Élections européennes 2019 : Macron et Le Pen en duo

Commentant le résultat des élections européennes, le journal Le Figaro affirme à juste raison, sous le titre « Comme une réplique du séisme de 2017 » : « Emmanuel Macron peut dire merci à Marine Le Pen et Marine Le Pen peut dire merci à Emmanuel Macron. Ils se sont servis mutuellement l’un de l’autre pour asseoir et consolider leur face-à-face. »

Et de fait, avec le quasi-­effondrement des Républicains, le maintien du Parti socialiste à un niveau électoral très bas et l’incapacité de La France insoumise à se substituer à feu le PS comme parti leader de la gauche, une nouvelle alternance est en train de s’imposer et de remplacer celle qui opposait la gauche à la droite.

Les européennes de 2019 confirment la recomposition politique engagée en 2017, lors de la présidentielle. Cette recomposition consiste à remplacer la séquence usée par un demi-siècle de bons et loyaux services, entre la gauche et la droite, pour le compte des possédants. Il s’agit d’en installer une autre, censée opposer les « progressistes » à ceux qu’ils dénoncent comme populistes ou nationalistes ; autrement dit, opposer ceux qui se proclament « ni de gauche ni de droite » à l’extrême droite. La comédie électorale reste la même, les acteurs ayant simplement changé de costume.

Journalistes et commentateurs analysent la composition de la future Assemblée et font des hypothèses sur la répartition des postes dans les institutions européennes. La présidence de la Commission et celle du Parlement, telle ou telle place de commissaire, ne se règleront pas au Parlement, mais dans des marchandages entre les chefs d’État et de gouvernement des différents États-membres. C’est d’ailleurs le cas de toutes les décisions politiques importantes à l’échelle de l’Union européenne.

Le Parlement européen n’est là que pour contresigner les décisions prises entre États, non pas d’une manière démocratique, même du point de vue de la bourgeoisie, mais en fonction de la loi de la jungle. Les plus forts cherchent à imposer leurs volontés aux plus faibles. Aussi, ce qui préoccupe les partis de la bourgeoisie n’est pas, contrairement à ce qu’affirmaient leurs dirigeants respectifs, de peser sur les décisions des institutions européennes, et certainement pas par l’intermédiaire d’un Parlement qui n’a pratiquement aucun pouvoir.

Du point de vue de ces partis, le nombre de postes que leur assure le Parlement européen, s’il n’est pas négligeable, reste insignifiant en comparaison avec ce qu’ils trouvent dans le cadre des institutions parlementaires de leurs États respectifs. Les élections européennes ont servi à mesurer les rapports de force entre les différents partis avec, en France, les yeux fixés sur les municipales de mars 2020.

La présidence de la République, l’Assemblée nationale et le Sénat ne représentent que la partie émergée de l’iceberg du système parlementaire de la bourgeoisie. Les sommets visibles reposent sur un ensemble d’institutions aux niveaux régional, départemental et municipal.

Il y a un monde entre, d’une part, le niveau départemental ou régional et, d’autre part, la municipalité d’un village, avec son maire et ses conseillers municipaux plus ou moins liés à la population et qui, du fait de leur proximité, sont un peu plus sous le regard de leurs administrés que les notables des régions ou les maires des grandes villes. Mais c’est l’ensemble de ces institutions qui assurent un maillage du pays. Et c’est un maillage qui fournit influences et subsides aux grands partis de la bourgeoisie.

L’élection de Macron, en 2017, a été le début du chambardement pour les partis de gouvernement de cette alternance gauche-droite qui a été pendant des dizaines d’années l’expression, en tout cas ici en France, de la démocratie parlementaire bourgeoise.

Les élections européennes confirment le déclin des principaux partis de l’alternance, la droite parlementaire d’un côté et le Parti socialiste de l’autre. Mais la recomposition politique n’est pas encore achevée. Elle a besoin d’être consolidée par la recomposition au niveau des municipalités, socle du système institutionnel.

