La crise de l'énergie une pénurie organisée par les trusts pétroliers01/12/19731973Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

La crise de l'énergie une pénurie organisée par les trusts pétroliers

La vaste supercherie montée autour de la crise du pétrole prend des proportions gigantesques. Le monde occidental s'installe, pays après pays, dans la pénurie organisée. Les uns imposent des mesures de contrainte, interdisant ici la circulation des véhicules automobiles certains jours de la semaine, limitant là les vitesses, pratiquant ailleurs des coupures de courant. Les tickets de rationnement sortent des réserves. Même là où aucune mesure de contrainte n'est encore prise, de vastes campagnes, officielles ou officieuses, sont destinées à inciter les citoyens à plus de modération dans la consommation de l'énergie sous toutes ses formes.

Bien avant que la psychose de la pénurie d'énergie ne frappe l'Europe occidentale, les automobilistes américains étaient incités à limiter leur vitesse afin de consommer moins de carburant. La campagne publicitaire était financée par les grandes compagnies pétrolières. Fait paradoxal si l'on cherche les raisons de la crise là où elles ne sont pas. Fait parfaitement logique dès lors que l'on écarte l'écran de fumée dont on entoure toute la question.

Laissons de côté les arguments circonstanciels de la campagne d'intoxication visant les pays producteurs du Moyen-Orient. Certes, l'utilisation circonstancielle de « l'arme du pétrole » dans le conflit du Moyen-Orient épaissit encore l'écran de fumée. Mais pourquoi donc y aurait-il pénurie dans les pays qui ne s'approvisionnent pas du tout ou peu au Moyen-Orient ? Pourquoi surtout la campagne pour économiser l'énergie a-t-elle été lancée aux États-Unis en particulier, bien avant que Fayçal ne s'avise de serrer un peu les robinets pour amener certains pays à un peu plus de compréhension envers les positions arabes ? En réalité, non seulement cette attitude des pays arabes n'explique rien, mais encore, c'est elle qui nécessite une explication : en particulier, comment se fait-il que ce même Fayçal qui n'a jamais manifesté aucun penchant pour la guerre - pas même pétrolière - contre l'impérialisme et qui est lié par mille liens à la société d'exploitation pétrolière A.R.A.M.C.O., a pu se transformer subitement en porte-drapeau du nationalisme arabe sans pour autant se brouiller le moins du monde avec ses amis les trusts américains du pétrole ?

Au-delà de ces arguments circonstanciels qui tentent de jouer sur les sentiments xénophobes et anti-arabes les plus bas, les arguments de fond de la campagne d'intoxication tournent autour de l'idée que la pénurie actuelle est la première manifestation de l'épuisement général des ressources énergétiques, et, en particulier, pétrolières.

C'est absurde. Même si les réserves actuellement connues et exploitables dans les conditions actuelles de rentabilité doivent s'épuiser un jour, ce jour-là est, de l'avis général, éloigné de trente à quarante ans. Pourquoi alors la nécessité immédiate et brutale des limitations, pourquoi le soudain besoin d'augmenter les prix ?

De surcroît, se fonder sur l'état actuel des réserves connues est un non-sens. Les compagnies n'ont aucun intérêt à procéder à des investissements coûteux dans la prospection au-delà de cette marge de sécurité d'une quarantaine d'années de réserves. Seule une faible partie des réserves probables a donc pu être explorée de façon intensive (sur les quelque deux millions de puits forés depuis le début de l'extraction industrielle du pétrole, 5 % seulement l'avaient été en dehors des zones pétrolières des États-Unis et de leur prolongement vénézuélien). Les réserves estimées permettent de faire face à trois siècles de consommation environ, délai amplement suffisant pour que d'autres formes d'énergie, déjà connues, prennent le relais ; ou que d'autres encore, insoupçonnées aujourd'hui apparaissent.

Si le seul objectif était donc la satisfaction des besoins énergétiques au mieux des intérêts de la société, il n'y aurait pas l'ombre d'un problème de pénurie. Mais l'objectif de ceux qui tiennent l'appareil de production, de transformation, de transport et de distribution du pétrole n'est pas d'assurer l'approvisionnement des besoins énergétiques de l'économie, mais de réaliser un certain profit. Pas même le profit moyen, mais un surprofit propre à un secteur économique dominé par des monopoles. Et c'est bien là le fond du problème.

