A propos de la réforme Beullac : si les stages en usine, à 14 ou 15 ans, sont une « ouverture sur la vie », pourquoi la bourgeoisie n'y envoie-t-elle pas ses fils ?17/03/19801980Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1980/03/73.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

A propos de la réforme Beullac : si les stages en usine, à 14 ou 15 ans, sont une « ouverture sur la vie », pourquoi la bourgeoisie n'y envoie-t-elle pas ses fils ?

Pendant près de trois semaines, jusqu'aux vacances de février, dans la région parisienne et dans de nombreuses grandes villes, un mouvement s'est développé dans les LEP (Lycées d'Enseignement Professionnel, ex-Collèges d'Enseignement Technique).

Par des grèves et des manifestations, des dizaines de milliers d'élèves du Technique ont exprimé leur refus de l'application de la « circulaire Beullac », du nom du ministre de l'Éducation nationale, qui prévoit des stages en entreprise. « Non, nous n'irons pas en stage », « Oui à l'éducation, non à l'exploitation », ont crié les jeunes.

Une remise en cause de la scolarité obligatoire jusqu'a seize ans

Même s'il ne s'agit actuellement que d'une « action exploratoire », la réforme Beullac est une remise en cause de la scolarité obligatoire jusqu'à seize ans. Certes, cette obligation n'est nullement la garantie d'une culture digne de ce nom pour tous. Selon les milieux sociaux, elle n'est pas dispensée de la même façon, dans les mêmes écoles, avec les mêmes moyens. Mais elle représente quand même un progrès. Mieux vaut aller à l'école jusqu'à seize ans que d'aller travailler dès douze ou quatorze ans.

Bien sûr, les stages Beullac ne représentent que quelque dix semaines à l'usine, sur trois ans. C'est ce qui est prévu pour l'instant. Mais le caractère « expérimental » de la réforme, s'il peut laisser entendre qu'elle sera finalement abandonnée, peut aussi signifier qu'elle sera étendue, à d'autres établissements et pour une durée bien plus longue.

Et ce serait bien dans la logique de la politique du gouvernement, qui distribue déjà parcimonieusement les crédits aux LEP, que de les restreindre encore pour distribuer par contre quelques deniers aux industriels qui accepteraient ces stages.

Que les patrons, aujourd'hui, aient des avis partagés sur la question - beaucoup considèrent la réforme expérimentée comme la dernière lubie en date des « technocrates de l'Éducation Nationale » - ne change rien à l'affaire. Certains, en tout cas, acceptent l'expérience. Ils y voient donc un intérêt, pour l'immédiat ou pour l'avenir. Quant aux jeunes, ils quittent momentanément l'école avant seize ans.

C'est une raison primordiale pour réclamer l'abrogation de la circulaire Beullac. Mais la réforme du ministre, plus généralement, est bien à l'image de ce que la bourgeoisie entend par « éducation » pour ce qui concerne la jeunesse ouvrière.

« ouvrir l'école à la vie »... mais quelle vie ?

Dans cette circulaire portant sur « l'organisation de séquences éducatives en entreprise », le ministre Beullac invoque des motivations élevées. « Dans un monde en profonde évolution technique, économique et sociale, ouvrir l'école de manière objective aux réalités de la vie active, notamment de ses composantes professionnelles, est un impératif... », écrit-il. Il s'agirait donc « d'ouvrir l'école à la vie ». Louable intention ?

Nous militons pour une société où il n'y aurait pas de coupure entre la vie scolaire et la vie sociale ; une société communiste, débarrassée de l'exploitation, où les hommes et les femmes, participant tous aux tâches productives, auraient accès au même titre à la culture : une culture acquise dans des livres ou sur des bancs d'école, mais parallèlement aussi par la participation à la vie sociale, du plus jeune âge à l'âge le plus avancé.

