Où va le PSU ?01/05/19731973Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

Où va le PSU ?

Après Mai 68, le PSU se rangeait lui-même parmi les organisations révolutionnaires. Il eut même l'ambition un moment d'être le pivot autour duquel l'extrême gauche, si bigarrée, pourrait s'organiser et s'ordonner. Il faisait en tous cas tout ce qu'il pouvait pour ne pas perdre le contact avec les groupes d'extrême gauche et rester à leurs côtés même si cela lui valait quelque réprobation, allant parfois jusqu'à la rupture, de la part du PS et surtout du PCF Depuis quelque temps, imperceptiblement au début, plus ouvertement ces derniers mois, cette politique est en train de changer.

Cela s'est manifesté de manière particulièrement nette lors des récentes élections législatives. Alors que, lors d'élections partielles précédentes, le PSU avait cherché l'accord avec Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste, cette fois il n'en fut rien. Des pourparlers, entamés au dernier moment, le furent davantage pour la forme (c'est-à-dire pour permettre à la direction du PSU de répondre aux éventuelles questions de certains de ses militants) qu'avec la volonté d'aboutir à un accord quelconque.

De toute évidence, le PSU ne voulait pas se compromettre avec les trotskystes. Certes, Rocard avait plus de chance de conserver son siège de député - qu'il a malgré tout perdu - ou Le Foll de reconquérir le sien - ce qu'il a réussi - en s'alliant avec l'Union de la Gauche qu'avec les révolutionnaires. Mais ce n'était pas simple opportunisme électoral. Les prises de positions du PSU, et notamment de son secrétaire général, soulignant les côtés positifs du programme commun, les accords passés avec PS, PCF et Radicaux entre les deux tours, et même en ce qui concerne le PS et les Radicaux avant le premier tour (ils renoncèrent à présenter un candidat contre Rocard), la déclaration commune signée avec ces trois partis avant le second tour enfin, tout cela indique bien une orientation politique.

Elle a été confirmée le Premier Mai. Les deux années précédentes, à Paris du moins, le PSU avait participé à la manifestation indépendante organisée par les gauchistes. Cette année, et bien que le cortège des révolutionnaires rejoignait, contrairement aux années précédentes, celui des syndicats, le PSU refusa de s'y joindre.

Le PSU prend donc ses distances d'avec les gauchistes. Est-ce parce qu'il a perdu au cours de l'année 1972 une partie de ceux qui constituaient son aile gauche, maoïstes ou trotskystes, certains allant constituer un nouveau groupe avec la Gauche Révolutionnaire, d'autres rejoignant la Ligue Communiste ou Révolution ? L'équilibre maintenu depuis 1968 aurait-il été rompu ainsi en faveur de la droite ? Mais le PSU n'a-t-il pas perdu aussi de ce côté, pratiquement dans le même temps, bon nombre de ses membres qui sont allés rejoindre le nouveau PS ? N'est-ce pas donc plutôt à cause de cette nouvelle orientation qu'une grande partie de l'extrême gauche a dû s'en aller ?

Et, ce pas à droite, que signifie-t-il ? N'est-il qu'une des oscillations du PSU, parmi d'autres passées ou à venir ? Ou bien ce parti est-il en train de reprendre son ancienne place, qu'il avait un moment perdue, sur l'échiquier politique ?

D'ou vient le PSU ?

Pour saisir la véritable nature du PSU il est indispensable de se reporter à ses origines et de considérer quels étaient ses buts, son programme et sa politique avant Mai 1968.

Trois groupes, principaux sont à l'origine du PS U. : la Nouvelle Gauche, le M. L. P. (Mouvement de Libération Populaire) et le PSA. (Parti Socialiste Autonome). La Nouvelle Gauche était formée d'un amalgame assez hétéroclite de gens, principalement des intellectuels, qui refusaient à la fois la SFIO et le PCF et parmi lesquels on retrouvait d'ex-trotskystes en rupture de Quatrième Internationale et d'anciens opposants du PCF bien souvent mal destalinisés.

L'Union de la Gauche Socialiste naquit de l'alliance de cette Nouvelle Gauche avec le M.L.P. Celui-ci était formé de chrétiens. Il comptait cependant dans ses rangs un certain nombre de militants syndicalistes. Cet apport a marqué le PSU et le marque encore. Non seulement il a lié le PSU à la CFDT, mais il lui a donné une figure à part dans une gauche française de tradition laïque, anticléricale et libre-penseuse. Et Michel Rocard pouvait déclarer, il y a quelques mois encore, à l'occasion d'un débat sur la possibilité pour les prêtres d'accéder à un poste dans l'enseignement public, que le PSU envisageait le problème d'une manière particulière... car il comptait dans ses rangs une majorité de croyants.

