Panama et Nicaragua : La mainmise américaine sur l'Amérique centrale01/03/19901990Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1990/03/31.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

Panama et Nicaragua : La mainmise américaine sur l'Amérique centrale

Avec l'intervention américaine à Panama et la capture de Noriega en décembre, et avec la surprise - au moins pour les médias américains - des élections perdues par les Sandinistes au Nicaragua en février, le gouvernement américain vient d'enregistrer coup sur coup deux succès spectaculaires dans ce qu'il considère comme son « arrière-cour », c'est-à-dire l'Amérique centrale. Deux dirigeants qui, pour des raisons différentes, étaient devenus les symboles d'un défi lancé à la puissance américaine sont tombés. A Washington, Démocrates et Républicains, libéraux et conservateurs, ont été unanimes à se féliciter de ces triomphes de politique étrangère - des triomphes qui semblaient en outre répondre aux changements survenus en Europe de l'Est et en Union Soviétique.

Pour les usa, meme un petit geste de defi est un geste de trop, quand il vient d'un de ses proteges

A priori, l'intervention américaine à Panama semble sans précédent... par sa totale absurdité. C'est la plus importante expédition américaine depuis près de vingt ans, depuis la guerre du Vietnam. Les soldats américains ont tué des milliers de personnes, détruit des quartiers entiers et fait pour des milliards de dollars de dégâts matériels. Ils ont complètement liquidé l'armée et la police panaméennes, le PDF, que les États-Unis eux-mêmes avaient mis des décennies à mettre sur pied pour défendre leurs intérêts dans cette région très instable du monde. D'habitude, une invasion de cette envergure n'est pas entreprise dans le seul but d'arrêter un homme, fût-il général. Alors pour quelle raison l'arrestation de Noriega était-elle devenue si importante pour le gouvernement américain ?

Le « problème » Noriega était un héritage laissé par l'administration Reagan à l'administration Bush. Depuis près de trois ans, il ne faisait que s'aggraver. En 1986, l'administration Reagan cherchait le moyen de continuer la guerre des Contras contre le gouvernement sandiniste malgré l'opposition du Congrés. L'amiral John Poindexter, alors chef du Conseil National de sécurité, ayant contacté Noriega, celui-ci refusa d'autoriser les Contras à s'entraîner et à établir des bases à Panama. Précédemment, il avait accédé à toutes sortes de demandes de la part des États-Unis sur le plan politique, économique, militaire - y compris des demandes d'aide aux Contras. Son refus de 1986 n'était qu'une rebuffade d'importance relativement minime : elle n'en fut pas moins considérée comme un geste de défi.

La politique américaine en Amérique centrale ne pouvait admettre une quelconque velléité d'indépendance dans une partie du monde qui constituait depuis des années un véritable casse-tête. Les États-Unis tentaient d'utiliser les Contras pour effacer la défaite de Somoza, l'ex-dictateur qu'ils avaient soutenu à la tête du Nicaragua. D'autres régimes soutenus par les USA, au Salvador et au Guatemala, étaient engagés dans la lutte contre la guérilla. Le refus de Noriega signifiait-il qu'il s'apprêtait pour sa part à reprendre sa mise ? Etait-il admissible qu'un dictateur, au pouvoir grâce à une armée en grande partie financée par les États-Unis, leur lance un défi au coeur d'une région où les intérêts américains se trouvaient menacés ? Si tel était le cas, cela ne pouvait être qu'un encouragement à agir de la même manière pour d'autres dirigeants soutenus par les États-Unis. D'un certain point de vue, Noriega représentait alors un danger encore plus grand que les Sandinistes.

L'administration Reagan fut ainsi amenée à revoir sa politique vis-à-vis de Noriega. Cette réévaluation politique fut encore accélérée après l'éclatement du scandale de l'Irangate fin 1986. Etant donné les liens existant entre Noriega et la CIA, la DEA (le bureau de lutte anti-drogue) et les Contras d'un côté ; le trafic d'armes, le blanchiment de l'argent et le trafic de drogue de l'autre, Noriega risquait de devenir un véritable handicap pour l'administration Reagan. C'est alors que les États-Unis décidèrent de s'en débarrasser.