Si l'orthographe, les tables de multiplication ou les dates des victoires et défaites des armées napoléoniennes s'apprennent par des exercices de mémoire et de réflexion ; si la connaissance des idées, l'apprentissage du raisonnement nécessitent le recours aux livres et à l'étude individuelle et collective, ce n'est pas dans le milieu artificiel et fermé qu'est l'école mais au contact et à l'épreuve de la vie sociale réelle, sous ses multiples aspects, que se forge la sensibilité humaine et l'intelligence pratique et théorique.

Marx considérait comme « l'éducation de l'avenir », « l'éducation qui unira pour tous les enfants au-dessus d'un certain âge le travail productif avec l'instruction et la gymnastique, et cela, non seulement comme méthode d'accroître la production sociale, mais comme la seule et unique méthode de produire des hommes complets » (Livre 1 du Capital). Mais déjà avant lui, des socialistes avaient exposé de pareilles conceptions : l'anglais Robert Owen, qui en avait tenté l'application dans sa fabrique « modèle » de New-Lanark, et le socialiste utopique français Fourier qui - sérieusement ou par humour ? - proposait, entre autres, puisque les jeunes enfants n'ont pas pour l'ordure la même répugnance que les adultes, que la société future, sa « Cité d'Harmonie », les emploie à ramasser les déchets.

Mais, autant dans une société sans classes, on peut concevoir qu'il soit éducatif pour de jeunes enfants de consacrer quelques heures par semaine à faire du nettoyage - ils y apprendraient qu'ils peuvent être utiles aux autres et que, dès qu'elle est nécessaire, toute tâche est noble - autant on a toutes les raisons de craindre les initiatives similaires en régime capitaliste.

Nous sommes partisans, en effet, de l'union entre l'étude et le travail productif social, de l'ouverture de l'école sur la vie. Mais tout dépend quelle école, quelle vie, et dans quelle société. Et dans la société capitaliste où nous vivons, mêler très tôt les jeunes à la production sociale, pour les filles et les fils de travailleurs, c'est les livrer à l'exploitation.

La bourgeoisie capitaliste a déjà usé et abusé de la main-d'œuvre enfantine, à une autre époque. Avant de connaître l'école, les enfants d'ouvriers ont d'abord connu la vie, celle d'exploité, le travail seize heures par jour ou plus, dès l'âge de six ans.

On n'en est plus là aujourd'hui, du moins dans les pays occidentaux industrialisés. Les conditions de travail ne sont pas si dures qu'il y a cent ans, et la scolarité est obligatoire jusqu'à seize ans. Mais le même système d'exploitation demeure et domine. Et pour les enfants de la classe ouvrière, aujourd'hui encore, l'ouverture sur la vie ne peut rien signifier d'autre que l'expérience précoce de l'exploitation. Même sous forme de stages de quelques semaines, sous forme d'avant-goût, cette expérience n'est pas leur intérêt. Ni sur le plan social, ni sur le plan « éducatif ».

Les stages en entreprise, un avant-goût de l'exploitation

La circulaire Beullac reste vague quant aux modalités des stages. Ils resteraient sous le contrôle des enseignants mais les jeunes seraient encadrés par la maîtrise de l'entreprise et soumis au règlement intérieur de celle-ci. L'Express du 23 février, qui fait état d'une expérience de stage à l'entreprise Cérébati de Châteauroux, relate que le contremaître « guide » le déroulement de celui-ci. On sait comment la maîtrise se comporte généralement avec les travailleurs adultes. On peut donc imaginer comme elle se comportera avec des jeunes de quinze ans, peu compétents sur le plan technique, qui plus est.

L'expérience des « séquences éducatives » donnera peut-être à quelques-uns le goût de la révolte contre l'exploitation et toutes ses manifestations, et de l'engagement militant, syndical ou politique, pour y mettre un frein ou un terme. Mais à coup sûr, pour le plus grand nombre, le stage en entreprise sera l'expérience de l'exploitation supportée, l'apprentissage de l'obéissance aux ordres, à l'arbitraire, en plus de l'accoutumance aux pointeuses, aux cadences, aux quarante heures de travail hebdomadaire, dans des conditions souvent pénibles.