Un peu plus tard, l'UGS. s'unifiait avec le PSA. pour donner naissance au PSU Le PSA. était un petit morceau de la SFIO. Il s'en était détaché en s'opposant à la politique algérienne de celle-ci - en 1956 Guy Mollet, leader de la SFIO devenu chef du gouvernement, aggravait la guerre en Algérie et y envoyait les rappelés - puis à sa politique pro-gaulliste - le même Guy Mollet fut de ceux qui allèrent chercher de Gaulle en 1958 et accepta d'en être le ministre dans les premiers temps de la Cinquième République.

En fait, le PSA. était un groupe de notables sociaux-démocrates, anciens ministres comme Depreux, Tanguy-Prigent ou Auban, députés, maires ou conseillers municipaux, en bref, un bout de l'appareil de la SFIO, qui tentaient de préserver l'avenir.

Après plus de douze ans de participation à la plupart des gouvernements de la Quatrième République, avec toutes les responsabilités dans la poursuite des guerres coloniales d'Indochine ou d'Algérie, et les compromissions avec les partis de droite que cela implique, avec pour finir la compromission avec le gaullisme, la SFIO était fort déconsidérée. Son influence électorale, critère décisif pour tout politicien bourgeois, fût-il de gauche, ne faisait que décroître inexorablement.

Depreux et ses amis estimèrent donc qu'il était opportun d'abandonner la vieille maison. Ils n'étaient pas moins compromis que les autres, ni moins responsables dans la politique de la SFIO. Ils bénéficiaient simplement de la réputation d'en constituer la gauche. Et, en s'en démarquant à temps, ils espéraient se sauver de la débâcle dont on pouvait se demander si elle n'était pas toute proche.

Ils ne furent d'ailleurs pas les seuls, dans cette période, à estimer que les vieilles formations de la gauche non-communiste avaient fait leur temps, et qu'il fallait refaire du neuf... même si c'était avec de vieux politiciens. Mendès-France lui-même, ex-président du Conseil, abandonna un peu plus tard le Parti Radical pour s'inscrire au PSU. Son projet politique, dont il ne faisait guère mystère, était de fonder un grand parti de la gauche non-communiste, susceptible de faire pièce au PCF Pour cela il fallait donner l'impression de faire du nouveau, secouer les vieux appareils, les forcer à s'unir et à se transformer. C'était en somme un projet similaire à celui que s'efforce de réaliser aujourd'hui Mitterrand avec le nouveau PS A l'époque la SFIO ne se prêta pas à une opération comme celle qu'a réussi Mitterrand il y a deux ans. Peut-être n'était-elle pas descendue assez bas ! En tous cas le PSU put paraître un moment à Mendès-France sinon comme l'embryon de ce nouveau parti de toute la gauche non-communiste, du moins susceptible de l'aider à le construire.

Ce sont donc ces notables SFIO qui servirent d'axe au nouveau parti. Ce sont eux qui lui donnèrent ici ou là une implantation locale, quelques municipalités, quelques députés même, comme en Bretagne par exemple. C'est d'ailleurs le plus connu d'entre eux, Edouard Depreux, ex-ministre de l'intérieur, qui devait devenir secrétaire général du parti. Michel Rocard lui-même, qui lui succéda, venait des Jeunesses Socialistes, c'est-à-dire du même courant. Au départ le PSU fondamentalement ne fut donc rien d'autre qu'une fraction de la Social-Démocratie complétée par des chrétiens progressistes et des syndicalistes chrétiens.

Et ce n'est que secondairement que le PSU se nourrit des faiblesses et des défauts du PCF et de la faillite des organisations révolutionnaires, plus particulièrement de la Quatrième Internationale. Certes, quelques militants du PCF, déçus de la passivité de leur parti, devant la guerre d'Algérie notamment, rejoignirent alors le PSU.. De même un certain nombre de trotskystes sans que l'on sache trop d'ailleurs s'il s'agissait de gens qui abandonnaient le camp de la révolution, ou de militants révolutionnaires cherchant, à la suite de l'échec du PCI, éparpillé aux quatre vents après 1948, les voies et les moyens de reconstruire un parti révolutionnaire et qui voyaient dans le PSU une possibilité de continuer leur travail militant.

