Le meeting du 11 mars 2010 à la Mutualité, à Paris16/04/20102010Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/2010/04/127.png.484x700_q85_box-6%2C0%2C591%2C846_crop_detail.jpg

Le meeting du 11 mars 2010 à la Mutualité, à Paris

Texte de l'intervention de Jean-Pierre MERCIER, qui conduisait la liste Lutte Ouvrière en Île-de-France

La région Île-de-France est probablement celle du pays où sont concentrées les plus énormes disparités sociales. Entre les cités de La Courneuve ou de Vitry-sur-Seine et les hôtels particuliers de Neuilly-Auteuil-Passy, il y a un monde. En Île-de-France, on trouve d'un côté le 8e arrondissement de la capitale et ses boutiques de luxe, là où les montres se vendent à 800 000 euros ; et de l'autre côté, les friches d'usines abandonnées, les cités où le taux de chômage avoisine les 30 % - sans parler des pelouses qui bordent le périphérique, ou des abords du métro aérien du côté de la Gare du Nord, qui sont peu à peu en train de se transformer en bidonvilles pour SDF et travailleurs sans papiers.

Entre ces deux mondes, il n'y a que quelques kilomètres de distance, géographiquement. Mais socialement, il y a des années-lumière. Il n'y a rien de commun entre eux. Le seul, l'unique lien qui existe entre ces deux mondes, c'est que l'un, le monde de la bourgeoisie, ne vit et n'existe que grâce à l'autre, le monde du travail.

Il est inutile de dire que nous ne sommes pas allés faire campagne du côté de Neuilly, Saint-Cloud, ou dans le 16e arrondissement de Paris. Les bourgeois grands et petits qui vivent là, ils n'ont pas peur de perdre leur travail : parce que, pour beaucoup d'entre eux, ils ne travaillent pas. Ils n'ont pas peur de se voir expulsés de leur logement : parce que la plupart du temps, leur logement, il est à eux ou à leur famille depuis longtemps.

Ils ne craignent pas de ne plus pouvoir se soigner, parce que, le jour où le dernier hôpital public aura fermé, ils pourront toujours s'offrir les meilleures cliniques privées - et d'ailleurs, c'est ce qu'ils font déjà. Ils n'ont pas peur de voir leurs enfants victimes d'une éducation au rabais, parce qu'ils les envoient dans de coûteuses écoles privées, parce qu'ils leur payent des professeurs particuliers. Et puis, de toute façon, même si leurs enfants rataient leurs études, qu'est-ce que cela pourrait leur faire ? Ils hériteraient quand même des actions ou des entreprises de papa ; et il n'y a pas besoin d'avoir le bac pour encaisser les dividendes de ses actions.

Non, nous sommes allés faire campagne chez les nôtres, nous sommes allés nous adresser aux travailleurs. Nous sommes allés les voir sur leurs lieux de travail, à la sortie de leurs usines, de leurs bureaux, aux entrées des restaurants d'entreprise, partout où ils se trouvent. Et ce n'est pas très difficile parce que des travailleurs, en Île-de-France, il y en a partout.

Car, n'en déplaise à tous ceux qui croient - peut-être parce qu'ils ne sortent jamais des beaux quartiers de Paris - que la région s'est transformée en un domaine d'habitation verdoyant uniquement peuplé de bobos, l'Île-de-France renferme toujours la plus grande concentration de travailleurs de tout le pays. Aux quatre coins de la région, il y a des dizaines de milliers d'entreprises, c'est-à-dire des millions de salariés. Il y a certaines des plus grosses usines du pays - les Renault, PSA, Snecma - mais aussi leurs centaines de sous-traitants, les plates-formes logistiques et leurs milliers de manutentionnaires, les tours de bureaux... Et pour que ces tours de bureaux soient construites, il faut des milliers d'ouvriers du bâtiment ; pour qu'elles fonctionnent, au jour le jour, il faut bien sûr des milliers d'employés, mais aussi des milliers de chauffagistes, de plombiers, d'électriciens, d'informaticiens, sans parler des employés du ménage - souvent ces femmes africaines que l'on croise dans le métro à cinq heures et demie du matin, qui traversent toute la région pour aller faire quelques heures de ménage avant l'ouverture des bureaux, puis rentrent chez elles pour retourner au travail le soir, après 19 heures.

Il n'y a pas une autre région, dans ce pays, où l'on trouve, concentrée sur un si petit territoire, une telle population de travailleurs.

Et c'est bien ce nombre, cette concentration, qui font la force du monde du travail.

Une autre particularité de la région Île-de-France, c'est qu'on y trouve aussi le cœur et le cerveau du capitalisme. À part Michelin, dont le siège est toujours à Clermont-Ferrand, il y a dans cette région la direction de la totalité des groupes du CAC 40 - regroupés dans des quartiers d'affaires comme La Défense, où, sur quelques hectares, sont concentrés les sièges sociaux de Total, de la Société Générale, d'Axa, de la BNP, de Dexia, d'Areva, et de bien d'autres encore.

Les travailleurs franciliens ont sous la main, tout près d'eux, les cibles vers lesquelles il faudra se tourner lorsque les grandes luttes sociales éclateront.

Derrière les vitres fumées des tours de La Défense, comme celle de la Société Générale où travaillent quelque 10 000 salariés, il n'y a pas, évidemment, que des hauts cadres et des traders. Il y a aussi des milliers d'employés, qui seront particulièrement bien placés, quand ce sera à l'ordre du jour, pour se livrer eux-mêmes, directement, au contrôle des comptes des entreprises et du patronat.

Alors oui, il y a peut-être moins d'ouvriers d'usine en région parisienne qu'il n'y en a eu à une époque - en tout cas proportionnellement à la population ; mais cela ne veut certainement pas dire que le monde du travail n'occupe plus une place essentielle.

Et cela a été une préoccupation primordiale pour nous, pendant cette campagne, de convaincre les travailleurs de cette idée fondamentale que nous devons prendre conscience de notre force collective.

Sans nous, sans le monde du travail, il n'y aurait pas un train qui circulerait, pas un hôpital pour soigner les gens, pas une route, pas un immeuble, pas une voiture, il n'y aurait pas de banques, pas d'assurances, pas d'écoles, pas de ministères, il n'y aurait pas d'ordinateurs et pas d'éclairage dans les rues, pas de réseaux de communication et même pas de télévision et de radio pour propager tous les mensonges des politiciens et des patrons. Il n'y aurait rien à manger, même dans les assiettes de Sarkozy, Fillon et Parisot.

Nous, le monde du travail, nous faisons tout tourner, tout fonctionner. Sans nous, la société s'arrête.

Lorsque les travailleurs prendront conscience de cette force collective qu'ils représentent, et décideront de s'en servir, les jours du patronat seront comptés.

La liste que Lutte Ouvrière présente en Île-de-France est le reflet de cette préoccupation qui est la nôtre, de représenter le monde du travail. Ses 225 candidats sont tous des travailleurs, en activité ou en retraite.

Ouvrières et ouvriers de l'automobile, de la chimie, de l'aéronautique, techniciens, postiers, instituteurs ou enseignants, infirmières, cheminots, employés, livreurs, tous représentent le monde du travail dans sa diversité. Et c'est essentiellement cela qui nous permet de nous adresser aux travailleurs d'une façon bien différente de ce que peuvent faire tous les autres candidats.

Parce que nous savons et nous partageons ce que vivent les travailleurs ; parce que nous sommes des travailleurs. Nous savons ce que c'est que les cadences qui augmentent. Nous savons ce que c'est que les salaires qui stagnent, ou qui baissent. Et nous savons ce que ça peut signifier d'avoir la peur au ventre parce que l'on redoute, jour après jour, la visite du facteur qui apporte la lettre recommandée annonçant qu'on est jeté dehors.

