Après l’élection présidentielle, opération de ravalement pour une république bourgeoise décatie

L’élimination, lors du premier tour de la présidentielle, des candidats du Parti socialiste et du parti Les Républicains a signé en quelque sorte l’acte de décès de l’ancienne alternance qui fonctionnait en France depuis plus d’un demi-siècle.

Mais par quoi est-elle remplacée ?

À la présidentielle, une nouvelle alternance s’est mise en place de fait, symbolisée par l’opposition Le Pen – Macron, ce dernier étant soutenu par la quasi-totalité des politiciens de l’ancienne alternance. Ceux-ci ont commencé à se partager les dépouilles dès la soirée du second tour en se positionnant qui dans le camp du vainqueur du jour, qui dans l’opposition, mais tous en laissant entendre qu’ils étaient disposés à faire don de leur personne pour être ministres ou Premier ministre ! Mais après ?

Les partis politiques de la bourgeoisie sont en ruines. Le Parti socialiste en premier lieu. Manuel Valls, pourtant Premier ministre de ce parti il y a six mois encore, l’a déclaré mort et continue à l’enterrer de déclaration en déclaration. À droite, bien que moins représentatif de son camp, Bruno Le Maire est à peine plus optimiste à propos des Républicains. Bien sûr, les deux ont des raisons personnelles de carrière pour enterrer un corps sans même se donner la peine de vérifier qu’il ne bouge plus. Mais le diagnostic est pertinent.

Macron et la perspective d’une alternance rafistolée

Comment assurer alors le fonctionnement de cette république bourgeoise dont ils se revendiquent tous ?

L’idée d’une restructuration est dans l’air depuis longtemps, tant la mort de l’ancienne alternance a été précédée d’une agonie de plusieurs années. Surtout à gauche où les cinq années de la présidence Hollande, et au terme desquelles Hollande lui-même a tiré l’échelle en ne se représentant pas, n’ont fait qu’accélérer les choses.

L’engouement autour de Macron et les ralliements qui ont accompagné sa campagne et alimenté ses troupes en ont apporté la démonstration. Macron aura-t-il la possibilité et la volonté de réaliser sa prétention à restructurer la vie politique ? Il vient d’accomplir une des conditions préalables, celle de se faire élire président de la République, avec les moyens que cela lui donne. Accessoirement, il a affirmé, par la nature même de sa campagne, le triomphe d’un mouvement, d’un club électoral sur les partis structurés ayant une vie interne.

Un peu à la manière des deux partis américains, démocrate et républicain, dont la fonction essentielle est d’assurer l’élection du président, ainsi que de la Chambre des représentants et du Sénat. Les rapports entre le président et ces deux Assemblées sont censés incarner la démocratie bourgeoise de la principale puissance impérialiste. Cette forme de démocratie, qui se passe de partis structurés, avec une vie politique interne, de leurs débats, d’oppositions, de courants dont la démocratie bourgeoise à la française est si friande, convient tellement à la bourgeoisie américaine qu’elle perdure depuis plus de deux siècles avec des modifications mineures. Pour le reste, tout roule dans cette démocratie bourgeoise : les bourgeois font des affaires et s’enrichissent, et l’appareil d’État, c’est-à-dire les hauts fonctionnaires, se chargent des affaires courantes, à l’intérieur comme dans le domaine diplomatique et militaire. Sur le fond, ce n’est guère différent du fonctionnement de la démocratie bourgeoise en France, peut-être seulement moins hypocrite. Ici comme là-bas, la continuité du pouvoir est incarnée par une hiérarchie de hauts fonctionnaires, militaires ou civils, qui ne sont pas élus.

Macron parviendra-t-il à pousser la restructuration politique plus loin ? À commencer par marginaliser, voire faire disparaître ce qu’il reste de la gauche, c’est-à-dire ce qui la rattache encore, très vaguement, à ses origines dans le mouvement ouvrier ?

L’idée d’un grand parti progressiste à la manière du Parti démocrate américain est dans l’air depuis longtemps.

En Italie, le personnel politique de la bourgeoisie a réussi sa transformation malgré l’importance d’un Parti communiste, si longtemps puissant. Cette transformation est passée par l’autodissolution du PC.

En France, le Parti communiste français s’est autodétruit avant même que la question se pose. Il continue seulement à se survivre en dansant un pas de deux, sur l’air de « je t’aime moi non plus », avec Mélenchon.