Le defi de manuel noriega

Pendant l'année qui a suivi, le problème Noriega ne fit que croître. Noriega commença par refuser de se retirer, comme le lui demandait l'administration Reagan. C'est alors que le gouvernement américain décida de porter la chose sur la place publique et Noriega, l'homme dont l'ascension avait été orchestrée par les États-Unis eux-mêmes, est soudain devenu un vulgaire criminel. Il fut mis en accusation devant les grands jurys fédéraux de Miami et de Tampa en Floride pour trafic de drogue. L'administration Reagan avait rompu officiellement avec lui. Une campagne anti-Noriega fut organisée par les États-Unis et des sanctions économiques et commerciales furent prises contre Panama. La CIA se mit à entretenir une agitation politique à l'intérieur du pays et fut à l'origine d'une tentative de coup d'État à l'intérieur même du PDF. Mais à la consternation des stratèges américains, Noriega résistait à tout.

Après le départ de Reagan, l'administration Bush poursuivit les efforts entrepris pour essayer de se débarrasser de Noriega. Les sanctions économiques draconiennes furent maintenues. Les Américains apportèrent leur soutien aux candidats de « l'opposition » lors des élections présidentielles et tentèrent d'isoler Noriega en demandant à l'Organisation des États Américains (OEA) de le condamner. Et, le 3 octobre, une nouvelle tentative de coup d'État avait lieu, avec l'aide militaire directe des États-Unis.

Mais sans plus de succès. Et cette fois, les officiers impliqués dans la tentative étaient exécutés par Noriega. Il apparaissait donc que les États-Unis ne pouvaient plus compter sur le PDF pour se débarrasser de Noriega. C'est alors que les chefs d'état-major décidèrent de faire entrer les préparatifs d'invasion (qui avaient été ajournés en attendant l'issue de la tentative de coup d'État) dans leur phase finale.

Evidemment, Noriega ne représentait pas en lui-même une menace réelle pour les États-Unis. Il n'avait nullement l'intention d'entraîner Panama sur la voie d'une quelconque indépendance. Il ne remettait pas en cause les prérogatives du gouvernement et des milieux d'affaires américains à Panama, y compris sur la zone du canal. Et après tout, il avait fait ce que les États-Unis attendaient de lui, c'est-à-dire maintenir l'ordre dans le pays. En fait Noriega ne voulait qu'une chose : rester au pouvoir.

Il était pourtant devenu une sorte de symbole. Il montrait qu'un dictateur de quatre sous, à la tête d'un pays qui n'était finalement qu'une colonie américaine, pouvait défier les États-Unis... et s'en tirer.

Les risques de l'invasion

L'invasion américaine fut une énorme expédition destinée à contrer les revers de fortune des États-Unis en Amérique centrale. Des forces considérables furent déployées pour bien montrer que les États-Unis étaient décidés à imposer leur autorité et leur loi dans cette région troublée du globe.

Le fait même que tous ces tanks, ces bombardiers et ces troupes furent lancés à l'assaut d'un seul homme, le fait aussi que les États-Unis déclarèrent être prêts à frapper encore plus fort si nécessaire, montraient bien quelle était la vraie raison de ce déploiement disproportionné de forces.

Pourtant, malgré les moyens déployés par les États-Unis lors de l'invasion de décembre, les choses étaient loin d'être gagnées d'avance. C'est sans doute une des raisons qui expliquent le moment choisi pour l'invasion et la relative discrétion des média américains, en tout cas dans les premiers jours. Les média étaient alors principalement occupés par les événements de Roumanie et le renversement de Ceausescu et beaucoup moins par l'invasion de Panama.