L'apprentissage d'un métier, le contraire de la culture

Quant à l'aspect « éducatif », sur le plan technique et professionnel, des « séquences » en entreprise de Beullac, la question est justement de savoir de quelle éducation il s'agit.

Du fait de l'incompétence professionnelle des jeunes lycéens, le risque est grand qu'ils n'apprennent pas grand-chose, durant leur stage, si ce n'est balayer, faire du rangement ou s'acquitter de tâches de coursiers. En ce cas, l'opération se résumerait à fournir quelque temps une main-d'œuvre gratuite aux patrons, pour de petites besognes.

Mais même à supposer que les stages soient de « bons stages », que les jeunes y, fassent l'apprentissage d'un matériel autre que celui vétuste et désuet qui sert généralement dans les LEP, de machines plus modernes en usage dans l'industrie, cela n'irait pas dans le sens de l'approfondissement de leur éducation.

Beullac parle « d'éducation » des jeunes de l'enseignement technique. Mais le CNPF, plus franc, parle de « formation professionnelle » pour dire qu'elle n'est pas concevable en dehors du monde du travail. C'est cette « formation professionnelle » - l'apprentissage d'un « métier », -que la bourgeoisie, au mieux, se propose de dispenser aux futurs travailleurs, au LEP, à l'usine, ou alternativement à l'école et à l'atelier, et elle est tout le contraire de l'éducation et de la culture.

La meilleure culture aujourd'hui, c'est encore celle que la bourgeoisie tente de donner à ses fils

Dans un article publié dans le journal Le Monde, le 5 mars dernier, à l'occasion des élucubrations sur une banque de sperme de prix Nobel, le biologiste François Jacob rappelait que tout organisme vivant est le résultat de l'interaction étroite entre le programme génétique et l'environnement ; que, dans ce programme génétique, une part est rigidement fixée - qui détermine par exemple la couleur des yeux ou des cheveux - et une autre plus souple qui ne détermine que des capacités ou des potentialités ; et qu'enfin, cette part plus souple augmente avec la complexité des organismes, jusqu'à l'homme. Et il écrivait : « Ainsi, le cheval est programmé pour courir, l'oiseau pour voler, le poisson pour nager. L'homme est lui aussi programmé, mais il est programmé pour apprendre... »

C'est certainement vrai. Mais selon la classe sociale d'origine et le statut social futur de chaque individu - et l'une et l'autre sont étroitement liés, un fils d'ouvrier devenant rarement médecin, et vice-versa - la société bourgeoise ne permet pas aux jeunes d'apprendre la même chose, ni de la même façon.

C'est d'abord le résultat d'une situation de fait : les milieux sociaux où se font les premiers apprentissages ne sont pas les mêmes, n'ont pas et ne dispensent pas la même culture. Mais cette inégalité est sanctionnée de droit, puisque la bourgeoisie prévoit des éducations différentes, dans des écoles étatiques ou privées différentes, avec des programmes différents.

Ainsi, aux jeunes de la classe ouvrière, aux fils d'exploités, quasiment conditionnés socialement à devenir exploités eux-mêmes, dans un atelier ou un bureau - il faut de toutes façons des millions de producteurs salariés pour que le capitalisme se survive la société capitaliste fixe pour objectif d'apprendre un métier, d'acquérir une « formation professionnelle ».

Ça veut dire quoi ? Devenir chaudronnier, tourneur, fraiseur, dactylo, comptable... quand ce n'est pas tout simplement OS, c'est-à-dire ouvrier sans aucune qualification. Et pour cela, point n'est besoin de longues années d'études. Point n'est besoin de connaissances poussées ni en mathématiques, ni en sciences, ni en langues. D'où un enseignement court, adapté au but, c'est-à-dire axé non sur la culture générale, mais sur la fameuse « formation professionnelle ».

Dans Le Capital, Marx soulignait déjà cet état de choses en écrivant : « La bourgeoisie qui, en créant pour ses fils les écoles polytechniques, agronomiques, etc., ne faisait pourtant qu'obéir aux tendances intimes de la production moderne, n'a donné aux prolétaires que l'ombre de l'enseignement professionnel ».