La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, vient de formuler la crainte que la débandade de son parti, Les Républicains, se poursuive lors des municipales. Et c’est déjà ce qui se produit avant même que ces municipales aient lieu. Un nombre croissant de maires Les Républicains voudraient éviter de se réclamer de cette étiquette qui risque de leur porter la poisse. Se revendiquer de Macron ou, pour certains d’entre eux, du Rassemblement national (RN), leur paraît augmenter leurs chances d’être réélus.

Pécresse se pose, certes, en direction de rechange à la place de Wauquiez, et ses critiques sont intéressées. Mais elle résume une préoccupation qui est aussi celle du PS, l’autre grand parti de l’alternance.

Tant que ces deux partis de gouvernement gardent leur base municipale, ils peuvent espérer refaire surface dans les élections nationales. Et, en attendant des temps meilleurs, ils peuvent préserver une certaine influence et les ressources financières qui vont avec.

Mais comment s’en assurer ? Voilà ce qui est à la base de tous leurs discours, de leur recherche de positionnement. Un peu plus de promesses écologiques ? Un peu plus de xénophobie ou de fermeté anti-immigrés ? Un peu plus, ou un peu moins, de discours protectionniste ? Un peu plus d’évocation de l’identité nationale ou religieuse ?

Dans une période où les références conventionnelles de la vie politique sont brouillées, à quoi, à qui se référer pour assurer son plan de carrière ? Ce n’est pas qu’une question de rémunération. À partir d’un certain seuil, en fonction de la population de la ville, de ses ressources, des achats de ses services, du nombre de ses agents, etc. un notable dispose d’un poids social, d’une influence, qu’il peut mettre à la disposition de la bourgeoisie locale. Mais comment s’assurer de telles positions ? Il n’est pas facile de trouver quelle démagogie sera électoralement payante.

La seule certitude en cette période marquée par la crise, par l’instabilité qu’elle entraîne, est l’évolution réactionnaire. Elle ne se manifeste pas tant par l’augmentation de l’électorat d’extrême droite – il reste limité par rapport aux européennes de 2014 et au premier tour de la présidentielle de 2017 – que par la reprise par les grands partis, macroniste compris, d’une multitude de saletés réactionnaires dont le RN n’a plus le monopole.

L’évolution vers une sorte de bipartisme, à la manière de ce qui caractérise la démocratie bourgeoise aux États-Unis, était dans l’air du temps. Et elle l’était bien avant que Macron saisisse l’occasion pour devenir président de la République, en essayant de capitaliser à son profit personnel l’usure des partis de l’ancienne alternance.

Laissons les commentateurs spéculer sur le caractère durable ou non de cette nouvelle alternance. Même si les grands partis de gauche de l’ancienne alternance ont été parfaitement intégrés dans les institutions et si le PS a montré depuis très longtemps que la bourgeoisie pouvait lui faire confiance pour gérer ses affaires publiques, en collaboration avec le PCF ou pas, ces deux partis étaient liés au mouvement ouvrier, ne serait-ce que par leur origine lointaine.

Ce n’est pas le cas, ni de près ni de loin, des partis qui dominent la nouvelle alternance. Pas plus des macronistes que de l’extrême droite ou des écologistes.

La participation un peu plus élevée en 2019 qu’en 2014 est le fait de l’électorat petit-bourgeois. Ce n’est pas pour rien que ce que tous les commentateurs considèrent comme la principale surprise des résultats est le score des écologistes. Cette mobilisation plus forte n’est certainement pas le fait des quartiers ouvriers.

Le succès des écologistes, à 13,5 % des voix, reflète en partie une plus forte mobilisation dans les milieux petits-bourgeois. Les préoccupations autour des problèmes d’environnement ont donné à EELV le terrain sur lequel se positionner. Si une partie de l’électorat petit-bourgeois, les jeunes en particulier, a voté pour eux, c’est pour certains par préoccupation écologique. Pour d’autres, ce vote incarne le même choix ou, plus exactement, le même refus de choix entre la gauche et la droite – sur lequel Macron avait basé la stratégie qui l’a porté au pouvoir –, mais en y ajoutant l’aspect du vote contre Macron.

