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L'épreuve du feu

 

Depuis quelques jours, le régime castriste est soumis à l'épreuve du feu. L'hypocrisie de Kennedy qui affecte de considérer les assaillants comme des révolutionnaires authentiques déçus par Castro ne saurait masquer le fait que les USA sont derrière cette agression et que l'on assiste à une intervention identique à l'affaire du Guatemala en 1954. La seule différence étant que l'issue de la lutte ne sera peut-être pas la même.

Cette issue, on ne peut la connaître encore. Cependant, s'il se confirme que les USA n'ont agi que par personne interposée et ne font pas, dans les jours qui viennent, intervenir leurs propres troupes, il paraît exclu que le régime castriste succombe.

S'il succombait lors d'une aussi faible épreuve, ce serait l'indice que, malgré l'enthousiasme populaire qui avait accompagné sa naissance et y avait contribué, il n'a plus le soutien des masses ou qu'il hésite à le rechercher.

En effet, si ce qu'on a appelé la révolution fidéliste a créé un régime ne serait-ce qu'appuyé sur les couches les plus exploitées, s'il représente tant soit peu leurs espoirs et leurs aspirations, s'il n'a pas déçu la confiance que les masses mettaient en lui à ses débuts, si les dirigeants du régime n'hésitent réellement pas à mobiliser les travailleurs des villes et des campagnes et à les armer, alors toute la puissance militaire des États-Unis intervenant directement contre Cuba ne suffirait pas à vaincre ce petit peuple sans au moins plusieurs semaines de luttes acharnées. Dans ces conditions aucun ramassis d'émigrés ne pourra rester sur le sol cubain, hors des cimetières.

Cependant il n'est pas impossible, et c'est là l'un des drames du régime castriste, qu'il ait déçu la confiance des masses car, à échéance, il n'a le choix qu'entre le faire ou continuer la révolution jusqu'au bout. C'est peut-être ce que cette épreuve démontrera car si les quelques milliers d'hommes qui ont débarqué abattent le régime, ils ne feront que rendre spectaculaire une faillite invisible jusque là. Par contre, leur défaite ne signifiera pas grand chose car elle ne supprimera pas les difficultés que rencontre le régime. Tout au plus lui donnera-t-elle un regain de crédit et de popularité.

Cette agression n'aura alors été que l'un des épisodes de la lutte sans merci que mènent contre les peuples les grandes puissances impérialistes, quelque démocratique et libérale que soit le voile dont elles se couvrent.

Il est heureusement peu probable que les États-Unis puissent intervenir directement. Leur attitude montre indiscutablement qu'ils le feraient sans hésitation si la conjoncture internationale le leur permettait (la situation politique dans le continent sud-américain étant ici bien plus déterminante que l'attitude de l'URSS que personne ne prend au sérieux).

Cuba n'est pas une exception. Il se trouve dans la même situation que tous les pays sous-développés qui tentent à l'heure actuelle d'échapper à l'exploitation des puissances impérialistes. Tant que les mouvements sociaux dans ces pays ne se placeront pas sur le terrain de la révolution prolétarienne, ils ne pourront, sans circonstances exceptionnelles, échapper définitivement à cette exploitation.

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