les différentes institutions.

Cette course à l’échalote pour des places et des positions est d’autant plus dérisoire qu’après plusieurs mois d’une pandémie qui a pesé avant tout sur les classes populaires, les travailleurs sont de plus en plus confrontés à l’offensive brutale de la classe capitaliste : licenciements, fermetures d’entreprises, baisse des salaires et des allocations chômage, aggravation des conditions de travail. Pendant que la grande bourgeoisie s’enrichit au travers de l’exploitation comme rarement dans le passé, que des actionnaires amassent des fortunes autant grâce aux cadeaux de l’État que grâce à la spéculation, ceux qui ont continué à faire marcher la société même pendant la pandémie sont poussés vers la misère.

Pour les politiciens de la bourgeoisie, les fausses promesses ou les slogans démagogiques tiennent lieu de programme. Ce n’est certainement pas cela qui donnera aux exploités les moyens de résister au désastre qui s’annonce. Une explosion de colère du monde du travail, méprisé, exploité, opprimé, est inévitable et indispensable.

Encore faut-il que la colère ouvrière de demain ne soit détournée ni par les ennemis ouverts des travailleurs, ni par leurs faux amis ! Il faut qu’elle soit orientée, au-delà des marionnettes interchangeables de la caste politique bourgeoise, contre ceux qui détiennent le véritable pouvoir : les détenteurs des capitaux, les propriétaires des usines et des banques.

C’est à la classe privilégiée, sans utilité pour la société et pourtant riche, qu’il faudra arracher de quoi financer le maintien de tous les emplois par la répartition du travail entre tous sans diminution des salaires. C’est sur les revenus du grand capital, sur les dividendes des actionnaires, sur l’argent dilapidé en spéculation financière qu’il faut prendre pour augmenter les salaires, les retraites et les allocations et les indexer sur les hausses de prix pour protéger le pouvoir d’achat.

C’est au nom de ce programme que se sont présentées les listes Lutte ouvrière dans ces élections régionales. L’ensemble de ces listes a rassemblé près de 320 000 voix. À une centaine de voix près, c’est le même nombre de voix qu’aux précédentes élections régionales de décembre 2015 et c’est presque deux fois plus de voix qu’aux élections européennes de 2019.

Compte tenu de l’abstention générale très importante qui marque ce scrutin et qui est encore plus importante dans les villes et quartiers ouvriers, la stabilité de ce résultat est remarquable. Alors que la plupart des listes de tous les partis, du Rassemblement national aux partis de la gauche de gouvernement, ont vu leur nombre de voix chuter entre ces deux élections, celui du courant communiste révolutionnaire s’est maintenu. Et cela se traduit par une progression en pourcentage, de 1,5 % à 2,23 %.

Pour modestes que soient les scores électoraux des listes « Lutte ouvrière – faire entendre le camp des travailleurs », leur progression est un gage pour l’avenir. Ils témoignent de la permanence dans le monde du travail d’un courant politique qui affiche comme objectif le renversement du pouvoir de la grande bourgeoisie. La direction de la société doit appartenir à ceux qui, par leur travail, la font vivre et fonctionner. C’est avec cet objectif que les militants de Lutte ouvrière seront présents dans les luttes de demain et s’efforceront d’y jouer leur rôle.

Le premier tour étant passé, le seul où le « camp des travailleurs » a pu s’exprimer, le deuxième tour n’a ni enjeu, ni intérêt pour les travailleurs et les classes populaires. Lutte ouvrière ne cautionnera pas la supercherie consistant à présenter aux travailleurs des hommes politiques qui sont souvent aussi réactionnaires, aussi anti-ouvriers que ceux d’extrême droite, comme un rempart contre la menace du RN au pouvoir.

Il n’est pas question pour Lutte ouvrière de soutenir quelque variante que ce soit du Front républicain. Cette république est celle de la bourgeoisie. Elle ne réserve, à ceux qui n’ont que leur travail pour vivre, qu’un avenir d’exploitation et de mépris de la part des riches parasites. Les travailleurs auront à combattre la classe capitaliste pour l’empêcher de conduire la société vers la catastrophe.