Nous savons ce que c'est d'être chômeurs. D'être réduits, après avoir travaillé pendant des années en CDI, à se retrouver à quarante ou cinquante ans obligés d'aller chercher des CDD ou d'aller quémander du travail chez ces véritables négriers que sont les boîtes d'intérim ; de devoir tout accepter, n'importe quel travail, à n'importe quel horaire, dans n'importe quelles conditions, parce qu'il faut bien qu'il y ait un peu d'argent qui rentre à la fin du mois. Oui, nous savons ce que c'est que la rage de se dire que l'on a deux bras et un cerveau en état de fonctionner, mais qu'on est jeté sur le carreau comme un malpropre et rendu à vivre de pensions minables.

Parce qu'on est inutile ? Non... Mais parce que des patrons ont décidé qu'il fallait que leur société passe de 10 à 20 % de taux de rentabilité.

Oui, nous savons ce que c'est que d'être des retraités du monde du travail. Pas des bénéficiaires des « retraites chapeau » à je ne sais combien de millions, comme les grands PDG du CAC 40, mais des retraites ridicules que la société nous accorde après avoir travaillé trente-cinq ou quarante ans à suer du profit pour nos patrons. Et nous savons quel est l'écœurement de tous ces retraités qui se disent qu'ils sont, décidément, bien mal remerciés pour avoir vécu une vie d'efforts - sans compter ceux qui ne profiteront jamais des soi-disant joies de la vie de « senior », comme on dit aujourd'hui, parce qu'ils seront morts un ou deux ans après la retraite, tués prématurément par une vie de travail ou une maladie professionnelle.

Oui, nous savons tout cela, parce que c'est notre monde, celui dans lequel nous vivons et militons chaque jour. Et nous en sommes fiers.

Nous sommes loin, bien loin, de ces politiciens professionnels qui se battent pour la direction de la Région, pour qui la politique est finalement un métier bien payé - mais qui savent aussi, lorsque les aléas de la vie politique les privent d'emploi, retourner dans le giron qui est le leur, celui de la bourgeoisie.

La tête de liste PS et actuel président de l'Île-de-France, Jean-Paul Huchon, en est un très bon exemple. Voilà un homme qui a oscillé toute sa vie entre la politique et les affaires.

Ancien collaborateur de Rocard sous plusieurs gouvernements, il a également été, pendant les périodes où la droite était au pouvoir, le directeur du Crédit Agricole ; puis, entre 1993 et 1998, le principal conseiller du milliardaire François Pinault - tout en dirigeant un prestigieux cabinet de chasseurs de têtes.

On le voit, on a affaire à un homme particulièrement proche du peuple !

Quant à la candidate de l'UMP, Valérie Pécresse, si elle n'a elle-même jamais été directement à la gestion des affaires des capitalistes, il lui suffit de rentrer à la maison pour se retrouver en plein cœur du monde des affaires ! Elle est en effet non seulement la fille de Dominique Roux, patron de Bolloré Télécom, mais aussi l'épouse de Jérôme Pécresse, directeur général de la société Imerys. Vous ne connaissez sans doute pas cette société, mais sachez tout de même qu'il s'agit du leader mondial de la transformation et de la valorisation des minerais rares - une société qui fait trois milliards d'euros de chiffre d'affaires. Inutile donc de préciser que chez les Pécresse, on est plutôt à l'abri du besoin. Quant à son parcours politique, Mme Pécresse est bien connue des étudiants et profs de fac, puisque c'est elle qui a porté la loi sur l'autonomie des universités, qui a permis d'ouvrir celles-ci aux appétits des entreprises privées.

Il y a au moins un point commun entre ces candidats : ils ne parlent que très peu de l'emploi, qui est pourtant la préoccupation essentielle des travailleurs de la région et du pays. Et s'ils en parlent si peu, c'est parce qu'ils savent qu'ils n'ont ni l'intention, ni les moyens de s'attaquer à ce problème. Quand ils y font allusion, il faudrait prendre une loupe à très fort grossissement pour faire la différence entre leurs programmes. Chez Huchon et Pécresse, on trouve toujours la même litanie : il faut aider les salariés à se reconvertir dans la petite entreprise !

Comme s'il s'agissait là d'une perspective réelle pour les chômeurs et les travailleurs menacés de licenciement ! À PSA où je travaille, nous le connaissons bien, ce piège qu'on tend aux ouvriers, en leur faisant croire que s'ils quittent l'usine, de leur plein gré, avec un petit pécule ridicule (qu'il faudra d'ailleurs rembourser par la suite), ils vont créer leur entreprise et devenir de véritables capitalistes. En fait de capitalistes, les travailleurs qui cèdent à cette illusion se retrouvent bien souvent à tenir une baraque à frites au milieu d'une cité... et puis, au bout de quelques mois, ils font faillite et on les retrouve sur les chaînes de production... mais en intérim, cette fois, c'est-à-dire en ayant perdu les quelques avantages et l'ancienneté que leur procurait auparavant le CDI.

L'autre marotte des deux principaux candidats, que l'on retrouve à l'identique dans leurs deux programmes, c'est le « guichet unique francilien » pour les employeurs. Le guichet unique, c'est quoi ? Eh bien, mettez-vous à la place des patrons : ils ont droit à tellement d'aides, tellement d'exonérations diverses, tellement de subventions, qu'ils s'y perdent, forcément. Alors ils sont obligés de perdre du temps et donc de l'argent pour s'y retrouver. Pour le PS et l'UMP, la solution est toute simple : un guichet unique, un seul interlocuteur qui se chargera de trouver à leur place à quelles aides ils ont droit. Comme ça, non seulement les patrons gagnent du temps, mais en plus, ils ne risquent pas de rater une seule aide qui pourrait tomber dans leur poche.

Et quand on sait que le budget de la Région en matière de cadeaux aux entreprises est de quelque cent millions d'euros, on se dit qu'en effet, les patrons auraient de quoi regretter de passer à côté de cette manne.

Mais la grande affaire de cette campagne en Île-de-France, ce sont les transports. Et on comprend pourquoi. L'Île-de-France est une région particulière en cela que chaque matin et chaque soir, ce sont des centaines de milliers de travailleurs qui empruntent les transports collectifs, traversant parfois toute la région pour aller au travail. Et le réseau de transports n'est absolument pas adapté à cette situation : RER bondés, dans un état déplorable, avec des systèmes de signalisation et des aiguillages en si mauvais état qu'un RER qui arrive à l'heure, sur la ligne C par exemple, est presque un miracle.

Ah, bien sûr, à Paris, il y a un métro qui fonctionne bien, de beaux tramways, et même des Vélib pour ceux qui ont la chance de travailler à quelques centaines de mètres de l'endroit où ils habitent. Mais dès que l'on sort de Paris, il faut attendre une demi-heure entre deux bus, les transports de banlieue à banlieue sont inexistants, et il faut vraiment être naïf comme un écologiste pour penser qu'à 5 heures du matin, un ouvrier qui vit dans le Val-de-Marne et travaille en Seine-Saint-Denis va prendre son vélo pour se rendre au boulot !

Les principaux candidats des grands partis jurent tous de s'attaquer au problème. Ils ont dû payer le même cabinet de communication pour trouver leurs slogans, puisque le projet de Valérie Pécresse s'appelle « Faire la révolution des transports », et celui de Huchon... « La révolution des transports a commencé » ! Mais de révolution, il n'en est évidemment pas question : tous sont d'accord pour continuer de faire payer les transports au prix fort par la population laborieuse.

Nous, nous n'avons pas fait de cette question des transports un axe de notre campagne, parce que nous pensons qu'il y a des problèmes plus vitaux dans cette période : dans une tour d'habitation, si les ascenseurs sont tout le temps en panne, il faut réfléchir à les remplacer. Mais lorsque la tour prend feu, la question du remplacement des ascenseurs devient secondaire car ce qui compte, c'est de sauver les habitants et d'organiser les évacuations. Le problème se pose de la même manière, dans la société.

