Allemagne : l’extrême droite xénophobe bat le pavé

L’actualité récente allemande a été marquée par l’offensive de l’extrême droite. Celle-ci a pris prétexte de la mort d’un homme au cours d’une bagarre pour organiser des manifestations à Chemnitz, faisant affluer vers cette ville de l’Est tout ce que le pays compte d’activistes de l’extrême droite violente. En marge des manifestations (qui ont culminé à 6 000 manifestants), certains se sont livrés à des chasses à l’homme, ils ont agressé des migrants, et parfois des militants de gauche, des journalistes, un restaurateur juif. Une Allemande de 15 ans et son petit ami afghan de 18 ans ont par exemple été roués de coups. Le 10 septembre, l’extrême droite s’est saisie d’un fait divers semblable pour renouveler l’opération à Köthen, en Saxe-Anhalt.

Il existe de longue date en Allemagne une frange d’extrême droite violente, certains se réclamant du nazisme, mais ils étaient jusque-là isolés, marginaux. Cette fois, l’ambiance politique est assez dégradée, la réaction a suffisamment gagné de terrain pour qu’ils osent hurler leurs slogans nazis et se livrer à des attaques aux yeux de tous.

C’est la première fois que l’ensemble de la mouvance d’extrême droite manifeste en commun : différents groupes néonazis, hooligans, Pegida et l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), parti qui glisse toujours plus vers l’abject mais jusque-là tentait de se démarquer de ces mouvements et restait sur un terrain électoral.

Le tout a lieu avec la complaisance d’une partie de la police (des policiers de Bavière ont d’ailleurs été suspendus pour avoir fait le salut nazi) et celle de dirigeants politiques. Le ministre de l’Intérieur Seehofer (CSU, conservateur) a expliqué que « l’immigration est la mère de tous les problèmes politiques » ; le vice-président du parti libéral FDP (Kubicki) a abondé dans le même sens. Le ministre-président de Saxe (Kretschmer, CDU) et le responsable fédéral du renseignement intérieur, Maaßen, ont carrément réfuté qu’il y ait eu des chasses à l’homme à Chemnitz, peignant les cogneurs d’extrême droite en innocentes victimes de fake news. Ils sont toujours en place, aux plus hautes fonctions.

L’extrême droite xénophobe, absente de la vie politique allemande pendant de longues décennies, pèse désormais sur toute la vie politique et sociale et représente un danger mortel pour tous les travailleurs. Le sujet fera l’objet d’un article dans un prochain numéro de la Lutte de Classe.