Si Macron a la détermination d’aller jusqu’au bout dans cette perspective et de créer ce grand mouvement progressiste, regroupant celles et ceux venus aussi bien de la gauche que de la droite, il lui reste encore un obstacle à franchir : les élections législatives. S’il gagne son pari, c’est-à-dire s’il réussit à rallier à son panache blanc une majorité parlementaire, le chemin sera dégagé pour aller plus loin. Mais ce n’est pas encore gagné.

Le nouveau président a beau afficher son ambition de rassemblement, les prochaines législatives se dérouleront avec une dispersion des courants politiques plus grande encore qu’au temps de l’alternance gauche-droite. Le personnel politique qui ambitionne de gouverner au profit de la bourgeoisie se retrouve divisé en quatre rassemblements d’importance numérique comparable : la droite traditionnelle ; ce qu’il reste du Parti socialiste ; la France insoumise de Mélenchon ; et le Front national. Ce dernier, fort du nombre d’électeurs qui se sont prononcés en faveur de Marine Le Pen, se proclame déjà principal parti d’opposition. Ce que revendique également, sur la gauche, la France insoumise.

Les Républicains, de leur côté, visent la même position sur le plan parlementaire. Bien que le regroupement de la droite et du centre dont Baroin conduit la campagne électorale soit, lui aussi, divisé entre plusieurs cliques et chapelles, il résiste mieux à l’attraction de Macron. Son principal facteur de cohésion réside en ce qu’il peut se fixer un objectif atteignable dans les législatives : celui d’être le principal parti d’opposition au Parlement. Il a un socle électoral qui n’a pas disparu avec l’échec à la présidentielle de la candidature de Fillon. Ils ont cet avantage par rapport au Front national que le système électoral les favorise outrageusement. Les Républicains peuvent encore espérer que les élections législatives leur assureront cette majorité parlementaire qui leur permettra de postuler au poste de Premier ministre et d’imposer à Macron une forme de cohabitation.

Le Parti socialiste ne peut, en revanche, nourrir aucune illusion de ce genre. Même s’il ne se décompose pas complètement, soumis qu’il est à l’attraction de Mélenchon, d’un côté, et surtout de Macron, de l’autre, il joue sa survie parlementaire. Ses 6,36 % à la présidentielle ne lui laissent comme place que celle de cinquième roue du carrosse ! Certains, comme Valls, ont ouvertement rejoint Macron, sans être payés de retour pour l’instant. D’autres, comme les ex-frondeurs de Hamon, veulent se placer résolument dans l’opposition à Macron et font des offres à Mélenchon, sans être payés de retour, eux non plus. Enfin, une frange centrale du Parti socialiste veut maintenir le parti et limite son ambition à être un complément indispensable si Macron n’obtient pas la majorité des députés.

Ce courant, seul à se revendiquer du bilan des années Hollande, continue à vouloir faire vivre la boutique PS contre vents et marées. Ce n’est pas que par attachement à la vieille alternance gauche-droite dont le Parti socialiste était le pivot à gauche. Derrière les proclamations enflammées sur la fidélité au parti de Jean Jaurès et de Léon Blum, il y a de solides arguments matériels. Ce parti est devenu de longue date un parti de notables : 40 % des adhérents seraient des élus locaux ; c’est un véritable corps social.

Les ambitions de Mélenchon et le naufrage du Parti communiste français

Quant à Mélenchon, fort de ses 7 millions de voix au premier tour de la présidentielle, il ambitionne de récupérer le créneau électoral du Parti socialiste. Il a réussi à drainer vers sa candidature tous ceux qui étaient écœurés par le gouvernement Hollande et rejetaient en même temps Macron et la politique qu’il représente.

Laissons les journalistes gloser sur ses talents de tribun, qui ne lui avaient d’ailleurs pas permis de s’imposer lors de la présidentielle de 2012. Pas plus que ne lui avait suffi à l’époque le soutien du Parti communiste français et, surtout, l’huile de coude de ses militants. Mais ce qui a changé depuis, ce sont précisément les cinq ans de gouvernement socialiste qui lui ont permis d’attirer les déçus de Hollande, c’est-à-dire tout un milieu réformiste qui, tout en le restant, est effaré par la forme concrète que prend le réformisme lorsqu’il est au pouvoir. Surtout dans une période de crise où la bourgeoisie non seulement n’est pas disposée à lâcher des miettes mais, au contraire, reprend ce qu’elle avait concédé auparavant aux travailleurs, en réalité pour l’essentiel aux appareils syndicaux.

Parmi ces déçus de la gauche au pouvoir, il y a le PCF lui-même et sa mouvance.