Le parlementarisme, feuille de vigne de la domination de la bourgeoisie

La bourgeoisie des grandes puissances impérialistes a trouvé avec le parlementarisme un système qui dissimule sa mainmise sur la société. Elle donne à la population l’illusion que c’est d’elle et de ses votes que dépend la vie sociale, alors qu’en réalité elle est soumise à la dictature impitoyable du grand capital. Mais cette illusion ne fonctionne que tant qu’elle est crédible. C’est de moins en moins le cas.

La forme de domination dite démocratique de la bourgeoisie est le résultat d’une évolution historique dans laquelle le mouvement ouvrier a joué un rôle majeur. Aux origines de la démocratie parlementaire, c’est sous la pression du prolétariat que la bourgeoisie a fini par abandonner le suffrage censitaire. Le combat contre cette forme de représentation limitée aux seuls possédants a été un des aspects essentiels de l’éveil politique du prolétariat britannique, dont le mouvement chartiste. Il aura fallu plusieurs décennies pour que le suffrage universel se répande dans les pays bourgeois les plus développés. Et encore ! En France, le suffrage n’est devenu plus ou moins universel, en incluant les femmes, qu’en 1945, c’est-à-dire un siècle après le chartisme !

Et la démocratie parlementaire reste réservée aux pays impérialistes où la bourgeoisie est assez riche pour se l’offrir grâce au pillage des pays dominés et à l’exploitation de leur classe ouvrière.

Car le parlementarisme coûte. Il faut en financer les institutions et se payer une caste de politiciens rétribués. Et, plus largement, il faut financer tous ces corps intermédiaires dont le rôle est d’assurer une certaine stabilité sociale, en tentant d’atténuer certaines des conséquences de la lutte de classe, en essayant de désamorcer les affrontements par des négociations.

Au fil du temps, les appareils syndicaux, de plus en plus intégrés dans l’appareil d’État par l’impérialisme, pour reprendre l’expression de Trotsky, sont devenus un des piliers des démocraties impérialistes, un puissant moyen pour peser sur la classe ouvrière, pour la ligoter, l’intégrer dans le système institutionnel de la bourgeoisie.

Les appareils syndicaux et l’électoralisme sont les deux piliers de la démocratie impérialiste.

Mais ces multiples moyens pour canaliser le mouvement ouvrier, pour l’intégrer dans le système et pour faire des partis et des syndicats des piliers de la stabilité, coûtent de l’argent. Et la bourgeoisie sur le déclin en a de moins en moins ou, plus exactement, elle s’efforce de plus en plus de réduire le coût de fonctionnement de sa démocratie.

Une multitude de réactions et d’attitudes de Macron vis-à-vis des syndicats, comme vis-à-vis des collectivités locales, se situent dans cette évolution générale. Là encore, tout cela n’est pas dû à l’homme qui est au pouvoir comme pour les autres avant lui : il est l’exécutant des intérêts de la bourgeoisie.

Et, pour ne parler que de cet aspect des choses, la préoccupation des états-majors des partis politiques de la bourgeoisie a pour fondement les difficultés croissantes des municipalités et des pouvoirs locaux. La rivalité des partis autour de la mangeoire devient d’autant plus violente que la mangeoire rétrécit.

Toutes ces bagarres ne concernent encore pour l’essentiel que la caste politique et les appareils syndicaux. Si, derrière la crise des institutions de la bourgeoisie, il y a la crise du système capitaliste, ce n’est pas encore la crise de la bourgeoisie. Cette crise touche son personnel politique. C’est à ce personnel de la gérer.

L’abstention des classes populaires

La majorité de l’électorat populaire ne s’est pas sentie concernée par ces élections européennes.

Les réjouissances bruyantes du RN d’être arrivé en tête, celles de la majorité macroniste d’avoir limité les dégâts, celles des écologistes de pouvoir jouer dans la cour des grands, masquent la réalité plus qu’elles ne l’éclairent.

Certes, l’abstention a été une des plus faibles depuis que le Parlement européen est élu au suffrage universel, avec un taux de participation de 50 %, contre 42 % en 2014. Mais cette progression n’est pas due aux classes populaires. Derrière une évolution globale, il y a des différences considérables entre les quartiers bourgeois ou petits-bourgeois et les quartiers ouvriers. Par exemple, dans le Rhône, dans les villes populaires de Saint-Fons et Vaulx-en-Velin, l’abstention a atteint respectivement 71,91 % et 73,28 %. En Seine-Saint-Denis, à Clichy-sous-Bois et Bobigny, l’abstention a atteint respectivement 75,88 % et 70,42 %, quand elle a été de 52,41 % à Pantin, socialement plus mélangé. Elle a été encore moindre à Levallois-Perret (43,90 %) ou à Neuilly-sur-Seine (37,47 %), communes cossues des Hauts-de-Seine.