Une fois l'opération lancée, les 28 000 hommes de troupe américains eurent bien du mal à atteindre leur objectif numéro un : l'arrestation de Noriega. Ce dernier avait évidemment eu le temps de se préparer à l'invasion. Pendant une semaine au moins avant l'invasion, le ciel de Panama avait été sillonné par des transports de troupes américains amenant des renforts en hommes et en matériel dans la zone du canal sous contrôle américain. De nombreux témoignages indiquent aussi que Noriega avait été prévenu du moment exact de l'invasion par certains de ses amis à l'intérieur du gouvernement américain. Ainsi, quand les troupes américaines lancèrent l'assaut, Noriega était en fuite depuis longtemps.

D'autre part, les troupes américaines eurent à faire face à une certaine résistance de la part du PDF. Un général devait par la suite se plaindre du fait que les troupes du PDF semblaient attendre les Américains et leur avaient abattu plusieurs parachutistes. Une fois le PDF vaincu, ce furent les Bataillons de la Dignité de Noriega ainsi que des soldats en civil qui continuèrent la résistance en se mêlant à la population.

Les troupes américaines eurent aussi fort à faire du côté de la population panaméenne. Avec l'invasion, la police avait disparu. Rien n'empêchait plus la population qui avait beaucoup souffert des ravages infligés à l'économie de leur pays par les pressions des États-Unis de se servir eux-mêmes dans les magasins. Le pillage qui s'ensuivit fut comparé par le général Maxwell Thurman, chef des armées américaines en Amérique centrale, aux émeutes des villes américaines des années soixante. Les États-Unis ne savaient pas si l'armée réussirait à calmer les choses et si le pillage ne se transformerait pas en quelque chose de plus dangereux. C'est sans doute pour prévenir cette résistance que les États-Unis firent bombarder dès le début de l'invasion deux importants quartiers ouvriers.

Cependant Noriega, malgré ses fanfaronnades, montra qu'il n'avait nulle intention de se mettre à la tête de la résistance ou de lutter jusqu'à la mort. Dès le début de l'invasion, Noriega devint un homme traqué, sans nulle part où aller. Et c'est pour pouvoir négocier les termes de sa reddition qu'il s'est finalement tourné vers le nonce apostolique. La réaction de la CIA à cette manoeuvre de Noriega fut à la mesure de sa légendaire finesse dans la mise en scène. Des hauts-parleurs furent mis en batterie autour de l'ambassade du Vatican l'arrosant nuit et jour et, dans les jours de négociation tendus qui suivirent, Noriega et les envoyés du Vatican durent parlementer avec en arrière-fond sonore un enregistrement des discours de George Bush entrecoupés de morceaux de rock and roll à pleine puissance.

Lorsque Noriega finit par se rendre, le gros de la résistance s'effondra rapidement. L'essentiel de l'attention se concentra alors sur les efforts déployés par Noriega pour sauver sa peau. La bataille acharnée du début s'achevait en victoire facile pour les États-Unis.

On peut dire que l'administration Bush a eu de la chance que la population ne continue pas la lutte. Les affrontements et le pillage des premiers jours ont bien montré à quoi les troupes américaines auraient pu se trouver confrontées à Panama. La première semaine de combats pouvait laisser croire que les troupes américaines devraient livrer de sanglants combats, maison après maison, pour reprendre la ville de Panama. Et l'administration Bush se serait alors trouvée embarquée dans une guerre larvée qui aurait pu durer des mois, avec toutes les conséquences nationales et internationales que cela implique. Mais grâce à la reddition relativement rapide de Noriega, les États-Unis ont pu éviter cette situation.

Les implications de l'invasion de panama

Une fois prise sa décision d'envahir Panama, le gouvernement américain a essayé d'en tirer le maximum. A l'intérieur, l'administration Bush a présenté l'invasion comme une des opérations de sa nouvelle guerre contre la drogue. Le rapprochement actuel entre les États-Unis et l'Union Soviétique a rendu le spectre du « communisme » moins crédible comme justification des énormes dépenses militaires américaines. La bourgeoisie américaine envisage peut-être d'utiliser la « guerre contre la drogue » comme nouvelle excuse pour continuer à soutenir les dépenses d'armement. De toute façon, étant donné le passé de Noriega et les liens attestés entre le trafic de drogue et l'économie tout entière du Panama, il n'était pas trop incongru d'affirmer que les États-Unis envahissaient le pays pour mettre fin au trafic de drogue.

