Des lendemains qui chantent aux années terribles14/06/19611961Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

Des lendemains qui chantent aux années terribles

Le 22 juin 1941, il y a tout juste le temps qu'il faut pour faire une génération de soldats, l'armée allemande se lançait à l'assaut de l'Union Soviétique. Immédiatement les Allemands remportèrent des succès considérables et avancèrent au travers de la Pologne d'abord, de la Russie ensuite, pratiquement aussi vite que l'état des routes le leur permettait. L'armée rouge décapitée par les procès de 1938 allait s'effondrer et l'URSS frôler la catastrophe. La bureaucratie stalinienne était persuadée que la Russie pourrait rester en dehors de la guerre et fut prise au dépourvu par l'attaque allemande.

Cependant depuis 1933, la guerre était inéluctable et il était évident qu'elle viserait en premier lieu l'Union Soviétique. Pour se sauver, la bureaucratie au pouvoir ne fit à aucun moment appel aux masses, du moins aux sentiments révolutionnaires de celles-ci, car elle essaya lorsque c'était son intérêt d'utiliser leurs préjugés patriotiques par le biais des PC nationaux.

Pour elle, la seule solution était l'alliance avec un État bourgeois contre un autre. Effrayée lors de la venue au pouvoir des nazis, elle signa en 1935 le pacte Laval- Staline qui la liait militairement au bloc des impérialistes repus. Ce fut l'époque des Fronts Populaires, des grèves qu'il faut savoir terminer, et des « Amis de l'URSS ». Après Munich, l'URSS prit le chemin du pacte germano-soviétique qui rejetait la guerre à l'Ouest.

Aujourd'hui, la revue théorique du Parti Communiste de l'Union Soviétique, « Kommunist », accuse Staline d'avoir été le responsable de la débâcle de 1941, ce qui n'empêche pas les dirigeants soviétiques de continuer à mener la même politique et Krouchtchev de rechercher la signature d'un traité de paix garantissant la coexistence pacifique.

Toutefois, il serait faux d'attribuer cette politique dangereuse à la bêtise et à l'inintelligence des dirigeants soviétiques. De leur point de vue de bureaucrates, c'est la seule politique possible. Par sa nature même, la bureaucratie a toujours été placée entre deux morts possibles, la révolution prolétarienne ou la restauration capitaliste, et pour elle, faire appel aux masses révolutionnaires est infiniment plus dangereux que traiter avec l'impérialisme.

La révolution représenterait inévitablement la disparition complète de la bureaucratie, ce serait la mort garantie, tandis que la politique d'alliance avec des pays bourgeois, si elle menace militairement l'URSS, est pour la bureaucratie incomparablement moins dangereuse, car elle laisse une marge de manoeuvre plus importante. C'est pourquoi, la politique extérieure de l'URSS comme le soutien que lui apportent les PC nationaux, ne sont pas le fruit d'une erreur, mais sont une véritable trahison des intérêts du prolétariat mondial que la bureaucratie est prête à sacrifier sans remords pour sauver son existence.

Non seulement la classe ouvrière n'a rien à attendre des bureaucrates soviétiques, mais encore elle devra inévitablement les balayer comme la bourgeoisie si elle veut sa libérer un jour. Krouchtchev pourra alors rencontrer Kennedy dans la poubelle de l'histoire, à Vienne s'il le désire.

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