Et c'est encore à l'usine ou au bureau - en cela, le CNPF a raison - qu'après quelques brèves années d'école, le métier entre le mieux. « C'est en forgeant qu'on devient forgeron », comme dit le proverbe. Ce que Beullac admet bien sûr, et renforce, en prévoyant, pour accélérer cet apprentissage d'un métier, des stages en entreprise.

Parce que l'espèce humaine a beau être biologiquement programmée pour apprendre, la division de la société en classes et la division sociale du travail qui se manifeste dans la société capitaliste par la spécialisation des individus dans telle ou telle fonction parcellaire, condamnent le plus grand nombre, en matière d'éducation, à un sommaire conditionnement social. « L'éducation », pour les enfants de la classe ouvrière, c'est essentiellement le dressage et la spécialisation dans l'accomplissement de tâches simples, de gestes qui exigent surtout l'habileté manuelle.

Dans le Manifeste du Parti Communiste, Marx dénonçait le fait que la culture dont la bourgeoisie est si fière « n'est pour l'immense majorité qu'un dressage qui en fait des machines » .

Certes, pour reprendre les images de François Jacob, le cheval ne peut pas apprendre à voler, ni l'oiseau à courir, tandis que celui qui est devenu fraiseur aurait pu être médecin. Mais passé un certain âge, rares sont les fraiseurs qui peuvent devenir médecins. La société leur a coupé les ailes. Les raisons n'en sont pas biologiques. Elles sont sociales. Mais l'amputation des capacités des individus est manifeste, et la société de classes, de ce point de vue, n'est bien que la préhistoire de l'humanité.

Cela dit, ce qui est vrai pour les jeunes de milieu ouvrier, l'est aussi, bien qu'à un autre niveau, pour les fils de bourgeois. Ceux qui, après des années de lycée ou de boîte à bachot, puis des années de faculté ou autre grande école, ont pu se spécialiser en médecine, en science ou en droit, sont aussi condamnés à vie à une tâche particulière.

Mais il y a une différence, cependant, qui réside dans le fait que l'éducation que la bourgeoisie donne à ses fils est suffisamment longue, vaste et variée pour offrir au moins aux meilleurs la possibilité d'une adaptation rapide à une multitude d'activités diverses.

L'universitaire de formation littéraire peut, ou du moins pourrait aisément, si les contraintes sociales ne pesaient pas sur lui aussi, devenir chercheur scientifique, à raison de quelques mois ou quelques années d'études. Des médecins sont en même temps écrivains, des scientifiques en même temps musiciens. Et même le haut cadre des usines Renault, Christian Beullac, a pu devenir ministre de l'Éducation Nationale, sans besoin d'un long recyclage... à supposer que ses fonctions nouvelles l'aient nécessité.

C'est que la culture générale et technique que dispense la bourgeoisie - dans le milieu fermé et coupé de la vie de ses établissements scolaires - à dose homéopathique dans les LEP, à faible dose dans les lycées, mais à bien plus forte dans les facultés et les grandes écoles, est encore ce que la société actuelle connaît de meilleur.

C'est là qu'on acquiert une multitude de connaissances, dans divers domaines. Mais surtout - si la culture est vraiment ce qui reste quand on a tout oublié - , elle apporte aux plus réceptifs une certaine aisance à lire, à parler - sa langue maternelle et d'autres - , un certain entraînement à réfléchir et à raisonner, toutes choses qui sont le contraire de la spécialisation manuelle, et permettent ensuite l'adaptation à une multitude de situations.

Autrement dit, c'est encore dans les écoles de la bourgeoisie qu'on apprend aujourd'hui l'essentiel : qu'on apprend à apprendre, qu'on acquiert des mécanismes de pensée qui ouvrent d'infinies possibilités.

La différence entre l'éducation que la bourgeoisie propose à ses fils et filles, et le dressage qu'elle impose à ceux de la classe ouvrière est donc manifeste.

