« Voix Ouvrière » est hebdomadaire01/12/19671967Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

« Voix Ouvrière » est hebdomadaire

Cet article est l'éditorial du N°1 de la VOIX OUVRIERE hebdomadaire daté du 29 novembre 1967.

Pour les militants, pour les travailleurs révolutionnaires, pour tous ceux que ce journal unit, c'est une victoire.

Bien sûr, ce n'est pas une victoire déterminante, de celles qui changeraient irrémédiablement le rapport des forces entre les militants révolutionnaires et tous ceux - vrais ennemis ou faux amis - qui cherchent à maintenir le monde du travail sous le talon de fer de l'exploitation capitaliste.

Mais c'est une victoire quand même. Rappelons que ce journal, VOIX OUVRIÈRE, qui paraissait depuis quatre ans deux fois par mois et qui paraîtra dorénavant toutes les semaines, est appuyé sur un travail bien plus large, bien plus profond, dont il n'est que le reflet imparfait. VOIX OUVRIÈRE n'est pas seulement le titre du présent journal, c'est aussi le titre commun de bulletins d'entreprises, de feuilles d'usines, rédigées par des travailleurs, des militants ouvriers, qui savent que l'abolition du salariat viendra de la révolution sociale et non de la conquête de quelques postes ministériels par des représentants patentés de la classe ouvrière. Ces bulletins, peu nombreux au départ, se sont donné pour tâche d'exposer le point de vue ces révolutionnaires sur tous les faits de l'exploitation quotidienne dans les entreprises et dans le monde.

Dès le départ, ils rencontrèrent un grand succès d'estime auprès des travailleurs ; estime qui s'est maintenue et s'est renforcée ; estime sans laquelle ces bulletins n'auraient pas pu vivre : ils ont immédiatement réalisé contre eux l'unité des bureaucraties syndicales - qui ne peuvent supporter aucune critique venant du rang - du PCF - qui ne tolère rien sur sa gauche - du patronat - qui y retrouve avec inquiétude un langage qu'il croyait définitivement abandonné par les militants ouvriers - et de la police ou plus exactement des polices. Nos camarades eurent, pour maintenir et développer cette seule activité, à résister aux menaces et aux attaques physiques, aux injures, à la délation, aux licenciements et aux arrestations. Nous ne comptons plus en effet les camarades licenciés de leur entreprise, les agressions contre nos diffuseurs et les fois où la police est intervenue pour empêcher une diffusion de nos bulletins, appelée par les patrons, voire par le PCF ou la CGT.

Sans la sympathie que nos camarades ont rencontrée auprès des travailleurs du rang, ces modestes bulletins n'auraient certes pas pu se développer et survivre. Et c'est dans soixante des plus grandes entreprises du pays, qu'aujourd'hui des militants s'expriment par de tels bulletins. Bien que nous en citions toujours quelques-uns, il n'est pas possible de les reproduire tous et nous le regrettons. Les huit pages du présent journal ne suffiraient pas chaque semaine à reproduire ce capital d'écrits qui sont le reflet du combat quotidien que mènent des travailleurs révolutionnaires contre l'exploitation et l'abrutissement.

Ce sont tous ces soutiens qui font vivre VOIX OUVRIÈRE, qui l'alimentent des joies et des espoirs de ceux qui se sont donné pour but d'émanciper le travail : c'est le besoin d'unifier toutes ces énergies qui nécessite aujourd'hui que VOIX OUVRIÈRE paraisse toutes les semaines ; c'est le nombre croissant des travailleurs qui nous soutiennent et qui nous aident qui le lui permet.

C'est pourquoi la fierté que nous ressentons aujourd'hui de voir VOIX OUVRIÈRE devenir hebdomadaire n'est pas la satisfaction ridicule de voir doubler la surface du papier que nous faisons imprimer ; c'est la joie de voir que les idées que nous avons reprises alors que les partis soi-disant socialiste et soi-disant communiste les avaient abandonnées, rencontrent toujours un accueil favorable auprès des travailleurs, et qu'elles sont toujours bien vivantes.

Et c'est pourquoi, pour nous, c'est une victoire.

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