Les sondeurs et politologues de l’IFOP notent qu’une des plus fortes démobilisations a lieu parmi l’électorat de la gauche, y compris ce qu’ils appellent la gauche radicale (60 % parmi les Insoumis), plus que chez les électeurs du centre et de la droite. Et, surtout, ils soulignent que la principale motivation avancée par les abstentionnistes pour expliquer leur non-participation au scrutin « n’est plus le désintérêt pour les élections européennes, comme en 2014, mais le sentiment que ces élections ne changeront rien à leur situation ». Et le pourcentage de ceux qui ne veulent plus participer à la comédie électorale est plus fort encore si on tient compte de ceux qui ne se donnent même pas la peine de s’inscrire sur les listes électorales (29 200 inscrits sur 65 000 habitants à Vénissieux). Sans même parler de ceux qui, travailleurs étrangers, même s’ils vivent et sont exploités en France, n’ont de toute façon pas le droit de vote.

Le fait que le duel final se déroule entre la liste patronnée par Macron et celle de Le Pen est la concrétisation poussée à l’extrême de toute une évolution. L’électorat populaire a été convié à départager la millionnaire Le Pen et un représentant caricatural de la morgue bourgeoise envers les travailleurs. Pour un certain nombre d’électeurs des classes populaires, voter pour l’une signifiait surtout voter contre l’autre.

Reconstruire la gauche… ou le mouvement ouvrier révolutionnaire ?

Au lendemain de la publication des résultats, L’Humanité titrait : « Quelle gauche après ça ? », citant la tête de liste PCF Ian Brossat : « La gauche doit s’assumer fièrement et se rassembler ».

Mais assumer quoi ? Et être fière de quoi ?

La direction du PCF est en effet bien obligée d’assumer le fait qu’après avoir représenté plus de 20 % de l’électorat, il se retrouve à 2,49 % des voix.

Mais, à part le constat de cette débâcle, assumer quoi ?

Assumer les années de caution que le parti, qui affiche encore l’étiquette communiste dans son nom, a apportée à des gouvernements qui ont mené sous Mitterrand puis sous Jospin la politique de la grande bourgeoisie et du patronat contre la classe ouvrière ?

Assumer l’électoralisme qui a employé les militants et les sympathisants du PC à convaincre les travailleurs qu’au-delà des élections il n’y avait point de salut pour les travailleurs et qui a permis à un Mitterrand, à un Jospin, de devenir les chefs de file de ce « conseil d’administration de la bourgeoisie » qu’est le gouvernement ?

Assumer cette politique d’Union de la gauche qui a mené le PC à se sacrifier au profit du PS, lequel a sombré à son tour dans la déchéance, sous Hollande d’abord puis sous un de ses ex-ministres, Macron ?

L’expression de Brossat tire de tous ces échecs une seule leçon, une seule perspective qui est : « se rassembler ». En clair, n’avoir rien d’autre à proposer à ses propres militants que de recommencer. À en juger par le regard appuyé lancé vers les écologistes, qui ont obtenu des résultats si enviables aux européennes, la direction du PCF est disposée à les prendre comme composante dominante de cette « gauche rassemblée » qu’elle appelle de ses vœux, alors même qu’un Jadot tient à affirmer qu’il n’est ni de droite ni de gauche !

L’aventure de Mélenchon complète les leçons parallèles du PS et du PC. Mélenchon, avec La France insoumise, a choisi pour recomposer la gauche autour de sa personne une trajectoire qui, déjà, s’éloignait de toute référence au mouvement ouvrier. Il ne tenait même pas à apparaître comme opposé à l’économie de marché, au capitalisme. Sa tentative électorale a échoué : la liste présentée par LFI n’a recueilli que le tiers des voix qui s’étaient portées sur Mélenchon à la présidentielle.