Dès l'entrée au LEP, à treize ou quatorze ans, les jeunes sont versés dans les sections « tourneur » ou « fraiseur » quand il s'agit de LEP dits de « mécanique générale ». Dès le plus jeune âge - et encore dans le meilleur des cas où ils trouvent place dans un LEP, ne croupissent pas en attendant seize ans dans certaines classes-impasse dites « pré-professionnelles de niveau), ( !), ou ne vont pas directement en apprentissage - , les jeunes de la classe ouvrière ont pour seule possibilité « d'apprendre un métier »... et un seul, si même on peut encore parler de « métier » à propos de tâches peu complexes. Les métiers d'aujourd'hui, dont la grande industrie très automatisée a besoin, ne sont pas ceux de l'époque de l'artisanat pré-capitaliste. Ce sont quelques gestes simples, destinés à accompagner le fonctionnement de telle ou telle machine, et qui disparaissent dès que la machine en question est remplacée par une autre, en fonction des progrès de la technologie.

Mais de toutes façons, les futurs ouvriers n'apprennent au mieux qu'un métier. Tandis que dans les grandes écoles de la bourgeoisie, les futurs ingénieurs et autres cadres techniques et scientifiques de cette classe acquièrent une aptitude générale qui leur laisse jusqu'à un âge avancé de multiples choix, y compris celui d'en changer.

Dans telle ou telle grande école, on acquiert la compétence « d'ingénieur », mais on peut l'exercer ensuite dans des branches diverses. Et « Polytechnique », ce symbole de la grande école destinée aux fils de la bourgeoisie, porte bien son nom. A ceux qui sortent de « Polytechnique », et ont été préparés à la connaissance et l'exercice d'une multitude de sciences et techniques, bien des portes sont ouvertes : ils peuvent exercer de multiples fonctions parce qu'ils n'ont été spécialisés dans aucune.

Bien sûr, la bourgeoisie est loin d'avoir trouvé la recette de la fabrication des génies, et même des « hommes complets » dont parlait Marx. Elle est prisonnière et victime de son système, de la spécialisation à laquelle elle accule tous les individus, aussi élevé soit leur niveau de culture.

Cela dit, même si elle forme des cohortes de médiocres, voire des imbéciles - comme par exemple ces « élites » américaines qui pensent que des spermes de prix Nobel suffisent à transmettre héréditairement l'intelligence - , elle forme aussi les meilleurs... dans ce monde bourgeois qui est un des pires possible.

Alors, plutôt le LEP que l'usine

Alors, pour en revenir à ce qui se discute aujourd'hui dans les LEP - pour ou contre les stages en entreprise ? - ce ne sont pas les jeunes favorables aux stages Beullac, parce qu'ils pensent perdre leur temps au LEP et entrevoient la possibilité d'apprendre mieux un métier à l'usine, qui ont raison. Ce sont ceux qui ont scandé « Oui à l'éducation, non à l'exploitation ».

De très loin, les LEP sont les parents pauvres de l'Éducation nationale bourgeoise, les établissements dont les professeurs sont les moins qualifiés, les programmes de culture générale les plus maigres et le matériel scolaire le plus vétuste... ou absent. Mais c'est encore là que jusqu'à seize ou dix-huit ans, les fils et filles de travailleurs ont leur dernière chance de s'intéresser aux mathématiques, à l'histoire et la géographie, aux sciences, même si cette culture générale leur est chichement dispensée, en quantité et en qualité. C'est encore là qu'ils ont leur chance de trouver quelques adultes - certains professeurs - qui ont à coeur d'en faire autre chose que des auxiliaires de machines et qui y contribuent.

Alors, les jeunes ont intérêt à rester le plus longtemps possible à l'école, même-si l'école en question est le LEP. Ils n'y apprennent pas tout, loin de là. Mais ce n'est plus à l'usine qu'ils auront le temps et la possibilité de se cultiver... sauf s'ils choisissent le métier de militant.

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