Mais, fondamentalement, l'apport des uns et des autres ne changea rien à la nature social-démocrate du PSU. Au mieux ils lui donnèrent un style, animèrent d'interminables débats qui ne débouchaient sur rien et lui fournirent quelques colleurs d'affiches et distributeurs de tracts, plus ou moins dévoués, type de militants que la SFIO ne possède plus guère et qu'elle ne se soucie d'ailleurs plus d'avoir dans ses rangs.

Certes, durant les dernières années de la guerre d'Algérie, le PSU put paraître non seulement à la gauche de la SFIO, ce qui n'était en rien un critère, mais aussi à celle du PCF Ce n'était, hélas, pas davantage un critère de politique révolutionnaire, le PCF étant d'une apathie totale, et se refusant même pendant longtemps à parler du droit à l'indépendance de l'Algérie, condamnant ceux de ses membres qui cherchaient dans l'insoumission ou le refus de servir en Algérie une solution que la politique de leur parti ne leur offrait pas. Face à cela il suffit au PSU d'apporter son soutien aux formes de refus individuelles et son appui aux déserteurs ou aux réseaux de soutien au FLN, pour apparaître comme un modèle de radicalisme. Face au PCF il l'était. Mais sa politique, qui ne visait pas à provoquer une mobilisation des masses françaises et notamment de la classe ouvrière contre la guerre, n'était pourtant en rien une politique révolutionnaire prolétarienne.

Et la guerre finie, les accords d'Evian signés, le PSU revint à sa vraie place, et se trouva dès lors privé de son principal attrait auprès de tous ceux que l'inertie de la gauche écœurait. Ses effectifs diminuèrent. Il n'apparut plus guère que comme un petit parti coincé entre la SFIO et le PCF, dont le programme et la raison d'être essentiels étaient de servir de trait d'union entre les deux.

Un PSU révolutionnaire ?

Mai 68 devait fournir un second souffle au PSU Yvan Craipeau, ancien dirigeant du PCI, l'un des leaders de la tendance trotskyste du PSU et qui est d'ailleurs demeuré au sein de ce parti alors qu'une bonne partie de cette tendance le quittait il y a quelques mois, écrit dans son livre Le mouvement trotskyste en France : « Le PSU a pourtant su à son cinquième congrès rompre avec sa direction et refuser l'entrée déguisée qu'on lui proposait dans la F.G,D.S.. La logique de sa nouvelle orientation le conduisait alors dans la voie révolutionnaire » .

En fait, le refus d'adhérer, directement ou indirectement, à la FGDS avant 1968, n'a rien à voir avec une quelconque orientation révolutionnaire. La FGDS, tentative de regroupement de la gauche non-communiste, SFIO, Radicaux, Convention des Institutions Républicaines, par Mitterrand et autour de Mitterrand, se heurta, comme toutes les tentatives semblables, à une série d'oppositions. Ni les hommes ni les appareils politiques n'acceptaient aisément de faire passer leurs intérêts particuliers derrière l'intérêt général, fut-ce celui de la gauche non-communiste toute entière, et de s'effacer derrière Mitterrand. Ils l'acceptèrent d'ailleurs si peu que la FGDS finit par disparaître.

Le refus du PSU, qui comptait alors dans ses rangs un Mendès-France, qui avait lui aussi des ambitions en la matière, fut simplement le refus de se saborder d'hommes et d'un petit appareil politique, qui avaient toujours l'espoir de jouer un rôle plus important. Les raisons qu'avaient les militants révolutionnaires au sein du PSU de repousser la FGDS ne furent là que pour servir de couverture à cette raison plus fondamentale.

Ce sont les circonstances - et non une orientation définie d'avance - qui ont amené le PSU à se gauchir en Mai 68. Et il l'a fait pour deux raisons essentielles.

Tout d'abord - comme au temps de la guerre sa faible implantation et son faible impacti sur les événements lui permettaient d'aller beaucoup plus loin que des formations plus importantes que lui, et en premier lieu le PCF La même chose est arrivée, toutes proportions gardées, à la C F.D.T., qui elle aussi put se permettre d'aller plus loin, en paroles du moins, dans la mesure où la CGTpar son poids suffisait à bloquer la situation. En quelque sorte le souffle de Mai 68 emporta le plus loin les organisations et les appareils dont le poids social et politique était le plus léger.

D'autre part, Mai 68 vit surtout une radicalisation de la jeunesse étudiante. C'était là l'une des bases du PSU, par UNEF interposée. Il en subit alors forcément la pression.

