Ambitions collectives et intérêts particuliers16/05/19611961Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

Ambitions collectives et intérêts particuliers

De Gaulle, dans son discours du 8 mai, a offert « une ambition collective » et les voies d'un avenir meilleur au peuple français par le moyen d'un plan de développement national, suite logique a-t-il dit en substance de celui prévu en 1946, sous sa direction, et qui passa à la postérité sous le nom de Plan Monnet.

Il y a longtemps que les économistes, même bourgeois, se sont aperçu que la principale contradiction du capitalisme était son anarchie. L'économie planifiée, sur la base de la socialisation de tous les moyens de production, a fait largement ses preuves en URSS

Mais en respectant la propriété privée, le plan perd toute efficacité. Les plans prévus par les divers États bourgeois ne donnent que des conseils, que peut appuyer une aide gouvernementale aux secteurs qu'ils souhaitent développer, mais chaque capitaliste demeure maître de son entreprise et rien ne peut l'empêcher de la développer et de placer ses capitaux de la manière la plus rentable pour lui, même si d'autres capitalistes et évidemment le reste de la population, doivent en souffrir. En réalité un plan, comme le plan Monnet, a surtout servi à prévoir le développement du secteur nationalisé (en particulier la production d'électricité) en fonction des besoins du reste de l'économie, et guère plus. Mais si un plan ne peut résoudre les contradictions économiques, à quoi a servi la commission du plan, à quoi sert sa relance ?

C'est que, si l'utilité économique peut se contester, l'utilité politique est certaine. Par-delà la lutte de classes il s'agit d'obtenir la coopération de toutes les couches de la population à l'œuvre de redressement de l'économie française. L'association capital-travail, la participation des syndicats aux divers organismes du plan, habilleront la fiction de l'intérêt commun.

Cette participation des syndicats à la gestion de l'économie bourgeoise fut prévue en 1946 ; « Puisque l'exécution du plan exige la collaboration de tous, il est indispensable que tous les éléments vitaux de la nation participent à son élaboration. C'est pour cela que la méthode de travail proposée, associe dans chaque secteur l'administration responsable, les experts les plus qualifiés, les représentants des syndicats professionnels » (1946, lettre au Commissaire au Plan).

Cela garantit leur docilité et leur sens "des responsabilités" en tant que représentants attitrés de la classe ouvrière. Ils sauront faire comprendre à celle-ci qu'il faut toujours "limiter leur consommation à ce que permet l'utilisation optimum de nos ressources" (Monnet, Président du 1er Plan).

Les syndicats se déconsidéreront un peu plus en se mettant, de manière voyante, au service de l'État bourgeois. Mais à l'époque de l'impérialisme, il n'y a guère de place entre le syndicalisme révolutionnaire et les syndicats liés à l'appareil d'État.

Cependant, au-delà des plans de propagande et des trahisons des bureaucrates, la classe ouvrière par sa combativité dans les derniers mouvements a prouvé qu'elle peut se choisir d'autre « ambition collective » que celle du général.

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