Bien sûr, il faudrait développer les infrastructures de transport. Bien sûr, il faudrait rendre les transports gratuits et surtout, les faire financer entièrement par les patrons, parce que quand des travailleurs se rendent au travail, ce n'est pas pour le plaisir. Alors la moindre des choses, ce serait que non seulement les patrons payent 100 % du prix du déplacement et je dirais même, en passant, ce serait que le temps de transport soit payé et compris dans le temps de travail !

Oui, ce serait la moindre des choses.

Mais ce qui est urgent, vital, c'est d'enrayer la hausse dramatique du chômage, de redonner du travail aux chômeurs et de stopper net la dégradation de nos conditions de vie. Pour cela, il faut imposer l'interdiction des licenciements, le partage du travail entre tous sans diminution de salaire, et le contrôle des comptes par toute la population.

Nathalie reviendra, tout à l'heure, sur ces mesures indispensables. Mais je peux quand même vous en dire quelques mots en partant de mon expérience, en tant qu'ouvrier de l'industrie automobile. Ce que je dis, mes camarades qui travaillent chez Renault pourraient le dire de la même manière et au fond, c'est généralisable à l'ensemble de l'industrie.

Les licenciements, les suppressions de postes, nous savons ce que c'est. En une trentaine d'années, l'usine d'Aulnay-sous-Bois où je travaille a vu ses effectifs réduits d'un tiers. Le patron a employé tous les moyens possibles et imaginables pour se débarrasser de ses ouvriers : licenciements, non-remplacement des départs en retraite, plans de départ volontaires... Il a même, récemment, réduit jusqu'à la surface physique de l'usine en « compactant », comme ils disent, c'est-à-dire en supprimant une ligne de montage sur les deux qui existaient auparavant.

Les effectifs ont été réduits mais le travail, croyez-moi, ne l'a pas été. Toute cette opération visait uniquement à augmenter au maximum la productivité de l'usine, c'est-à-dire à produire autant, voire plus de voitures, avec moins d'ouvriers.

Vous imaginez ce que cela représente comme profit supplémentaire pour les actionnaires, lorsqu'autant de voitures sont vendues, mais que l'on a économisé un tiers des salaires ! Les chiffres en la matière sont éloquents : en 1980, il y avait 7 000 ouvriers à Aulnay et la production était de 800 voitures par jour. Aujourd'hui, il y en a 5 000 - intérimaires compris. Et la production est passée à 1 200 voitures par jour, avec une chaîne de montage en moins.

Cet accroissement de la productivité a été obtenu, pour ainsi dire, uniquement au détriment des ouvriers : depuis des années, c'est la chasse permanente aux temps morts, les pauses supprimées, les ouvriers harcelés dès qu'ils soufflent quelques instants. Et c'est surtout la vitesse de la chaîne qui augmente en permanence. Il faut travailler toujours plus vite, dans des conditions toujours plus pénibles et dangereuses. Les ouvriers se retrouvent usés, parfois handicapés, à 35 ans.

La politique du patron, c'est d'exploiter jusqu'à la dernière goutte de sueur les ouvriers qui restent dans l'usine, tout en laissant à la porte les dizaines de milliers de travailleurs de la région au chômage qui, eux, ne demandent qu'à travailler !

Et quand je dis « exploiter jusqu'à la dernière goutte de sueur », ce n'est pas une image. En ce moment, depuis le début de l'année, tous les samedis sont travaillés. C'est-à-dire que chaque équipe, une semaine sur deux, travaille six jours, 42 heures par semaine.

Aux cadences qui augmentent sans cesse, aux chefs qui font la chasse au moindre temps mort, à la chaîne qu'il faut essayer de rattraper parce qu'elle va toujours plus vite que nous, s'ajoute à présent l'épuisement dû à des semaines de travail à rallonge. Et à cela il faut ajouter, pour certains d'entre nous, plus de deux heures de transport quotidien pour aller et revenir de l'usine. Quoi d'étonnant, dans ces conditions, que le nombre d'accidents du travail explose, qu'un camarade, par exemple, ait été récemment très gravement blessé en plein atelier, fauché par un car à fourches, parce que tout le monde court dans tous les sens et n'a même plus le temps de regarder où il va ?

Alors voilà la réalité, délirante, de cette organisation capitaliste : d'un côté, des ouvriers que l'on tue au travail, de l'autre des milliers de chômeurs qui allongent les files d'attente des Pôles emploi de toute la région. D'un côté, des vieux travailleurs de 55 ans et plus, sur les chaînes de production, épuisés, physiquement à bout. Et de l'autre, leurs propres enfants qui tiennent les murs dans les cités parce qu'il n'y a, soi-disant, pas de travail pour eux. Et tout ça, pour quoi ? Parce que pour les actionnaires, un ouvrier de moins, c'est un salaire en moins à payer, et donc quelques milliers d'euros en plus de profit. Parce que pour eux, quelques minutes de pause volées à chaque ouvrier, cela représente à la fin de l'année plusieurs millions d'euros en plus sur leur compte en banque.

Alors, tout cela montre à quel point sont ridicules les discours de Sarkozy et de ses semblables sur la « désindustrialisation ». Car les usines de PSA ou de Renault produisent plus que jamais. Il ne s'agit pas de désindustrialisation, mais de destructions d'emplois et d'augmentation de la production tout en aggravant les conditions de travail de ceux qui restent.

C'est toujours plus de production par toujours moins d'ouvriers, plus exploités.

Et vous remarquerez que Sarkozy, quand il est intervenu sur ce sujet la semaine dernière, n'a pas parlé de créer des emplois : il a parlé d'augmenter la production.

Alors si cela doit se faire grâce à de nouvelles augmentations de cadences pour nous, non merci, on a assez donné ! Pour empêcher cela, il faudra bel et bien interdire les licenciements et forcer les patrons à embaucher massivement !

Oui, Il faut interdire les licenciements, dans le groupe PSA comme ailleurs.

Oh, bien sûr, si vous écoutez les porte-parole de la famille Peugeot, ils ont les mains propres, ils ne licencient pas, ils se contentent, comme ils l'ont fait depuis deux ans, de pousser vers la porte des milliers d'ouvriers en leur promettant un petit pécule.

Mais PSA, ce n'est pas seulement une société qui emploie directement des dizaines de milliers d'ouvriers. C'est aussi le donneur d'ordre, parfois unique, de centaines d'entreprises sous-traitantes.

Et eux, ils ne se gênent pas pour licencier - même pas de leur propre initiative, mais sur ordre des actionnaires de PSA. En sous-traitant toute une partie de sa production, PSA a aussi sous-traité les licenciements !

Un exemple frappant a été celui de l'entreprise Lear, l'année dernière. Lear, c'est la société qui fabrique une partie des sièges pour les voitures du groupe Peugeot-Citroën. Elle avait auparavant deux usines en région parisienne : l'une à Lagny-le-Sec, dans l'Oise, qui travaillait pour Aulnay ; et l'autre à Cergy, dans le Val-d'Oise, qui fournissait l'usine PSA de Poissy. Lorsque PSA a exigé que Lear baisse ses coûts de production, les patrons de Lear ont trouvé une solution simple : fermer l'usine de Lagny et licencier ceux qui n'étaient pas d'accord pour aller travailler à Cergy, à plus de 80 km. Malgré la longue grève des ouvriers de Lear, ce plan a fonctionné. Et aujourd'hui, toute la production pour Poissy et pour Aulnay est concentrée à Cergy.

Mais le plus révoltant, c'est que Lear a empoché au passage l'argent offert par le gouvernement au titre de l'aide aux sous-traitants automobiles... pour payer les primes de licenciement des ouvriers de Lagny et modifier les installations à Cergy !