Certes, après Mai 68, beaucoup de « gauchistes » adhérèrent au PSU. Celui-ci apparaissait -au milieu d'un fourmillement de groupes anarchistes, maoïstes et trotskystes, incapables de s'unir comme beaucoup l'avaient espéré un instant pour former un parti révolutionnaire -comme la plus puissante de ces organisations, la seule qui pouvait faire figure de parti.

Mais est-ce à dire que le PSU social-démocrate était devenu révolutionnaire ? Que, comme l'écrit Craipeau, « Ie PSU sortait de la crise profondément transformé par l'adhésion de milliers de combattants de mai (et en même temps le retrait des réformistes et d'abord de Mendès-France) » . Un parti n'est pas la somme des illusions que peuvent avoir ses militants ou une partie de ses militants sur lui. Sinon le PCF n'aurait, lui, jamais cessé d'être tout ce qu'il y a de plus révolutionnaire.

En fait, le PSU demeurait suivant l'expression employée par Craipeau lui-même lors du congrès du parti qui suivit Mai 68, « le cul entre deux chaises ». Bien que Craipeau dise maintenant, des thèses qui sortirent de ce congrès et qu'il dénonçait si vertement alors, « qu'on ne peut nier leur cohérence interne ni l'effort qu'elles traduisent pour appréhender la réalité selon la méthode marxiste » son mot, qui fit alors scandale, dépeignait bien la situation.

En effet, exactement comme avant 1968 le PSU se voulait le trait d'union entre le PCF et la SFIO, après 68, il trouva sa justification et sa raison d'être dans une situation à mi-chemin entre la gauche non-communiste, le PCF et les gauchistes. Et depuis il a vécu, tant sa vocation est d'être en quelque sorte un parti « en creux », des faiblesses et des défauts des trois grands courants politiques qui se partagent la gauche et l'extrême gauche de ce pays : l'incapacité de la gauche non-communiste à constituer un parti à vocation majoritaire qui puisse prétendre à gouverner le pays à l'exemple des partis sociaux-démocrates anglais ou allemand, l'impasse politique du PCF qui n'a d'autre perspective que de s'intégrer complètement dans le jeu politique de la société et de l'État bourgeois français mais qui en est empêché par sa nature de parti stalinien, la faiblesse, l'opportunisme et le sectarisme du mouvement révolutionnaire.

Quel est l'avenir du PSU ?

Aujourd'hui trois raisons militent pour la disparition du PSU.

Tout d'abord autour de Mitterrand un nouveau Parti Socialiste s'est créé. Il n'a certes pas encore atteint tout son but. Il n'a pas regroupé toute la gauche non-communiste. Il n'a pas encore fait la preuve qu'il pouvait être plus important que le PCF, sur le plan électoral en particulier. Mais, depuis sa création, il a obtenu des résultats encourageants dans ce sens. Ainsi les récents résultats des élections législatives ont montré que sur ce plan il avait repris du poil de la bête, qu'il refaisait presque jeu égal avec le PCF, en tous cas si l'on ajoute aux voix du PS celles de ses alliés radicaux de gauche. Il a surtout réussi à apparaître comme une force nouvelle, qui peut caresser l'espoir de parvenir au pouvoir dans le cadre même des institutions de la Cinquième République. Enfin, il attire à nouveau un certain nombre de gens, comme des syndicalistes de la CFDT par exemple... qui étaient de ceux qu'attirait le PSU jusque-là. Bref, cette vieille machine essoufflée et en perte de vitesse qu'était la SFIO a fait place à un PS sinon flambant neuf, du moins assez retapé pour faire bonne figure.

Mais alors il n'y a plus de raison essentielle et fondamentale pour qu'un bout de l'appareil social-démocrate continue à se tenir à l'écart. D'autant plus que les perspectives qu'offre un PS nouvelle manière sont maintenant bien meilleures que celles d'un petit PSU : Rocard en sait quelque chose quand il compare son sort électoral à celui d'un Chevènement par exemple ! Comme, d'autre part, ce PS, dans la tradition de la SFIO d'ailleurs, est tout à fait capable de laisser des tendances dites de gauche se manifester en son sein, même les prétextes idéologiques qui justifiaient l'existence d'un PSU sont en train de disparaître. Ainsi, on peut voir le CERES reprendre aujourd'hui à son compte une bonne part des théories et des discussions du PSU, notamment sur l'autogestion. Si demain le PSU veut rejoindre le PS, il a d'ores et déjà le prétexte tout trouvé pour le faire. Et c'est bien la conclusion à laquelle sont parvenus Martinet et ses amis de l'aile droite qui ont rejoint ces derniers temps le PS