Les résultats de Lutte ouvrière

Les résultats aux élections régionales de 2015 et 2021

  

2021

2015

Région

Tête de liste

Exprimés

Voix LO

% LO

Exprimés

Voix LO

% LO

Auvergne-Rhône-Alpes

Chantal Gomez

1 713 273

26 866

1,57%

2 507 726

31 357

1,25%

Bourgogne-Franche-Comté

Claire Rocher

653 941

17 828

2,73%

959 741

14 513

1,51%

Bretagne

Valérie Hamon

851 259

19 207

2,26%

1 202 266

16 445

1,37%

Centre-Val de Loire

Farida Megdoud

568 778

14 556

2,56%

859 939

14 612

1,70%

Grand Est

Louise Fève

1 078 371

28 090

2,60%

1 777 824

26 395

1,48%

Hauts-de-France

Eric Pecqueur

1 330 518

47 331

3,56%

2 236 723

39 039

1,75%

Île-de-France

Nathalie Arthaud

2 177 772

33 666

1,55%

3 153 295

44 172

1,40%

La Réunion

Jean Yves Payet

230 919

2 627

1,14%

265 794

1263

0,48%

Normandie

Pascal Le Manach

754 886

23 732

3,14%

1 144 396

20 975

1,83%

Nouvelle-Aquitaine

Guillaume Perchet

1 491 556

25 996

1,74%

2 068 754

29 197

1,41%

Occitanie

Malena Adrada

1 509 153

26 720

1,77%

2 053 498

37 181

1,81%

Pays de la Loire

Eddy Le Beller

813 317

21 404

2,63%

1 269 153

18 627

1,47%

Provence-Alpes-Côte d’Azur

Isabelle Bonnet

1 156 026

31 886

2,76%

1 774 801

26278

1,48%

Total

14 329 769

319 909

2,23%

21 273 910

320 054

1,50%


Les résultats de Lutte ouvrière dans les élections nationales depuis 2015

 

 

 

Nombre de voix

Pourcentage des suffrages exprimés

2015

Régionales

 

320 054  

1,50%

2017

Présidentielle

Nathalie Arthaud

232 384  

0,64%

Législatives

553 circonscriptions

  59 470  

0,72%

2019

Européennes

 

169 627  

0,77%

2021

Régionales

 

319 903  

2,23%

 

Guadeloupe et Martinique : les résultats de Combat ouvrier

Combat ouvrier, organisation trotskyste antillaise membre de l’UCI, se présentait aux élections du 20 juin, régionales et départementales en Guadeloupe, territoriales en Martinique.

Sur fond d’une abstention massive (proche de 70 %) dans les deux îles, ses résultats sont les suivants :

- Martinique : 0,59 % des votants (565 voix),

- Guadeloupe : 2,67 % des votants (2 443 voix) à l’élection régionale, et 8,05 % des votants (400 voix) à l’élection départementale de Capesterre-Belle-Eau.

 

Editorial des bulletins d'entreprise du 28 juin

Notre avenir ne se joue pas dans les urnes, mais dans les luttes !

Avec près de 66 % d’abstention, et bien plus encore dans les quartiers populaires, le désintérêt des travailleurs pour les Régionales s’est confirmé au second tour. Mais cela n’empêche pas le cirque politicien de continuer. Et moins il y a d’électeurs, plus les politiciens leur font dire n’importe quoi !

Avec ses présidents de région reconduits, la droite crie victoire, tout comme le Parti socialiste qui utilise la réélection de ses sortants pour expliquer, avec 34 % de participation, que le clivage gauche-droite est de retour et pour briguer le leadership à gauche. Heureusement que le ridicule ne tue pas !