C'est un véritable scandale.

Les besoins, ils existent : il n'y pas moins besoin de sièges de voitures qu'il y a un an, il y en aurait même plutôt besoin de plus. Car avec la prime à la casse qui a dopé les ventes, les petites voitures produites à Aulnay partent comme des petits pains. Cette usine a donc été fermée uniquement pour de sordides raisons de rentabilité. Et des exemples comme cela, il y en a des dizaines dans tout le pays !

On imagine alors, dans cette situation, comme il serait facile d'organiser le partage du travail entre tous, ne serait-ce qu'au sein de la filière automobile, ne serait-ce qu'au sein du groupe PSA et de l'ensemble de ses sous-traitants. Les ouvriers de Lear qui pointent aujourd'hui au chômage, et ceux de tous les sous-traitants qui ont été décimés par les fermetures d'usine, eh bien les ouvriers d'Aulnay les accueilleraient à bras ouverts s'ils venaient travailler avec nous. Ils pourraient venir alléger les cadences et réduire la semaine de travail !

Oui, partager le travail entre tous, sans diminution de salaire, ce serait parfaitement simple à réaliser au sein d'une branche comme celle où je travaille. Le seul obstacle, la seule raison pour laquelle cela ne se fait pas, c'est que cela coûterait de l'argent aux actionnaires, à l'heure où, au contraire, ils cherchent à gratter le moindre centime d'euro pour augmenter leurs profits.

Ils essayent de nous faire croire que les caisses sont vides. Qu'il n'y a pas d'argent, ne serait-ce que pour acheter des gants de travail neufs aux ouvriers, de remplacer les chaussures de sécurité - alors vous pensez bien, si on leur parle d'embaucher, ils lèveront les bras au ciel en nous traitant d'irresponsables. C'est que, voyez-vous, « les caisses sont vides, c'est la crise ! » D'ailleurs, PSA a très officiellement annoncé plus d'un milliard de pertes pour cette année.

Les caisses sont vides ? Eh bien, qu'ils nous les montrent ! Pour pouvoir se défendre et empêcher nos patrons de démolir nos vies et nos emplois, il faudra imposer le contrôle des comptes des entreprises par les travailleurs. Nous devrons nous donner les moyens de mettre notre nez dans les comptes de la bourgeoisie, pour savoir une bonne fois pour toutes combien d'argent il y a, ce qu'ils en font, et où passent leurs profits et les aides de l'État.

Nous n'avons aucune raison de nous contenter de croire les bilans comptables réalisés par les cabinets d'experts mandatés par les capitalistes. Leurs experts, ils sont du même tonneau que les « experts » de l'Organisation mondiale de la santé, ceux qui ont convaincu les gouvernements d'acheter des dizaines de millions de doses de vaccins contre la grippe A, et dont on a su par la suite qu'ils étaient tous payés par les trusts pharmaceutiques comme Sanofi.

Eh bien les experts qui publient les comptes de PSA, ils sont payés par la famille Peugeot, pour faire apparaître et disparaître dans les bilans ce qui arrange celle-ci. Alors leurs bilans, leurs comptes, leurs rapports, ce ne sont que des chiffons de papier auxquels nous n'avons aucune raison de faire la moindre confiance.

Peugeot a annoncé des pertes. Renault a annoncé des pertes. Et ils espèrent que cela suffira pour nous inciter, nous les ouvriers, à continuer à accepter tous les sacrifices ? Pas question !

Ce que nous devons répondre à nos patrons, c'est : « Où sont donc passés les dizaines de milliards d'euros de profit que vous avez faits ces dernières années ? Où sont passés les 7 milliards que l'État vous a gracieusement offerts l'an dernier ? Comment pouvez-vous oser annoncer des pertes alors que vous vendez tellement de voitures que vous forcez les ouvriers à travailler le samedi ? Combien sont réellement rémunérés vos actionnaires ? »

Et nous ne nous arrêterons pas aux comptes professionnels des capitalistes, nous devrons aussi aller mettre le nez dans les comptes personnels des actionnaires, parce que s'il y a besoin d'argent pour sauver le monde ouvrier du désastre, eh bien il faudra forcer les riches à vendre y compris leurs propriétés, leurs jets privés et leurs bateaux de luxe !

Ils osent nous dire que les caisses sont vides ? En tout cas pas celles de Robert Peugeot, dont on a appris dans la presse qu'il s'est fait récemment voler pas moins de 500 000 euros en lingots d'or qu'il gardait cachés dans un coffre aménagé dans le mur de sa salle de bains !

Et Robert Peugeot, c'est le plus connu, c'est en quelque sorte la partie émergée de l'iceberg. Mais il y a les autres. Les dizaines d'héritiers de la famille. L'été dernier, un haut cadre du groupe PSA expliquait naïvement au magazine Challenges : heureusement que nous avons de l'argent de côté pour distribuer des dividendes les années de vaches maigres, sinon, « il y aurait quelques grands-tantes de la famille Peugeot qui auraient du mal à payer leurs jardiniers. » Eh bien nous, nous sommes pour continuer à payer les jardiniers, qui sont des travailleurs éminemment utiles, mais nous sommes pour exproprier la famille Peugeot, ses tantes, et ses grands-tantes !

Après tout, vous savez, pour contrôler les comptes, il n'y aura qu'à s'inspirer de ce que font les capitalistes eux-mêmes. Dans toutes les grandes entreprises, il existe ce que les patrons appellent un « conseil de surveillance ». Les patrons, ils sont riches, mais ils ne sont pas fous : lorsqu'ils confient leurs affaires à un PDG, ils nomment d'autres PDG pour surveiller ce que fait le premier et vérifier qu'il agit dans l'intérêt des actionnaires - c'est cela, un conseil de surveillance.

Eh bien, quand les travailleurs reprendront l'offensive, quand le temps de la résignation et de la peur sera derrière nous et que nous reprendrons le chemin des luttes, nous apprendrons nous aussi à créer des « conseils de surveillance », mais des conseils de surveillance ouvriers, qui aboliront de fait le secret des affaires, et qui vérifieront à chaque instant ce qui est conforme à l'intérêt des travailleurs et ce qui ne l'est pas. Et croyez-moi, on découvrira alors bien des choses intéressantes. On découvrira que de l'argent, tous les groupes capitalistes en ont, à ne pas savoir quoi en faire !

Ou plutôt si, ils savent quoi en faire : mais ce ne sont pas des investissements productifs, mais des opérations financières. Ou encore, ils se rachètent les uns les autres, dans le cadre de grandes opérations de fusions-acquisitions. Renault a racheté Nissan. PSA avait bien envie de racheter Mitsubishi, mais le morceau était un peu trop gros, ou en tout cas trop cher, pour les actionnaires de Peugeot.

Oui, contrôler les comptes de ces trusts permettrait de vérifier qu'ils pourraient financer non seulement le maintien des emplois, mais aussi qu'ils pourraient augmenter les salaires. Et il y en aurait bien besoin, quand on sait qu'un trust richissime comme PSA ose embaucher des travailleurs à 1 140 euros net par mois et proposer à peine 15 euros d'augmentation chaque année.

Lorsque nous parlons de contrôler les comptes, patrons et politiciens s'écrient que ce serait une attaque intolérable contre la vie privée des entrepreneurs. Mais les patrons, ils ont tout loisir de fouiller dans la vie privée de leurs salariés, ils savent au centime près ce qu'ils gagnent, ils ont tous les moyens d'accéder à leur compte en banque et surtout, quand ils privent un travailleur de son emploi, ou quand ils le transforment en handicapé à force d'exploitation, ils ne se gênent pas pour influer sur sa « vie privée ». Eux ont ce droit, et nous ne l'aurions pas ? Eh bien c'est précisément cela qu'il faut changer !