La pénurie actuelle n'est pas une pénurie naturelle. C'est une pénurie artificielle, organisée par les grandes compagnies pétrolières (américaines pour la plupart) pour pouvoir augmenter leurs prix et partant, leurs profits, sans devoir procéder immédiatement à des investissements que la satisfaction d'une demande sans cesse croissante rend nécessaires.

Le malthusianisme que l'on impose aux consommateurs n'a aucun fondement dans la nature, mais il en a dans l'organisation économique. Il est, sur le plan général, la conséquence de la domination des monopoles sur le secteur du pétrole : il est une pratique inhérente aux monopoles pour lesquels il constitue un moyen privilégié dans leur lutte contre la baisse du taux de profit.

La domination des compagnies pétrolières

Le marché du pétrole est le type même du marché dominé par des monopoles internationaux gigantesques. Depuis la constitution de l'empire pétrolier de Rockfeller à la fin du siècle dernier, il n'a jamais cessé de l'être. L'extension de l'utilisation du pétrole au détriment d'autres sources d'énergie a, en même temps, été le développement des grands trusts pétroliers, intégrant verticalement toutes les phases, de la production à la distribution.

Au début des années 1970, les sept plus importantes compagnies, les « majors », représentaient 60 % de la production mondiale, 56 % du raffinage et 55 % de la distribution.

La domination des « majors » va même bien au-delà de ces chiffres. A l'exception de quelques grandes sociétés américaines indépendantes et de quelques sociétés d'État, le reste de la production et du raffinage est dispersé, entre une kyrielle de petites sociétés, implantées aux seuls États-Unis, et maintenues en activité artificiellement par la volonté des grands qui s'assurent ainsi un profit différentiel supplémentaire en temps normal, et constituent un volant de sécurité pour des périodes difficiles.

Mais surtout, les sept « majors » sont regroupés dans un cartel de fait. Celui-ci a pour objet de mettre en commun les réserves les plus importantes et de les exploiter ensemble par l'intermédiaire de filiales communes ; d'imposer au marché des prix uniformes définis d'un accord commun de manière à éviter que les profits soient menacés par une guerre des prix ; de conclure enfin des ententes visant à contingenter la production de manière à maintenir des prix élevés.

De surcroît, si une guerre larvée oppose le cartel aux sociétés pétrolières indépendantes, ces dernières, grands groupes américains pour la plupart, respectent en général les règles du jeu des « majors ».

Le monopole quasi-total des grandes sociétés, du cartel plus des grandes « indépendantes », sur les industries de transformation, leur assure un surprofit considérable. A cela s'ajoute encore une rente différentielle au niveau de la production, due à ce que les meilleurs champs pétrolifères sont dominés par les grands - la production du Moyen-Orient est contrôlée à raison de 90 % par les seuls « majors » - alors même que les prix du pétrole brut ont été maintenus pendant longtemps à un niveau tel que les puits nettement moins rentables des petits producteurs américains pouvaient encore être exploités. Pendant longtemps le cartel a réussi à imposer pour la définition du prix que tout pétrole, en quelque point du globe qu'il fût extrait, soit considéré fictivement comme ayant été produit du côté du golfe du Mexique et que son prix soit en conséquence égal à celui du pétrole produit par des puits relativement peu rentables, augmenté de surcroît d'un fret fictif ! Le monopole du cartel n'a pas été total, la pratique a dû être abandonnée, ce qui a entraîné une baisse relative du prix du pétrole du Moyen-Orient. Mettre fin à cet écart-des prix, aligner de nouveau les prix mondiaux sur ceux des États-Unis, c'est certainement un des objectifs que les compagnies espèrent atteindre en profitant des hausses actuelles du pétrole du Moyen-Orient.

En tous les cas, les effets cumulés du monopole sur les industries de transformation et sur les ressources garantissent aux compagnies pétrolières un surprofit considérable. Surprofit difficile à estimer et encore plus à mesurer ; néanmoins il est considéré que ce surprofit est égal au prix de production total - donc comprenant déjà le profit moyen - du produit fini, augmenté d'environ 50 %.

