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Tradipartition

Koweït, Bizerte, Evian, le Sahara, le Katanga, ces noms de lieux n'ont pas de commun, malgré les distances qui les séparent, que les hasards de l'actualité qui les réunissent ces jours-ci.

Bizerte est une base maritime et militaire que l'impérialisme français conserve en territoire tunisien malgré l'indépendance politique du pays. C'est l'huissier qui lui garantit que ses créances seront honorées. C'est en même temps un revolver sur la tempe du peuple tunisien. Bourguiba en réclame périodiquement l'évacuation, sans grande conviction, c'est ce qu'il vient encore de faire.

Koweit, c'est un petit pays du Moyen-Orient qui fait géographiquement, ethniquement et en tous points partie des pays qui l'entourent, nais qui doit de mener une existence indépendante - de ses voisins mais pas de l'impérialisme anglais - au fait que ce dernier en tire 40 % de ses importations de pétrole, au fait aussi, mais c'est lié, que son voisin d'en face, l'Iran, autre fournisseur important en pétrole de l'empire britannique, s'est dressé à plusieurs reprises contre ce dernier, dans une lutte dont le point culminant a été la nationalisation des installations d'Abadan, et que ses autres voisins Irak et Arabie sont à peu près dans la même situation.

Aujourd'hui, l'Irak proclame que Koweït fait partie de son territoire et l'Angleterre s'en indigne. C'est un peu comme si l'on disait que le Préfet des Landes est un chef d'État et que ce département, par la grâce de Parentis, et de la Standard Oi1, doit vivre libre et indépendant.

Le Katanga c'est la même chose. C'est la sécession made in Union Minière de la plus riche province d'un pays dont l'accession tumultueuse à l'indépendance inquiétait les impérialistes belges.

Quant aux sables d'Evian et à l'eau de roche du Sahara, c'est encore la même chose, cela va sans dire. Partout dans le monde où des peuples, à la suite de leur propre lutte ou de la lutte de leurs voisins immédiats, accèdent à l'indépendance politique ou, lorsqu'ils étaient censés l'avoir, à une plus relative indépendance économique, la politique de l'impérialisme, quelle que soit sa nationalité, qu'il fasse la guerre ou ne la fasse pas, se ressemble à s'y méprendre. Partout, lorsqu'il ne peut faire autrement que céder sur certains points et qu'il n'est pas obligé de céder sur le tout, il tranche dans la chair des peuples, découpe des territoires, il fabrique des États indépendants rivaux où il garde des bases militaires importantes. Corée : coupée en deux. Vietnam : de même. Aux Indes, hostilités fabriquées entre Hindous et Musulmans aboutissant, après l'indépendance de l'Inde, à la création du Pakistan dont les deux moitiés se trouvent de part et d'autre du continent indien.

De Gaulle n'invente rien. Il n'est que dans la tradition des dirigeants impérialistes. Que le Sahara fasse partie ou pas du territoire algérien, qu'importe, il y a du pétrole. La partition de l'Algérie serait « impossible » et « inviable », qu'importe si l'intérêt de « La France » le commande.

Ces quelques noms sur la mappemonde montrent que l'impérialisme a partout le même aspect, qu'il est l'ennemi commun de tous les peuples et de tous les exploités.

 

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