En fait, ceux qui ont remplacé Noriega à la tête du pays, et qui ont été intronisés dans les casernes américaines de la zone du canal, sont évidemment tous liés au trafic de drogue ! Le président Endara lui-même est l'un des principaux propriétaires d'une grande banque panaméenne accusée par le gouvernement américain de blanchir l'argent de la drogue. L'un des principaux soutiens d'Endara, Carlos Elata, a été arrêté l'an dernier en Georgie (États-Unis) pour y avoir fait passer des millions de dollars de cocaïne. Son arrestation a été montrée à la télévision panaméenne, qui appartient à Elata lui-même, mais pas à la télévision américaine, de toute évidence parce que ces trafiquants-là ont le soutien du gouvernement américain.

En utilisant le thème de la lutte contre la drogue, le gouvernement américain a réussi à faire accepter l'intervention militaire par la population américaine. L'administration Bush n'a eu à faire face à aucune protestation au moment même où toute sa propagande visait à expliquer qu'on entrait dans une nouvelle ère de paix, maintenant que la principale menace à la paix dans le monde, l'Union Soviétique, n'était plus d'humeur « belliqueuse ». Ainsi l'invasion de Panama a montré, au peuple américain comme aux peuples latino-américains, que la nouvelle ère de paix ne signifiait pas que les États-Unis ne se réservaient pas le droit d'intervenir militairement dans leur chasse gardée quand ils le jugeraient nécessaire. Elle signifiait simplement qu'ils le feraient désormais avec l'approbation de l'Union Soviétique.

Menace americaine sur toute la region

L'invasion américaine ne concernait pas seulement Panama. Elle était aussi dirigée contre l'autre source de problèmes pour les États-Unis dans la région, le Nicaragua.

Pratiquement depuis le renversement de Somoza par les Sandinistes, la politique américaine en Amérique centrale a consisté à multiplier les efforts pour se débarrasser du gouvernement sandiniste. La faillite des Contras à renverser les Sandinistes ou simplement à s'implanter au Nicaragua était une défaite pour la politique américaine - défaite qui montrait qu'il était possible de lancer un défi à la puissance américaine dans sa propre arrière-cour.

Pour le gouvernement américain, l'invasion de Panama était une réponse à cette défaite. C'était la démonstration que l'armée américaine était toujours là et que le gouvernement était prêt à s'en servir contre tous ceux qui oseraient remettre en cause la domination américaine sur la région.

Ces bruits de sabre se faisaient entendre juste au moment où, sur le plan international, les Sandinistes étaient plus que jamais sur la défensive. Depuis leur rapprochement, les États-Unis et l'Union Soviétique n'intervenaient plus en adversaires sur les points chauds du globe, mais bel et bien en compères. Ils avaient convenu de s'entraider pour essayer de résoudre leurs problèmes respectifs à l'intérieur de leurs sphères d'influence. C'est ainsi que l'URSS s'est servie de son influence en Amérique centrale, en particulier auprès des Sandinistes, pour s'accorder avec les États-Unis. A la demande des Américains, l'URSS était en train de diminuer son soutien militaire et économique au gouvernement du Nicaragua.

Les élections nicaraguayennes furent elles aussi le fruit de la collaboration entre super-puissances. Elles furent présentées aux Sandinistes comme le moyen de sortir de l'état de guerre. Bien sûr, les États-Unis avaient conclu cet accord à propos des élections avec les Sandinistes parce que leur politique de soutien aux Contras avait échoué. Mais il permettait aussi aux USA de maintenir leur pression sur les Sandinistes.

Pour les Sandinistes, l'accord sur les élections était une reconnaissance de leur faiblesse en dépit de leur capacité à repousser les Contras. Car accepter d'organiser des élections signifiait accepter de s'affronter à nouveau avec ceux qu'ils avaient vaincus en payant chèrement sur les champs de bataille. C'était autoriser les forces soutenues par les États-Unis qui fournirent une nouvelle aide à les affronter encore une fois.