Ce surprofit élevé engendre des bénéfices d'autant plus fabuleux que la consommation du pétrole n'a pas cessé de gagner du terrain au détriment des autres sources d'énergie, le charbon en particulier. Loin derrière le charbon au lendemain de la guerre, le pétrole assure aujourd'hui 45 % des besoins énergétiques des États-Unis, 56 % de l'Europe, 70 % du Japon. Grâce à l'accroissement rapide de la part du pétrole dans la consommation énergétique, la domination des grandes compagnies sur le pétrole est en'passe de se transformer en domination sur l'énergie tout court. Cette domination, acquise grâce au pétrole, les grandes compagnies ne tiennent pas à la perdre par un déplacement de la consommation vers d'autres formes de l'énergie. C'est, on le verra, une de leurs préoccupations dans la campagne malthusienne engagée à l'heure actuelle.

L'extension spectaculaire du pétrole au détriment du charbon, due pour l'essentiel à une plus grande rentabilité du premier, aurait pu être bien plus importante encore, si les grandes compagnies n'avaient mené, de tout temps, une politique malthusienne. Maintenir des prix élevés par rapport à des coûts particulièrement bas, comparativement au charbon par exemple, nécessitait une surveillance, une limitation constante de l'offre, donc des pratiques malthusiennes. L'exemple le plus spectaculaire de ce type d'intervention fut donné aux États-Unis dans les années trente lors de la découverte de gisements particulièrement rentables dans le Texas, dans une région non soumise à un monopole : une multitude de petites sociétés se sont créées, l'économie concurrentielle s'est engouffrée dans un secteur jusqu'alors dominé par les monopoles, les prix se sont effondrés. C'est finalement l'État américain qui a sauvé le surprofit des grandes compagnies, en imposant un prix officiel, en interdisant toute baisse, et en imposant à toutes les sociétés petites et grandes un quota maximum de production.

Le système des quotas de production est toujours en vigueur : il permet à l'État américain de ne pas gaspiller trop rapidement les richesses du sous-sol, il permet à des petites compagnies de survivre et de ne pas être menacées de surproduction, il permet enfin aux grandes compagnies de continuer à vendre aux mêmes prix qu'auparavant et donc de réaliser le surprofit que l'on sait.

Comment faire payer dès aujourd'hui les prix de demain ?

Être malthusien, produire en-dessous des besoins, vendre au-dessus du prix de production, c'est le remède principal des grandes sociétés capitalistes pour combattre la baisse tendancielle du taux de profit. Le problème comme le remède ont toujours été ceux des monopoles pétroliers. Ils le sont plus encore dans une période où la croissance de la consommation, pour être satisfaite, exigerait des investissements également croissants. L'industrie du pétrole est une industrie à très haute composition organique du capital. Toute augmentation de la production nécessite des investissements considérables, pas tant au niveau de la production qu'au niveau de la transformation et du transport. Pour lancer sur le marché une tonne supplémentaire du pétrole par an on estime qu'il faut investir en capital fixe environ 4 ou 5 fois son prix. Depuis la fin des années 1960, la croissance des investissements a décroché par rapport à la croissance de la demande (2,6 % contre 10 % par exemple entre 1968 et 1970). Or les investissements qui sont, aujourd'hui, considérés comme nécessaires pour faire face à la demande croissante des années à venir, sont de l'ordre de 1 000 milliards de dollars. Étalés sur dix ans, ces investissements exigent de la part des compagnies pétrolières une dépense annuelle égale au double du budget annuel de la France !

La capacité de l'appareil de production et des moyens de transport (pétroliers, pipe-1ines, etc ... ) n'est pas illimitée. L'accroissement continu de la consommation met les monopoles soit dans l'obligation de procéder à ces investissements considérables pour faire face à la demande - soit dans celle de profiter de cette tension sur la demande pour augmenter leurs prix, sans augmenter la production.