Voilà, camarades, le programme que nous avons défendu pendant cette campagne en Île-de-France - comme Lutte Ouvrière l'a défendu dans tout le pays. C'est un programme de luttes, un programme qui sera, nous l'espérons, celui que les travailleurs inscriront sur leurs drapeaux lorsqu'ils auront retrouvé l'énergie de se battre et de reprendre l'offensive.

Pour exprimer leur colère, leur écœurement, pour affirmer que nous, les travailleurs, nous avons assez fait de sacrifices comme ça.

Pour affirmer notre conviction que l'explosion de colère à venir sera bien la seule chose que les riches n'auront pas volée.

Texte de l'intervention de Nathalie ARTHAUD, tête de notre liste en Rhône-Alpes et porte-parole nationale de Lutte Ouvrière

C'est peu dire que la majorité des travailleurs ne se sentent pas concernés par les élections régionales. Mais pourquoi le seraient-ils ?

Ces élections qui se réduisent en fin de compte à des duels entre les deux grands partis institutionnels, l'UMP et le Parti socialiste, pour déterminer qui dirigera les régions pour les six ans à venir, sont à cent mille lieues de la situation catastrophique que vit le monde du travail.

Les entreprises ferment les unes après les autres ou réduisent leurs effectifs. Trois millions de femmes et d'hommes, plus de 10 % de la population active, se retrouvent sans travail et sans salaire. En réalité, c'est deux fois plus, car les statistiques officielles sont conçues pour dissimuler la réalité, en ne comptabilisant pas les précaires et ceux qui n'ont qu'un emploi momentané.

Et les chiffres des statistiques ne mesurent pas le désespoir de toutes celles et de tous ceux qui, une fois licenciés, dans l'impossibilité de retrouver du travail, se sentent poussés vers la pauvreté. Pas plus qu'elles ne mesurent leur sentiment d'injustice et, de plus en plus souvent, leur colère d'avoir trimé pour une entreprise dix ans, vingt ans ou toute leur vie et être mis, brutalement, à la porte.

Au-delà de ceux qui se retrouvent déjà au chômage, quel est aujourd'hui le travailleur qui peut être sûr de garder son emploi ? Pas même ceux qui bénéficient encore du statut de fonctionnaire puisque le gouvernement annonce qu'ils pourront désormais être licenciés.

Quel est le retraité du monde du travail ou le futur retraité qui ne s'inquiète pas pour sa retraite ?

Le gouvernement n'attend que la fin de la campagne des élections régionales pour imposer une prétendue « réforme » de plus qui visera, comme les précédentes, sous la droite comme sous la gauche, à allonger le temps de travail pour une retraite diminuée.

Au cours des deux dernières années de crise économique, la situation des travailleurs s'est déjà brutalement dégradée.

Mais ce n'est pas fini et on n'a sans doute pas encore vu le pire. Parce que voilà que l'emballement de la spéculation autour de la dette de l'État grec menace d'une nouvelle crise financière.

Et pendant ce temps-là, la campagne électorale ronronne comme si de rien n'était. Des conseillers régionaux sortants ou qui voudraient le devenir, s'invectivent sur leurs bilans respectifs, brandissent des promesses pour dans dix, vingt, trente ans alors que des millions de familles vivent au jour le jour, dans l'angoisse du lendemain. La maison brûle mais ces notables n'ont pas l'air de s'en apercevoir.

Tous les partis, de la droite à la gauche et même jusqu'à un bout de l'extrême gauche, essaient de convaincre les électeurs que la composition des conseils régionaux est importante. De toute façon, le seul qui a un pouvoir de décision c'est son exécutif, c'est-à-dire son président choisi non seulement en fonction de la majorité du premier tour, mais, plus encore au gré des tractations entre le premier et le second tour, voire des magouilles après le deuxième tour.

La composition des exécutifs régionaux n'a aucune espèce d'importance pour résoudre les problèmes majeurs des classes populaires. Ni les Conseils régionaux, ni le gouvernement, ni Sarkozy n'ont empêché une seule fermeture d'entreprise, un seul licenciement !

Le rôle de tous ces gens-là est de justifier la politique qui leur est dictée par le grand patronat, par les banquiers. Leur rôle, c'est de faire passer la pilule et de présenter les aides et subventions qu'ils versent aux entreprises, c'est-à-dire à leurs propriétaires, comme utiles voire nécessaires à la collectivité. Mais quelle importance pour les travailleurs de savoir quelle est l'étiquette politique de celle ou de celui qui signera les chèques destinés aux patrons ?

La seule utilité de ces élections est qu'elles offrent l'occasion de montrer qu'une fraction de l'électorat populaire est consciente que les élections sont une duperie et que les hommes de gouvernement ne sont que des pantins manipulés par les puissances de l'argent. Cette prise de conscience est indispensable pour s'en prendre non pas aux seules marionnettes, mais à ceux qui tirent les ficelles, c'est-à-dire le grand patronat, les banquiers, la grande bourgeoisie !

Puisque les élections offrent l'occasion d'exprimer son opinion, il faut la saisir !

Il n'y a aucune raison de laisser le monopole de la parole aux partis qui s'accommodent d'un ordre social injuste et d'une organisation économique stupide. Il faut que l'indignation qui monte dans le monde du travail et dans les classes populaires s'exprime aussi dans les élections qui viennent.

Bien sûr, c'est par l'abstention que nombre d'électeurs des classes populaires montreront leur dégoût du jeu politique où on autorise les électeurs à changer la majorité pour que rien d'autre ne change. Mais s'abstenir, ce n'est pas une prise de position claire et encore moins une prise de position consciente. L'abstention, si elle est massive, alimentera seulement les discours sur le désintérêt de la population à l'égard de la politique. Mais ce qu'il faut leur signifier, ce n'est pas le désintérêt à l'égard de la politique en général, mais un rejet de leur politique.

Les différents partis qui s'affrontent représentent, tous, une politique qui reste sur le terrain de la bourgeoisie, de l'organisation capitaliste de la société. Il faut leur opposer une autre politique, celle qui représente les intérêts de classe des travailleurs.

La crise dévoile, comme jamais, l'opposition irréconciliable entre les intérêts de la grande bourgeoisie et ceux des travailleurs. C'est leurs profits ou nos emplois, c'est leurs profits ou nos salaires, c'est eux ou c'est nous !

Les listes Lutte Ouvrière ne prétendent pas représenter une politique « pour tous les Français » ou pour « tous les citoyens ». Tous ceux qui le font croire veulent camoufler la guerre de classe qui est menée contre les travailleurs.

Personne ne pourra se tromper sur le sens des votes pour Lutte Ouvrière. Ils seront interprétés comme un cri de colère, mais un cri de colère des salariés, chômeurs, retraités, qui sont victimes de la crise et qui sont conscients que ce n'est pas à eux de la payer !

Oui, il est important que se fasse entendre la voix de ceux du monde du travail qui ne se résignent pas, qui ne croient pas aux promesses de politiciens et qui ne font confiance à personne et à rien d'autre que la force collective du monde du travail pour arrêter les coups qui sont portés aux classes populaires !

Car les coups continueront parce que la crise se prolonge et s'aggrave.

Les spéculations des grands groupes capitalistes orchestrées par les banquiers étaient déjà responsables de la crise financière qui a ébranlé l'économie capitaliste en 2008 et en 2009. Et qu'est-ce que les États ont fait pour que cela cesse ?

Ils n'ont rien fait ! Ils ont au contraire tout fait pour que cela recommence ! Les États ont mis des centaines de milliers de milliards à la disposition de ceux-là mêmes qui étaient les responsables de la débâcle.

Et maintenant cet argent, il faut le trouver quelque part. Et comme toujours c'est en faisant des économies sur tout ce qui est utile à la majorité de la population, en fermant des hôpitaux et des maternités de proximité, en diminuant les remboursements de Sécurité sociale.