Sans pouvoir se targuer d’aucune victoire, les prétendants à la présidentielle d’EELV se poussent du col en expliquant que l’écologie s’est imposée dans tous les programmes. Et c’est tout juste si La France insoumise ne voit pas dans l’abstention massive un plébiscite pour sa sixième république.  Ils prennent tous leurs désirs pour des réalités ! Quant aux grands perdants que sont LREM et le Rassemblement national de Le Pen, ils préfèrent parler des sondages pour la présidentielle.  

Tant que le monde du travail ne fait pas entendre ses intérêts sans ambiguïté, en intervenant directement dans les manifestations, les grèves et les occupations d’usine, la politique se résumera à cet entre-soi politicien, à des années-lumière des préoccupations quotidiennes. Et on aura droit à ce genre de mascarade électorale, avec des partis qui nous jouent du pipeau sur la sécurité, quand tout le monde sait qu’elle ne fait pas partie des compétences régionales, et avec des candidats qui, comme Bertrand, Pécresse et Wauquiez, jurent leur amour et leur dévouement pour leur région, quand ils lorgnent sur la présidence de la République.   

Dans ces Régionales, les serviteurs patronaux ont encore fait la démonstration qu’ils se moquent éperdument des besoins vitaux de la population.

Pourquoi les ouvriers de la fonderie MBF qui vient d’être liquidée à Saint-Claude dans le Jura et qui vont se retrouver sur le carreau auraient-ils choisi entre des politiciens de la bourgeoisie tous à genoux devant le grand patronat ? Pourquoi les territoriaux menacés de perdre des jours de congés iraient-ils voter pour ceux-là même qui les attaquent ?  Nous sortons d’une pandémie qui a fait plus de 110 000 morts et laisse des millions de familles dans l’angoisse du lendemain, et nous devrions faire comme s’il ne se passait rien ?

Tous ceux qui ont été encensés par Macron lors des confinements, le personnel hospitalier, les aides à domicile, les éboueurs, les caissières ou encore les ouvriers de l’agroalimentaire, continuent d’être sous-payés, surexploités et méprisés. Pourquoi se seraient-ils déplacés pour élire des politiciens qui n’ont même pas eu un mot pour eux ?

Tout ce qu’il y a à souhaiter, c’est que l’indifférence, le rejet et l’écœurement du monde du travail face aux politiciens bourgeois se transforment en colère. Il y a à œuvrer pour que le dégoût des exploités se transforme en combativité.

Aucun sauveur suprême ne surgira des urnes pour assurer les conditions d’existence des travailleurs, à commencer par avoir un emploi et un salaire dignes. Ces deux exigences vitales devront être arrachées au grand patronat. Et pour cela, il faudra une lutte massive et déterminée rassemblant l’ensemble du monde du travail.

Nous avons tous besoin de gagner notre vie. Alors, contre le chômage, il faut nous battre contre les suppressions d’emplois et les fermetures de sites en défendant la répartition du travail entre tous avec maintien intégral des salaires. Contre la diminution du pouvoir d’achat, il faut revendiquer l’augmentation des salaires de base, des pensions et des allocations et leur indexation sur les prix.

En plus des attaques patronales, Macron s’en prend aux chômeurs en baissant leurs allocations et il ne cache pas sa volonté de reculer l’âge de la retraite à 64 ans à brève échéance. Alors, il va falloir que le monde du travail trouve la force de se défendre. Ce n’est qu’en se faisant craindre par nos mobilisations que nous forcerons grand patronat et gouvernement à prendre sur les revenus du grand capital, sur les dividendes des actionnaires, sur l’argent dilapidé en spéculation financière.

L’explosion sociale n’entre pas dans les plans des politiciens bourgeois. Elle doit être la perspective de tous ceux qui ne se résignent pas à la situation et qui ne supportent plus la démagogie politicienne. Et elle devra être orientée non pas contre les laquais politiques mais contre ceux qui détiennent le véritable pouvoir : les détenteurs des capitaux, les propriétaires des usines et des banques.

C’est à la classe privilégiée, sans utilité pour la société et pourtant riche, qu’il faudra demander des comptes !

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