Les compagnies avaient toutes les raisons de profiter de leur situation de monopole pour choisir le second terme de l'alternative. Dès lors, la stratégie des compagnies était définie. La campagne de presse, lancée depuis plus d'un an, axée sur l'angoisse d'une proche pénurie naturelle, en constitue la préparation psychologique. Il s'agit d'habituer le consommateur à une pénurie que rien ne justifie hormis la volonté des compagnies de limiter leurs investissements. Il s'agit également de faire accepter aux consommateurs qu'ils paient dès aujourd'hui - alors que les conditions d'exploitation n'ont encore changé en rien - l'énergie nettement plus chère.

Un tel choix a de multiples avantages pour les compagnies. D'abord de dégager par auto-financement et par avance de quoi financer les investissements futurs dans le secteur pétrolier lui-même. D'autre part d'étendre leur mainmise sur les autres formes d'énergie susceptibles demain ou après-demain de concurrencer le pétrole ; ce qui, à son tour, nécessite des investissements. Quelles que soient les possibilités financières énormes des compagnies, elles auraient du mal à trouver l'argent nécessaire pour financer leur expansion dans ces deux directions à la fois. Pourtant, elles ne manquent pas d'idées lorsqu'il s'agit de trouver de l'argent frais pour accroître leurs investissements : c'est ainsi qu'elles sont parvenues même à récupérer les royalties qu'elles versent aux sultans et émirs arabes en les incitant à acheter... leurs propres actions. Ce que la propagande imbécile considère comme un exemple typique de « colonialisme à rebours » des potentats arabes est en fait un moyen astucieux des compagnies visant à réutiliser de l'argent qu'elles avaient déjà dépensé une fois.

De surcroît, le moyen utilisé par les compagnies pour dégager par avance de quoi financer les investissements futurs - augmentation du prix du pétrole sans augmentation de la production - valorise tout de suite certains investissements qui, sans cela, ne seraient pas pour l'instant rentables.

En effet, l'augmentation du prix du pétrole ne permet pas seulement de dégager un surprofit supplémentaire en exploitant les gisements les plus rentables, ceux du Moyen-Orient en particulier, dans les conditions antérieures des coûts, mais en vendant nettement plus cher, cela rendra rentable l'exploitation d'autres gisements, moins riches, situés en général sur le sol américain et, soit abandonnés, soit non encore exploités. Comme par exemple les gisements moins rentables de l'Alaska, ou encore les gisements sous-marins. Comme encore l'exploitation de gisements abandonnés, faute de pression suffisante de gaz pour expulser le pétrole, gisements qui peuvent pourtant contenir jusqu'à 80 % de leurs réserves d'origine, quantités récupérables à condition d'utiliser un équipement adéquat, donc d'y mettre le prix. Comme enfin l'exploitation de gisements non classiques, tels par exemple les schistes bitumineux ou les sables asphaltiques, gisements dont les plus importants se trouvent également sur le sol des USA ou du Canada et qui intéressent fort les compagnies pétrolières.

Enfin, si cette source d'énergie bon marché qu'est le pétrole augmente suffisamment de prix, son ancien rival, le charbon, peut renaître de l'abandon où l'a laissé la course au plus grand profit. D'une part, dans un certain nombre de secteurs où le pétrole s'est substitué au charbon, ce dernier, si son prix de revient est à nouveau comparable à celui du produit pétrolier, peut réoccuper sa place perdue. D'autre part, dès que les procédés de fabrication, tels que la distillation par exemple, deviendront compétitifs, il sera loisible de fabriquer à partir du charbon des produits de substitution aux produits pétroliers.

Les compagnies pétrolières misent, consciemment, sur cette éventualité. En l'espace de deux ans, entre 1968 et 1970, elles ont mis la main sur 32 % de la production et sur 30 % des réserves de charbon des États-Unis. Pour des prix particulièrement bas, bien entendu, car à l'époque personne n'aurait parié un liard sur l'avenir du charbon. Mais il faut croire que pour les compagnies pétrolières, il ne s'agissait pas d'un pari, car elles connaissaient l'avenir, c'est-à-dire le renchérissement ultérieur du pétrole et partant, la nouvelle chance du charbon. Pas étonnant : c'est elles qui faisaient cet avenir ! Il semble donc certain qu'à cette époque déjà, alors que personne ne se serait avisé de parler de pénurie, et pour cause, leur stratégie était déjà élaborée, et n'attendait plus que le moment propice pour être mise en application.