C'est pour consacrer toujours plus d'argent à la classe capitaliste qu'on tape dans le porte-monnaie des assurés sociaux en remboursant de moins en moins les médicaments. Les plus pauvres, ceux dont la vie est déjà la plus difficile, ne pourront pas payer de leur poche la dépense supplémentaire qu'on leur impose, ils cesseront d'utiliser ces médicaments et se soigneront plus mal.

C'est aussi pour sauver les banquiers qu'on diminue le nombre d'instituteurs, de professeurs, de surveillants, d'infirmières, d'assistantes sociales dans les établissements scolaires.

C'est pour aider les banquiers et les actionnaires des grandes entreprises que l'État a pris dans toutes ces caisses, en vidant les poches y compris des plus pauvres. Car prendre sur les services publics, les priver de moyens, c'est une des nombreuses manières de voler les plus pauvres, ceux qui n'ont pas assez d'argent pour aller dans des cliniques privées, pour envoyer leurs gosses dans des écoles privées.

C'est aussi pour aider les banquiers et les groupes capitalistes, que les États se sont endettés jusqu'au cou.

Et tout cela, pour quoi ? Pour que les banquiers et les groupes capitalistes se remettent à spéculer avec cet argent ! Ceux qui nous gouvernent osent parler de « plan de relance » mais, s'ils ont relancé quelque chose, c'est la spéculation !

La crise financière actuelle a même accentué l'engouement des groupes capitalistes pour les opérations financières, au détriment de l'activité industrielle.

Ceux qui disposent de capitaux justifient leurs revenus extravagants par le rôle qu'ils jouent dans la production et par les risques que cela implique pour leur argent. Mais leur argent va de moins en moins vers la production, et de plus en plus vers la spéculation ! Quant aux risques, ils en prennent de moins en moins. S'ils gagnent, ils encaissent, et s'ils perdent, l'État est là pour leur sauver la mise en payant leurs dettes.

La classe des capitalistes est une classe de plus en plus parasitaire, nuisible à la société, qui n'a plus aucune justification, aucune légitimité.

Mais c'est cette classe qui domine l'économie et la société. Ce sont ses décisions qui comptent, et pas les gesticulations dérisoires d'un Sarkozy qui a présenté, il y a quelques jours, un plan pour, dit-il, « réindustrialiser la France » afin « qu'elle demeure une grande nation industrielle ». En présentant son plan, il a dressé le constat d'une désindustrialisation « massive à partir de l'an 2000 », aboutissant à la suppression de 500 000 emplois depuis.

Laissons-lui la responsabilité du choix de l'an 2000 qui doit moins à une réalité commencée bien plus tôt qu'aux comptes qu'il veut régler avec son prédécesseur, Chirac.

Mais que propose-t-il donc pour remédier à cette « désindustrialisation » ? En tête, il y a l'objectif de renforcer le rôle des représentants de l'État dans les entreprises dont il est actionnaire. Mais, même là où l'État a la majorité des actions, c'est-à-dire tous les moyens pour investir, il ne le fait pas.

La SNCF crée-t-elle de nouvelles lignes de chemin de fer ? Non, elle en supprime sur les réseaux dits secondaires, en supprimant par la même occasion des emplois de cheminots et elle laisse les lignes de banlieue à l'abandon !

La Poste investit-elle dans la création de nouveaux bureaux pour mieux desservir les quartiers populaires ou les villages ? Non, elle les ferme !

Tout le reste, les vingt-trois mesures du plan Sarkozy, consiste tout simplement en nouvelles aides ou subventions. Deux cents millions pour « aider les relocalisations », cinq cents millions pour les investissements écologiques, quelques autres millions en soutien aux start-up...

Mais si les subventions suffisaient pour inciter les capitalistes à investir dans la production, cela se saurait depuis le temps ! Cela fait des décennies que l'État mobilise de plus en plus d'argent pour « inciter » ces messieurs les capitalistes. Mais ils empochent l'argent, ils l'intègrent dans leurs profits, et n'investissent toujours pas. Et pourquoi le feraient-ils alors que la finance rapporte plus ? Même l'argent que leur distribue généreusement l'État finit par rejoindre les circuits spéculatifs !

Les capitalistes qui ont touché le pactole des aides de l'État n'ont pas bâti de nouvelles usines, ils n'ont pas ouvert de nouveaux chantiers, ils n'ont pas investi dans la production, ils n'ont pas créé des emplois !

Non, tout l'argent dont l'État leur a fait cadeau n'a servi qu'à des opérations financières. Et parmi ces opérations financières, une des plus rentables, une des moins risquées aussi, c'est de prêter de l'argent aux États. Pour renflouer les financiers, les États se sont endettés auprès de ces mêmes financiers. Voilà comment les banques ont gagné le beurre et l'argent du beurre !

Les groupes capitalistes sont en train de re-prêter à l'État l'argent que celui-ci leur a donné. Et le bouquet, c'est que là-dessus l'État leur paie des intérêts, des intérêts colossaux qui imposent une charge de plus en plus grande au budget. Ce sera à la population de payer, et pas seulement notre génération ; mais nos enfants et petits-enfants !

Et cette dette ne cesse d'augmenter de jour en jour. L'État emprunte en effet des dizaines de millions d'euros supplémentaires chaque jour ! Chaque jour les banques étranglent donc un peu plus les caisses publiques.

Le pire peut-être, mais dans un système aussi fou, on peut s'attendre à tout, c'est que les États ont fourni aux capitalistes et aux banquiers le principal instrument de spéculation à la mode : la dette des États. Parce que voilà maintenant que les financiers spéculent sur les États eux-mêmes !

Ils jouent à parier sur les capacités respectives des États à rembourser leurs dettes, comme le joueur de PMU parie sur des chevaux de course. Depuis quelques semaines, ils parient sur le fait que l'État grec ne sera pas capable de rembourser sa dette. Alors, ils ne lui prêtent de l'argent qu'à des taux prohibitifs et ils poussent ainsi, un peu plus chaque jour l'État grec vers la faillite. Par la même occasion, ils spéculent contre la monnaie européenne dont la solidité et la survie même sont menacées.

On nous parle de ces « marchés financiers » comme s'il s'agissait d'une force mystérieuse et puissante. Mais ceux qui spéculent ainsi, aujourd'hui, contre l'État grec et qui commencent à spéculer aussi contre le Portugal ou l'Espagne sont des groupes financiers parfaitement identifiables. Les dirigeants politiques de la planète les connaissent, ils ont le nom des banques, mais ils ne font rien contre eux ! Parce que la recherche du profit n'est pas un crime dans notre société. Au contraire, c'est même la vertu suprême, même si cette recherche conduit à pousser à la misère des millions de femmes et d'hommes.

Ce sont des irresponsables, des irresponsables criminels. Personne, et je dis bien « personne », ne peut faire pire que ce qu'ils ont fait et que ce qu'ils sont en train de faire. La seule façon d'empêcher les banquiers de pousser toujours plus l'économie vers la catastrophe, c'est de les exproprier, tous. L'économie a peut-être besoin de banques, mais elle n'a pas besoin de banquiers.

Regardons la Grèce parce qu'elle préfigure notre avenir. D'un côté, quelques grandes banques qui, en spéculant contre l'État grec, sont en train d'encaisser des bénéfices considérables. De l'autre côté, une population de onze millions d'habitants à qui on impose un plan d'austérité drastique : un mois de réduction du salaire des travailleurs des services publics, l'âge de la retraite repoussé de deux ans et le gel de son montant, hausse de plusieurs taxes dont celle de la TVA de deux points, augmentation du prix de l'énergie, baisse du budget de l'Éducation nationale, baisse des dépenses d'investissement public.

Il manque au budget de l'État grec quelque cinq milliards d'euros pour payer ses échéances immédiates aux spéculateurs. Eh bien, c'est à la population qu'on les fait payer.

