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Proche-Orient

Ce texte, présenté par la majorité, a recueilli 99 % des voix à la dernière Conférence Nationale de Lutte Ouvrière.

Au Proche-Orient, quatre ans après les accords d'Oslo entre Israël et l'OLP de Yasser Arafat, on est revenu à une situation d'impasse, aussi totale qu'auparavant. Le retour au pouvoir de la droite au printemps 1996 s'est traduit, dans les négociations dites de paix, par une attitude de plus en plus rigide du pouvoir israélien, et par une série de provocations ouvertes vis-à-vis des Palestiniens : annonce de nouvelles implantations dans les Territoires occupés, affaire du tunnel sous l'esplanade des mosquées, arrestations, bouclage des Territoires.

Le gouvernement Netanyahou, dont la situation est fragile, a besoin de donner des gages sur sa droite, à l'extrême droite religieuse et aux colons dont il dépend politiquement. Mais cette attitude de blocage avait été déjà largement initiée par les gouvernements travaillistes de Rabin et de Peres. Après les accords de septembre 1993, Rabin et Peres avaient eux aussi voulu faire la démonstration de leur fermeté à l'égard des Palestiniens, pour ne pas donner prise aux accusations de l'extrême droite, même si l'un et l'autre l'ont finalement payé : Rabin a été assassiné par un tueur d'extrême droite, Peres a subi une défaite électorale face à la droite.

Rabin n'avait engagé ce que l'on a appelé le "processus de paix" en 1993 que parce que l'armée et l'État israéliens ne parvenaient pas à venir à bout de l'"Intifada", la révolte de la jeunesse palestinienne des Territoires occupés, qui durait depuis 1987. En s'engageant dans ce processus, ni Israël, ni la puissance tutélaire américaine n'avaient l'intention de reconnaître réellement le droit du peuple palestinien à l'existence nationale. Confier à l'OLP, dans les Territoires, une fraction du pouvoir et notamment les pouvoirs de police, n'était qu'un moyen de préserver la position dominante de l'État d'Israël dans la région, avec l'avantage supplémentaire de déconsidérer l'OLP. Face aux masses palestiniennes, un pouvoir palestinien pouvait se révéler plus efficace que l'armée israélienne, armée étrangère et ayant derrière elle un long passé d'exactions contre les masses palestiniennes et arabes. Mais ce pouvoir palestinien restait placé sous le contrôle et la pression directe du pouvoir israélien, qui peut à tout moment le prendre à la gorge pour lui rappeler que sa tâche est de contrôler, et éventuellement réprimer, les actions de la population ou des groupes d'opposition essentiellement islamistes , sous peine de voir Israël se passer du pouvoir palestinien.

Depuis, ce chantage permanent s'est révélé efficace. Yasser Arafat et les autorités palestiniennes, en échange de la parcelle de pouvoir qu'on leur a octroyée, se sont montrés prêts à jouer jusqu'au bout le jeu du maintien de l'ordre, au nom d'un "processus de paix" pourtant complètement illusoire. Cependant, en ne laissant à Arafat aucune marge de manoeuvre, en ne cédant pratiquement rien qui lui permette de justifier auprès de la population palestinienne sa participation au dit "processus de paix", le gouvernement israélien a contribué à discréditer très rapidement Arafat et son équipe. Il est vrai que l'attitude des autorités palestiniennes, marquée dès le début par la corruption, le comportement policier et le mépris des masses, y a contribué elle aussi.

La rançon a été, pour Israël et pour Arafat, le renforcement de l'influence des groupes islamistes, le Hamas en particulier. La politique d'attentats aveugles contre la population israélienne tend à dresser celle-ci contre tous les partisans d'une paix avec les Palestiniens, et à renforcer l'extrême droite en Israël. La politique des intégristes palestiniens et celle des ultras israéliens s'alimentent ainsi l'une l'autre.

Ainsi est recréée la situation de blocage qui a presque toujours prévalu depuis la création d'Israël, à l'exception de la timide ouverture de septembre 1993 qui apparait, de plus en plus, comme n'ayant été qu'une simple parenthèse. Il parait exclu, dans les circonstances actuelles, que le gouvernement des États-Unis puisse faire sur son allié israélien des pressions pour l'engager à des concessions vis-à-vis des Palestiniens. Rien ne dit non plus qu'un retour au gouvernement des travaillistes, en cas de faillite complète du gouvernement Netanyahou, marquerait vraiment une inversion de tendance dans la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens.

La situation peut finir par conduire, soit à une nouvelle explosion de révolte au sein de la population palestinienne, soit à l'éclatement, toujours possible, d'une nouvelle guerre israélo-arabe.

Les peuples de cette région du monde payent très cher, comme bien d'autres, l'absence d'un mouvement communiste international susceptible de faire naître parmi les masses de Palestine, la confiance en une lutte unie des travailleurs palestiniens et israéliens pour créer un régime réellement plurinational et pour prendre place dans la lutte pour la transformation, à l'échelle mondiale, de la société capitaliste qui empoisonne tous les rapports entre les hommes.

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