L'augmentation du prix du pétrole aurait de la même manière comme effet de rentabiliser plus rapidement une autre source d'énergie, de l'avenir celle-là : l'énergie nucléaire. Celle-ci est encore loin d'être concurrentielle par rapport au pétrole, même dans les industries - telles les centrales électriques - ou l'une et l'autre des sources peut être utilisée indifféremment. A plus forte raison ne permet-elle pas de dégager le surprofit auquel les grandes compagnies sont habituées dans le pétrole. Pourtant justement, les grandes compagnies sont d'ores et déjà implantées dans ce secteur. Sur le marché encore limité et encore très lent à trouver son rythme d'extension des États-Unis, la Standard Oil, la Gulf Oil, le groupe Getty se sont déjà taillé la part du lion, qui dans la recherche nucléaire, qui dans la fabrication du combustible. En 1970, la part des grandes compagnies pétrolières a été estimée à 55 % dans les travaux de recherche concernant l'énergie nucléaire. Elles contrôlent 48 % des réserves connues de minerai d'uranium. Elles sont liées par de multiples liens aux grands constructeurs de centrales nucléaires. Rentabiliser au plus vite ce secteur les intéresse donc au plus haut point.

Voilà donc, derrière le brouillard artificiel, derrière les lamentations sur la pénurie entretenue, le sens des grandes manoeuvres des compagnies pétrolières. Grandes manoeuvres appuyées par l'État américain, car tel est son intérêt, couvertes par les autres États, car ils n'ont pas le choix ou sont aussi liés que lui aux intérêts des trusts du pétrole.

Il n'est donc nullement question dans tout cela d'épuisement naturel des réserves énergétiques. Il n'est pas plus question d'une tentative d'utiliser des ressources énergétiques plus intéressantes du point de vue des besoins des hommes. Il est question de la tentative des grands trusts du pétrole de freiner la baisse tendancielle du taux de profit par une politique pétrolière malthusienne. Il est encore question d'étendre l'empire des grandes compagnies pétrolières au-delà du pétrole, sur toutes les formes d'énergie utilisées.

Toute la campagne de propagande actuelle vise donc à habituer les consommateurs à un accroissement considérable des prix ainsi que, accessoirement, à ce qu'ils s'habituent à utiliser d'autres formes d'énergie que celles qui dérivent du pétrole.

Une fois de plus, comme tant de fois lorsqu'il s'agit de malthusianisme, ce n'est pas la nature qui est en cause, c'est bien la société et le mode de production capitaliste.

La crise de l'énergie et la crise tout court

La crise actuelle de l'énergie est, pour l'essentiel, indépendante de la crise qui frappe aujourd'hui le système monétaire, et qui menace de se transformer en crise des transactions commerciales Quand bien même il est vrai que l'inflation mondiale n'a pu que renforcer la volonté des grandes compagnies de procéder à une augmentation substantielle de leurs prix.

Néanmoins, la hausse massive des prix de l'énergie, comme la pénurie artificielle, auront nécessairement des répercussions sur l'ensemble de l'activité économique. Une première conséquence, immédiate celle-là, de la hausse du prix en Europe occidentale, sera d'égaliser les dépenses énergétiques de l'industrie américaine d'une part et des industries européenne ou japonaise de l'autre, Du fait du protectionnisme en vigueur sur le marché américain, les industriels américains ont payé pendant longtemps leur énergie plus cher que leurs congénères européens ou japonais. Aujourd'hui, ces derniers payent le pétrole non seulement aussi cher, mais risquent même d'en manquer. Les capitalistes américains ne peuvent considérer qu'avec sympathie une telle évolution.

Mais au-delà de cet aspect, somme toute mineur, des choses, il reste que les grandes manoeuvres des pétroliers vont dans le sens d'une limitation de la production, non seulement de la leur, mais également des industries qui dépendent sous une forme ou une autre, de leurs fournitures. Le remède des pétroliers à leurs propres problèmes agit dans le même sens que les remèdes qui restent à la disposition des nations capitalistes en général au cas où la crise monétaire tournerait vers une crise des transactions commerciales. En ce sens, la crise particulière de l'énergie risque fort de s'articuler sur la crise générale de l'économie.

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