La gauche, tant qu’elle avait un certain crédit parmi les travailleurs, a enchaîné le mouvement ouvrier au système institutionnel de la bourgeoisie. Cet instrument s’est brisé en remplissant cette tâche, et tous ceux qui veulent le réparer trompent les travailleurs, alors que la société est poussée vers le précipice.

S’opposer à l’extrême droite, avec toutes les saletés réactionnaires et antiouvrières qu’elle charrie, ne pourra pas se faire en ressuscitant le cadavre des vieux partis. Ce qu’il est vital de reconstituer, c’est le mouvement ouvrier, pour qu’il reprenne le drapeau du combat contre la dictature de la bourgeoisie sur la société.

Alors que les partis de la gauche sont en pleine déconfiture, le mouvement ouvrier n’a pas disparu. Il y a encore des milliers de militants dans les entreprises qui se consacrent tant bien que mal à défendre, à défaut des intérêts politiques, au moins les intérêts matériels de leurs camarades de travail. Ce sont ces militants qui assurent l’activité syndicale dans les entreprises. Ce sont eux qui peuplent les manifestations.

Mais le mouvement ouvrier organisé, gravement affaibli par la politique de la gauche lorsque ses partis étaient au gouvernement, et qui se retrouve aujourd’hui sans perspective autre que de recommencer, ne pourra retrouver ses forces que sur la base des idées de la lutte de classe.

Tout un passé récent, marqué par l’électoralisme, par le réformisme, a pesé sur ces militants, au point de leur faire oublier jusqu’aux valeurs de base du mouvement ouvrier. À commencer par la conscience de classe elle-même et par l’internationalisme.

C’est dans ce domaine que l’activité des militants communistes révolutionnaires est essentielle, dans cette période de recul, pour transmettre l’héritage du courant révolutionnaire du mouvement ouvrier. La renaissance du mouvement ouvrier est inséparable de la nécessaire émergence d’un parti communiste révolutionnaire.

Les résultats de Lutte ouvrière, soit 176 434 voix (voir ci-dessous), pour modestes qu’ils soient, confirment la présence d’un courant politique qui maintient la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier, l’internationalisme face à la montée des nationalismes, le drapeau rouge face au drapeau tricolore de la bourgeoisie. Renforcer ce courant, lui donner la force d’intervenir dans la lutte de classe que les travailleurs ont à mener contre la grande bourgeoisie, est la tâche essentielle en cette période de crise économique et d’offensive de la classe capitaliste. C’est de cet effort que pourra surgir le parti ouvrier révolutionnaire représentant les intérêts matériels et politiques des exploités.

Même si le mouvement ouvrier retrouve de la vigueur, le courant communiste révolutionnaire restera minoritaire au sein de la classe ouvrière, comme il l’a toujours été dans le passé hors des périodes révolutionnaires.

L’histoire du mouvement ouvrier est traversée par des affrontements, parfois violents, entre sa composante communiste révolutionnaire et sa composante réformiste, voire complètement intégrée dans la société bourgeoise.

Tant qu’elle dominera la société, la bourgeoisie exercera une pression dissolvante sur le mouvement ouvrier. Seules les périodes où de larges masses entrent en lutte et où elles sont instruites par les nécessités de leur combat peuvent les amener à une prise de conscience révolutionnaire et à mettre en cause radicalement la domination de la bourgeoisie sur la société.

Ces moments sont rares dans l’histoire, mais ce sont ceux où la société se débarrasse de ses structures devenues anachroniques, pour créer la société nouvelle correspondant aux exigences du développement de l’humanité.

La différence fondamentale entre les marxistes et tous les courants plus ou moins réformistes, y compris ceux que les conséquences néfastes du réformisme mettent mal à l’aise, est que, même dans des périodes de recul, les marxistes gardent confiance en la classe ouvrière. Cette confiance n’est pas fondée sur la combativité temporaire, voire sur le degré de conscience momentané de la classe ouvrière, mais sur l’analyse de la société capitaliste et de ses contradictions. C’est ce que Marx et Engels formulaient en 1848 dans Le Manifeste communiste par : « Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables. »

L’opposition au capitalisme sera secrétée en permanence par le capitalisme lui-même, par l’avidité de la grande bourgeoisie et par son incapacité à répondre à quelque problème sérieux que ce soit qui se pose à l’humanité.