Comme une faillite de l'État grec aurait des conséquences graves pour l'euro, les grands États de l'Union européenne jurent qu'ils viendront à son secours mais sans débloquer le moindre centime pour le moment. L'Allemagne comme la France se contentent de faire pression sur le gouvernement grec pour l'obliger à faire payer son propre peuple. Elles soumettent, par la même occasion, le budget de cet État à un contrôle qui a beau se prévaloir de la légitimité européenne n'en rappelle pas moins les relations, dans le passé, entre puissances impérialistes et pays semi-coloniaux !

Incapables de mettre leur nez dans les comptes des grandes banques et des spéculateurs, les États impérialistes d'Europe ne sont pas gênés de le mettre dans ceux de la Grèce !

De l'Union européenne au gouvernement grec, en passant par les banquiers, le monde des bourgeois est unanime pour faire payer la population grecque.

Mais malgré les discours lénifiants des dirigeants sociaux démocrates qui lui parlent de solidarité et de sacrifices, la population ne veut pas payer une dette qui n'est pas la sienne. Et elle le montre : les manifestations et les grèves se succèdent depuis deux semaines. La télévision rapporte des images d'affrontements violents opposant à la police des travailleurs de l'État et des retraités pris à la gorge par la brutale diminution de leur retraite. Aujourd'hui la Grèce est en grève générale pour la deuxième fois depuis quinze jours. Manifestement tout le pays était paralysé, y compris les journalistes et les policiers qui se sont joints aux manifestations. On a beau être policier mais lorsqu'on perd un ou deux mois de paye, en salaire et en prime, ça ne passe pas !

Il va de soi que toute notre solidarité va aux travailleurs grecs.

Et ce que l'on peut souhaiter c'est que leur lutte s'amplifie, qu'elle devienne assez puissante et surtout assez consciente pour que les milieux financiers et leurs serviteurs politiques sentent la menace venant des classes exploitées.

Les prochaines cibles des spéculateurs risquent d'être le Portugal et l'Espagne. Mais tout le monde sait aussi que les plus puissantes des économies ne sont pas à l'abri. Un seul groupe de spéculateurs, celui de Soros, a réussi, il y a quelques années, à mettre à genoux la puissante banque d'Angleterre !

Alors, ne nous faisons pas d'illusions : la France n'est pas à l'abri.

Voilà pourquoi il est important de se préparer, au moins dans sa tête.

Voilà pourquoi il faut être conscient que, si on ne veut pas se résigner à accepter les diktats du grand capital, il faudra résister.

Voilà pourquoi il faut discuter entre travailleurs des objectifs à mettre en avant pour que la lutte collective inévitable ne s'épuise pas dans des revendications secondaires, mais qu'elle renforce la position de la classe ouvrière face à la bourgeoisie.

Car la dégradation accélérée de nos conditions d'existence n'est pas une fatalité. Elle est le reflet d'un rapport de forces où la bourgeoisie a, pour le moment, tous les atouts en main pour nous imposer sa propre politique. Elle a pour elle la puissance de l'argent. Elle a pour elle sa mainmise sur les entreprises et sur les banques. Elle a pour elle la loi, où tout est fait pour protéger la propriété privée des instruments de production dont elle peut user et abuser quoi qu'il en coûte au restant de la population. Elle a pour elle les dirigeants politiques qui ne sont en réalité que ses laquais obéissants.

Mais, nous, le monde du travail, nous ne sommes pas désarmés pour autant. Nous avons pour nous le nombre. Et c'est nous qui faisons tout tourner dans l'économie. Comme vient de le dire mon camarade Jean-Pierre Mercier, c'est grâce à nous, salariés, employés, techniciens, que les chaînes de production tournent, que les immeubles et les routes sont construits, que les trains roulent, que les banques fonctionnent, que l'économie marche.

Je sais bien que la grande majorité des travailleurs ne réalisent pas l'immense force que nous représentons collectivement. Tout est fait pour cela : les informations de la grande presse, de la radio, de la télévision et jusqu'au système scolaire, qui présentent cette organisation sociale injuste, stupide comme la moins mauvaise, voire la seule possible.

Mais c'est la vie elle-même, c'est l'infinie avidité de la classe privilégiée qui finiront par apprendre à chacun d'entre nous que nous ne sommes pas des individus isolés, voués à subir, à subir toujours. C'est la vie elle-même, l'exploitation qui nous apprendront que si tout seuls, nous ne pouvons rien, ensemble, nous pouvons tout !

Alors, le mieux à faire dans ces élections et la seule chose utile, ce n'est pas de favoriser tel grand parti au détriment de tel autre, parce qu'une fois élus, ils mèneront tous la politique que leur demandera le grand patronat. C'est de montrer qu'on en a assez, qu'on a la rage ! On est peut-être minoritaires, mais cette rage, elle est contagieuse.

Eh bien, voter pour les listes Lutte Ouvrière, ce n'est pas seulement voter pour des femmes et des hommes du peuple. C'est voter pour exprimer sa colère. C'est voter pour une politique. C'est voter pour des objectifs indispensables à imposer lorsque se produira l'explosion sociale. C'est transformer les élections qui viennent en un vote collectif où l'électorat populaire se prononcera sur un programme de lutte.

Voter pour les listes Lutte Ouvrière, c'est :

Affirmer sa conviction que ce n'est pas avec le patronat, avec les dirigeants politiques que les travailleurs peuvent se protéger de la crise de l'économie capitaliste, mais que c'est contre eux.

Affirmer que le seul moyen efficace de vaincre le chômage, c'est d'interdire les licenciements, répartir le travail entre tous sans diminution de salaire, et financer cela par des prélèvements sur les profits des entreprises et sur la fortune des plus riches.

Affirmer que ce sont les dirigeants actuels de l'économie qui ont conduit celle-ci à la crise et que c'est à eux, et à eux seuls, d'en payer le prix.

Affirmer, face à la spéculation financière qui a recommencé pire qu'avant, que la seule façon d'empêcher les banquiers de provoquer une nouvelle crise financière, c'est de les exproprier sans indemnité ni rachat. J'affirme et je répète, si l'économie a besoin des banques, elle n'a pas besoin des banquiers.

Il faut soumettre l'activité bancaire au contrôle de la population. Et, bien sûr, il faut récupérer les sommes fantastiques que l'État a mises à leur disposition, afin de les consacrer à la création d'emplois par l'État dans les hôpitaux, l'Éducation nationale, les transports publics et à un service public chargé de construire le million de logements qui manque pour loger les trois millions de mal-logés et de sans-logis de ce pays.

Affirmer que les propriétaires et les actionnaires des entreprises et des banques sont trop irresponsables pour qu'on leur laisse la direction exclusive de l'économie. Le seul moyen d'empêcher une débâcle plus grave encore est de soumettre les entreprises au contrôle de la population.

Et, pour commencer, il faut imposer la levée du secret des affaires, du secret bancaire, du secret industriel dont la seule raison d'être est de permettre aux capitalistes de préparer leurs mauvais coups dans la discrétion.

C'est tout de même gros : la loi fait obligation à quiconque au courant d'un projet criminel d'en informer la police sous peine d'être poursuivi. Eh bien, la loi fait un sort à part aux patrons. Même s'ils préparent un mauvais coup - et la fermeture d'une usine en est un - c'est celui qui en avertirait la population qui serait poursuivi.

Alors oui, il faut supprimer toutes les lois faites pour favoriser les crimes patronaux.

Il faut que tout un chacun, mis au courant des mauvais coups préparés par la direction d'une entreprise, puisse les rendre publics, les dénoncer et mettre la population en meilleure situation pour réagir. En rendant publics, en contrôlant la totalité des comptes des entreprises capitalistes et la fortune privée des grands bourgeois, la population se rendra compte qu'il y a de quoi financer les mesures indispensables à la survie du monde du travail.