Ensuite, il y a le pacte d'unité entre le PS et le PCF, concrétisé par la signature du Programme Commun, et leur alliance électorale aux dernières législatives. Longtemps le rôle du PSU fut d'être le héraut de l'unité de la gauche. Aujourd'hui cette unité est faite, du moins aussi loin qu'elle peut aller compte tenu de la nature du PS et du PCF. Mais elle n'est pas faite autour du PSU. Elle est même faite sans qu'il y joue le moindre rôle. C'était peutêtre prévisible puisque ce qui peut compter en la matière c'est le poids respectif des différents partenaires et non pas l'ancienneté dans les intentions et les déclarations unitaires. Mais pour le PSU une unité PS-PCF qui se fait sans lui se fait contre lui. Les dernières élections législatives l'ont montré durant lesquelles le PSU, après avoir fait mine de faire cavalier seul %'eut entre les deux tours que le recours de se rallier quasiment à l'Union de la Gauche, seule possibilité pour lui de conserver un siège au Parlement.

Enfin, il y a l'existence d'organisations révolutionnaires sur sa gauche qui apparaissent de plus en plus fortes. Certes il n'existe pas encore de parti révolutionnaire. Mais Lutte Ouvrière ou la Ligue Communiste - pour ne citer qu'elles - sont maintenant de taille à concurrencer le PSU quant à l'impact et au poids qu'elles peuvent avoir dans n'importe quelle bataille politique dans ce pays. On l'a vu lors des récents mouvements des étudiants, lycéens et jeunes des CET. Dans celui-ci à des degrés divers la Ligue Communiste, Révolution, l'AJS, Lutte Ouvrière, d'autres groupes révolutionnaires plus petits même, sont apparus et ont joué un rôle. Le PSU a été totalement absent. Mais c'est même vrai maintenant sur le plan électoral, qui était pourtant jusqu'ici celui ou le PSU pouvait affirmer son existence et son importance face aux groupes révolutionnaires. Ainsi lors des dernières législatives le nombre des suffrages qui se sont portés sur les candidats révolutionnaires de la Ligue Communiste et de Lutte Ouvrière n'est pas si loin de celui qu'ont obtenu les candidats du PSU La seule raison qui fit la faveur du PSU après 1968 dans le milieu gauchiste est donc en train, elle aussi, de disparaître.

Tout cela veut-il dire que les jours du PSU sont comptés et qu'il ne reste plus qu'à l'enterrer ? Ce serait aller trop vite en besogne.

D'abord le PSU, comme tout appareil et tout groupe politique un peu structuré peut fort bien vivre et se survivre longtemps, indépendamment des circonstances qui lui ont donné naissance.

Surtout le contexte politique tel qu'il apparaît aujourd'hui n'est pas figé. Il peut changer. Les jeux sont loin d'être faits. De nouvelles circonstances peuvent à nouveau survenir qui redonnent une raison d'être au PSU Comme il y a eu l'Algérie, puis Mai 68. D'ailleurs le Parti Socialiste nouvelle manière est encore fragile et menacé tant de l'intérieur que de l'extérieur ; l'unité du PS et du PCF, maintenant que nous sommes hors période électorale, peut subir bien des avatars ; le parti révolutionnaire est encore à construire.

Ce qui est sûr en tous cas c'est que l'avenir du PSU en tant que tel ne dépend pratiquement pas du PSU lui-même mais de toutes les forces politiques qui l'entourent. Ce qui est sûr également c'est que le PSU ne mourra pas d'une hémorragie de militants sur sa gauche. Car ce ne sont pas les militants révolutionnaires qui ont donné naissance au PSU ou l'ont maintenu en vie.

D'autres peuvent encore le quitter pour rejoindre la Ligue Communiste ou Révolution ou former un nouveau groupe gauchiste. Cela peut affaiblir un peu plus le PSU et rendre encore moins crédible l'image qu'il voudrait donner de lui-même. Mais cela ne peut le tuer. Chacun de ceux qui le quitte sur sa gauche peut bien proclamer en s'en allant que le PSU est cette fois bien fini. Leur sortie ne marque pas la mort du PSU mais, au mieux, celle de leurs illusions sur lui.

La fin du PSU, ce ne peut être que le retour au bercail de sa fraction social-démocrate, c'est-à-dire l'adhésion de son groupe dirigeant au nouveau Parti Socialiste. Elle est inscrite dans la logique des choses et dans la nature du PSU Seuls les délais en sont imprévisibles. A ce moment-là l'aventure du PSU aura effectivement vécu.

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