L’organisation capitaliste de la société ne peut fonctionner qu’en maintenant dans l’exploitation et l’oppression une partie de la société, le prolétariat. Aussi féroce que puisse être la dictature de la grande bourgeoisie, elle fera tôt ou tard surgir la révolte, précisément à cause de cette férocité.

C’est dans cette révolte que la minorité de travailleurs conscients peut devenir la majorité et amener les masses ouvrières à prendre et à exercer le pouvoir pour transformer la société, en mettant fin à la domination du grand capital par l’expropriation de la grande bourgeoisie.

29 mai 2019

Annexe : Les résultats de Lutte ouvrière

Aux élections européennes des 25 et 26 mai 2019, Lutte ouvrière obtient 176 434 voix, soit 0,78 % des suffrages exprimés. Lors du scrutin européen de mai 2014, les listes présentées par Lutte ouvrière et Combat ouvrier avaient totalisé 222 491 voix, soit 1,17 % des suffrages ; à l’élection présidentielle d’avril 2017, sur la base d’une participation électorale nettement supérieure, Nathalie Arthaud avait obtenu 232 466 voix (0,64 %). Aux élections législatives de juin 2017, les candidats présents dans 550 circonscriptions avaient recueilli 159 470 voix (0,72 %).

D’élection en élection, notre courant, quoique très minoritaire, maintient donc une présence qui permet à un certain nombre de travailleurs d’exprimer leur point de vue de classe. C’est dans des villes ouvrières et des quartiers populaires que les résultats de notre liste sont les plus significatifs, comme à Aubervilliers (1,71 %) en Seine-Saint-Denis, ou Oissel (1,99 %) en Seine-Maritime.

Signalons qu’en Martinique, où milite notre camarade Ghislaine Joachim-Arnaud, porte-parole de Combat ouvrier et troisième sur notre liste, nous obtenons 2164 voix, soit 6,64 % des suffrages exprimés. À la Guadeloupe, où Jean-Marie Nomertin, également porte-parole de Combat ouvrier, était aussi candidat sur la liste de Lutte ouvrière, nous obtenons 1714 voix, soit 4,48 %.

Enfin, nous reproduisons ci-dessous les résultats d’ensemble des élections européennes de 2009 et 2014.

Les résultats des élections européennes en 2014 et 2019

Européennes 2014

Inscrits

% Abst

Votants

Exprimés

% / inscrits

 

46 544 712

57,57%

19 747 893

18 955 761

40,73%

 

 

Nombre de voix

%

Lutte ouvrière

222 491

1,17

Autres extrême-gauche

79 945

0,42

Front de Gauche

1 200 713

6,33

Parti socialiste

2 650 357

13,98

Divers gauche

602 294

3,18

Europe-Écologie-Les Verts

1 696 442

8,95

Divers

827 526

4,37

Union du Centre

1 884 565

9,94

UMP

3 943 819

20,81

Divers droite

1 133 811

5,98

Front National

4 712 461

24,86

Autre Extrême-droite

1 337

0,01

 

Européennes 2019

Inscrits

% Abst

Votants

Exprimés

% / inscrits

 

47 344 735

49,88

23 731 252

22 654 224

47,85

 

 

Nombre de voix

%

Lutte ouvrière

176 434

0,78

Parti communiste

564 717

2,49

La France insoumise

1 428 386

6,31

Parti socialiste et Place publique

1 401 978

6,19

Liste Benoît Hamon

741 212

3,27

Europe-Écologie-Les Verts

3 052 406

13,47

Autres écologistes

411 793

1,82

La République en marche

5 076 363

22,41

Les Républicains

1 920 530

8,48

UDI

566 746

2,5

UPR

265 957

1,17

Debout la France

794 953

3,51

Rassemblement national

5 281 576

23,31

Autre Extrême-droite

157 169

0,69

Parti animaliste

490 570

2,17

Alliance jaune

122 573

0,54

Autres Listes

200 861

0,89