Cet accord électoral ne servit même pas à ramener la paix. Les États-Unis refusèrent de dissoudre complètement les bandes de Contras qui continuaient à attaquer les forces sandinistes dans les campagnes. Et l'administration Bush dit clairement que, élections ou pas, elle n'avait nullement l'intention de laisser le Nicaragua à lui-même. Les États-Unis ne consentaient à s'entendre avec le Nicaragua que si les Sandinistes étaient écartés du pouvoir d'une manière ou d'une autre.

L'invasion américaine de Panama deux mois avant les élections agitait clairement la pire des menaces, la continuation de la guerre. L'invasion américaine se déroulait pour ainsi dire à la porte d'à côté, et pour qu'il n'y ait aucun malentendu quant aux intentions réelles des Américains, les envahisseurs menacèrent directement le Nicaragua. Sous le prétexte de rechercher Noriega, les soldats et les tanks US entourèrent l'ambassade nicaraguayenne dans la ville de Panama. Des soldats américains saccagèrent la résidence de l'ambassadeur du Nicaragua. Le gouvernement sandiniste n'eut d'autre choix que de placer ses troupes en état d'alerte. Ainsi, après dix longues années de guerre, on pouvait difficilement prétendre que la paix était pour demain.

L'invasion fut donc un facteur, et peut-être le facteur décisif, qui s'ajouta à ceux qui conduisirent à la défaite des Sandinistes dans les élections. Ces résultats ont peut-être créé la surprise aux États-Unis et ailleurs. Ils ne firent que refléter le fait qu'une partie de la population était prête à s'incliner au moins en partie face aux États-Unis, dans l'espoir de mettre fin à cette longue lutte et de retrouver un peu de paix dans le pays. Ainsi, après dix ans d'indépendance sous la direction sandiniste, les États-Unis étaient de retour au Nicaragua.

Avec la défaite électorale d'Ortega, c'est la seconde force défiant les Américains en Amérique centrale qui est battue. Les États-Unis apparaissent plus forts que jamais. Ils ont démontré qu'ils restaient les maîtres incontestés dans leur « arrière-cour » centraméricaine. Et on dit maintenant, et pas seulement parmi les réfugiés anti-castristes de Miami, que les États-Unis sont en position de mettre à genoux le régime fidéliste cubain, principal ennemi depuis plus de trente ans.

Mais est-ce bien sûr ? En fait, la situation au Nicaragua est loin d'être réglée. Cela aussi, les élections l'ont montré. Le plus remarquable, peut-être, c'est que les Sandinistes ont gardé 40 % des voix, près d'un million de votes, qui viennent probablement pour la majeure partie de la fraction la plus pauvre de la population. Cela ne fait que confirmer que, malgré les sacrifices énormes déjà consentis, une partie importante de la population, celle qui a tenu l'impérialisme américain en échec depuis dix ans, est prête à continuer la lutte.

Les ouvertures faites par le gouvernement américain aux Sandinistes après les élections montrent qu'il a conscience que la population est loin d'être vaincue. Le gouvernement américain a commencé à négocier une transition avec les Sandinistes et a même laissé entendre que le nouveau gouvernement pourrait comprendre des Sandinistes. De toute évidence, le gouvernement américain essaye de convaincre les Sandinistes de garder leur base populaire sous contrôle et ainsi d'empêcher que se crée une résistance de masse, toujours possible, au gouvernement Chamorro soutenu par les États-Unis.

Cette réaction d'une partie de la population du Nicaragua, la résistance des Panaméens à l'invasion américaine, s'ajoutant aux protestations qui ont eu lieu dans toute l'Amérique latine contre l'intervention US, montrent bien que nombreux sont ceux qui n'acceptent pas les victoires remportées par les USA. Cela signifie que les maîtres américains de la région pourraient bien avoir à faire face à de nouveaux défis.

15 mars 1990

Partager