Ne vous résignez pas, dans ces élections, à aider avec vos bulletins de vote un camp de politiciens à conquérir des sièges au détriment d'un autre, sans que rien ne change ! Affirmez avec nous la conviction que, pour défendre les conditions d'existence des classes populaires, il faut faire payer le grand capital, les banquiers, les propriétaires et les actionnaires des grandes entreprises, et que pour cela les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes !

Et puis, au-delà des péripéties d'une élection particulière, il est important que s'affirme dans toutes les occasions politiques ce courant du mouvement ouvrier qui a la conviction que le système capitaliste n'est pas éternel.

Des militants communistes, ceux qui se battaient, pas seulement pour améliorer le sort des ouvriers mais pour changer la société, il y en a toujours eu depuis un siècle et demi. Par moment, de grands partis capables d'ébranler l'ordre bourgeois ; parfois, seulement quelques individus. Mais la flamme ne s'est jamais éteinte.

Du fait des trahisons de la social-démocratie et du stalinisme, c'est-à-dire du basculement des partis dits socialistes et des partis dits communistes du côté de l'ordre bourgeois, les idées communistes ont été de plus en plus déformées avant de reculer dans l'opinion publique ouvrière, faute de militants en nombre suffisant pour les propager.

Eh bien, pour notre part, nous continuerons à garder levé le drapeau du communisme !

Les journalistes me posent parfois la question : mais comment se fait-il que vos idées ne profitent pas de la crise ? Il faut soit une dose de stupidité soit une dose d'hypocrisie pour poser une telle question. Parce que, s'ils réfléchissaient, les journalistes pourraient trouver facilement la réponse. Toutes les grandes chaînes de télévision, toute la presse, appartiennent aux Bouygues, Lagardère, Arnault, Pinault, Dassault et compagnie. Toutes, sous prétexte d'objectivité et sous des formes différentes, défendent les idées conformistes, individualistes, acceptables par la bourgeoisie.

Et face à cela, face à ces déferlantes de fausses informations, il n'y a pas, il n'y a plus en nombre suffisant, de militants qui prennent le contre-pied, dans leurs ateliers, dans leurs quartiers, fut-ce sous la forme la plus simple, celle de la parole ou celle d'un petit tract...

Malgré tout cela, depuis au bas mot une trentaine d'années, apparaît dans l'électorat populaire un courant qui n'hésite pas à voter pour des femmes et des hommes qui se revendiquent clairement du communisme.

Suivant les circonstances, ce courant peut représenter plus de 5 % de l'électorat, à d'autres moments, n'avoisiner que 1 %.

Mais de toute façon, cela représente plusieurs dizaines de milliers de femmes et d'hommes qui tiennent à montrer qu'ils n'acceptent pas l'ordre existant.

C'est l'aberration de leur système économique qui fait périodiquement resurgir les idées communistes. La bourgeoisie et les intellectuels à son service ont beau enterrer régulièrement le communisme, il survit, il survit à tous les enterrements.

Eh bien, il est important que ce courant se manifeste à toutes les occasions politiques. Il est important que le courant communiste, pour minoritaire qu'il soit aujourd'hui, affirme que oui, les travailleurs ont la capacité collective de renverser le pouvoir de la bourgeoisie.

Oui, les travailleurs exproprieront la bourgeoisie, ils briseront la dictature des groupes industriels et financiers sur l'économie mondiale et transformeront en propriété collective les usines, les banques, les grands moyens de transport, les chaînes de distribution, les richesses naturelles. Ils créeront alors une organisation sociale où les richesses et les moyens de les produire seront propriété collective. Une société dont la vie économique ne sera plus dirigée par le marché aveugle, mais par les choix conscients et démocratiquement déterminés de la collectivité.

Une économie qui ne fonctionnera pas pour dégager du profit pour une minorité de privilégiés mais pour satisfaire les besoins de tous. Une économie où les crises elles-mêmes ne seront plus que le mauvais souvenir d'un passé barbare.

Cette société émergera tôt ou tard, inévitablement.

Mais, pour le faire, les travailleurs ont besoin d'un parti qui représente réellement ses intérêts politiques. Et notre travail à nous, aujourd'hui, militants communistes, c'est d'œuvrer pour que se construise un parti qui ne vise pas à s'intégrer dans l'ordre social actuel.

Un parti qui ne se contente pas de dénoncer quelques abus du règne de l'argent mais qui se donne pour objectif d'organiser la seule classe sociale, le prolétariat, capable de mettre à bas le capitalisme.

Un parti qui ne veut pas dissimuler la réalité de la lutte de classes ni la noyer sous d'autres luttes, même légitimes. Mais un parti qui, au contraire met en évidence, en toute occasion, le caractère de classe de la politique menée par les uns ou les autres afin d'éclairer les travailleurs et leur permettre d'opposer leur propre lutte à la lutte de classe de la bourgeoisie.

Ce n'est pas un parti, même réellement communiste, qui fera la révolution socialew - elle ne pourra être faite que par les masses ouvrières. Mais il pourra gagner des travailleurs aux idées communistes, les organiser, les former politiquement, leur donner les moyens non seulement de se défendre contre la classe capitaliste mais aussi d'offrir une perspective politique aux autres classes populaires.

Car la crise économique, l'avidité de la bourgeoisie de récupérer le maximum au détriment de toutes les autres classes populaires aiguiseront inévitablement la lutte de classes.

On voit déjà, aujourd'hui, comment la bourgeoisie démolit les conditions d'existence non seulement des travailleurs salariés mais aussi celles d'autres catégories populaires. Celles des petits paysans écrasés entre les mammouths de la distribution et les entreprises capitalistes de l'agroalimentaire. Celles de nombre de petits commerçants ou d'artisans dont le revenu dépend du salaire des ouvriers. Une grande usine qui ferme, c'est une catastrophe directe pour ses salariés et leurs familles. Mais, dans la foulée de la fermeture de l'usine, combien d'épiceries, combien de bistrots, combien de petits commerces sont obligés de mettre la clé sous la porte ?

Et il n'y a pas que les salariés qui souffrent de la fermeture d'un hôpital ou d'une maternité, de la disparition d'un bureau de poste ou de la dégradation des conditions d'enseignement dans une école de quartier populaire !

Ces catégories sociales elles-mêmes seront poussées à se défendre. Certains le feront bec et ongles. Là se posera inévitablement la question : se battront-elles aux côtés des travailleurs ou la bourgeoisie parviendra-t-elle, par l'intermédiaire de partis spécialisés dans ce genre de besognes, à les dresser contre les travailleurs ?

Il faut que les travailleurs aient la conscience et la capacité non seulement de se défendre eux-mêmes, mais d'offrir une perspective à toute la société, une perspective susceptible de dresser toutes les catégories sociales populaires contre les seuls véritables profiteurs de l'organisation capitaliste de l'économie, les seuls responsables de la crise : le grand patronat et la grande bourgeoisie.

Et, pour cela aussi, l'existence d'un parti véritablement communiste est indispensable.

Alors, camarades, pour ce qui nous concerne, la campagne électorale se terminera dans deux jours. Deux jours pour convaincre nos amis, nos camarades de travail, nos voisins, de voter pour la liste ouvrière.

Aussi camarades, LE 14 MARS, VOTEZ ET FAITES VOTER POUR LA LISTE LUTTE OUVRIÈRE.

Mais une campagne électorale n'est qu'un moment dans l'activité militante. Et cette activité militante pour organiser et instruire les travailleurs dans le but de transformer la société, cette activité militante, elle, elle continue !

Et les élections terminées, nous nous retrouverons tous, je l'espère, pour défendre et propager les idées communistes afin que renaisse dans ce pays un véritable parti communiste révolutionnaire.

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