Que sa direction ait soutenu et cautionné l’opération de Mélenchon et qu’aujourd’hui elle ne soit pas payée de retour devient presque anecdotique tant elle a pris l’habitude d’être plumée.

Si, dans l’électorat de Mélenchon, nombreux sont les militants liés au mouvement ouvrier – syndicalistes ou associatifs –, Mélenchon et la politique qu’il propose n’ont plus grand-chose à voir avec le mouvement ouvrier même réformiste, en dehors de l’ambition de l’annexer à son électorat. Toute la campagne de l’ex-sénateur socialiste, toute sa phraséologie protectionniste appelant, parfois, la comparaison avec Le Pen, les drapeaux tricolores supplantant les quelques drapeaux rouges, montrent le contraire.

L’avenir dira, à commencer par les résultats des législatives, si Mélenchon réussit à recycler les restes du courant réformiste du mouvement ouvrier issus du PS et surtout du PCF et du syndicalisme.

« La dynamique qui a porté Jean-Luc Mélenchon a pu se prévaloir des résultats très encourageants », écrit pourtant L’Humanité au lendemain de la rupture. La direction du PCF persiste et signe en foulant aux pieds non seulement les intérêts politiques de la classe ouvrière mais aussi ceux de ses propres militants.

Le PS entre les facteurs de décomposition et le poids de l’appareil et des notables

La forme démocratique qui caractérise la vie politique des puissances impérialistes a un coût pour la bourgeoisie. Elle a acquis la conviction au fil de l’histoire, à travers bien des soubresauts et avec bien des interruptions, que c’est cette forme qui assure sa domination de la façon la plus simple qui soit.

Il est bien difficile d’apprécier dans un parti comme le PS le nombre de personnes qui vivent directement ou indirectement de la politique professionnelle. Il y a bien entendu les ministres et les membres de leur cabinet, du moins lorsqu’ils sont au pouvoir. Mais il y a aussi les élus avec plus ou moins de pouvoirs et de revenus en fonction de leur place dans la hiérarchie. Sur la base des chiffres issus des élections de 2015, le PS compterait pas loin de 20 000 élus.

Si les simples conseillers municipaux, dont la majorité ne peuvent pas vivre de leurs indemnités, étaient au nombre de 11 814, il y a tous ceux qui peuvent vivre, et largement, de leurs rétributions : 273 députés, 109 sénateurs, 12 députés européens, 5 présidents de régions, 27 présidents de conseils départementaux, 20 maires de villes de plus de 70 000 habitants.

S’y ajoutent tous ceux qui les entourent, plusieurs centaines, si ce n’est davantage, d’attachés parlementaires, auxquels il faut adjoindre tous les postes non électifs dans les conseils régionaux, départementaux, et les grandes municipalités.

On peut également compter les permanents, les fonctionnaires du parti. Le seul siège du PS rue de Solférino à Paris compterait 120 salariés permanents, auxquels il faut ajouter des dizaines de CDD.

Les fédérations départementales compteraient chacune au minimum deux salariés, sans parler des salariés des micro-partis qui ont été créés ces dernières années, notamment par Valls et Royal.

À ceux dont l’existence quotidienne dépend de la survie du Parti socialiste, il faut également ajouter toutes les entreprises, comme celles qui assurent des stages de formation, ainsi que les associations émargeant à la réserve parlementaire des élus.

Tout ce beau monde, dont les positions, voire la pitance quotidienne, dépendent de son appartenance au personnel politique de la bourgeoisie, peut être parfaitement d’accord avec l’idée de la restructuration politique, mais à la condition que ses places et ses positions ne soient pas remises en cause.

Certes, Macron a l’art de faire du neuf avec du vieux. Mais le simple fait d’intégrer une nouvelle génération plus dévouée à sa personne limite objectivement les possibilités. Et il y a évidemment ceux qui, pour des raisons tout à fait personnelles, déplaisent au nouveau pouvoir, le premier d’entre eux étant Valls lui-même.

C’est dire que, même si Macron a la volonté de restructurer, il se heurtera à la résistance des appareils. Il n’est pas dit qu’il parvienne à la surmonter.

Dans ce domaine aussi, beaucoup de choses dépendent des résultats des législatives, du fait qu’il obtienne ou non une majorité dévouée à sa personne.

La restructuration est donc à la fois une nécessité et un facteur d’instabilité politique. Et, à en juger par le jeu des appareils hérités du passé, qui se conjugue avec les ambitions personnelles de ceux qui s’accrochent aux circonscriptions dont ils sont les députés et de ceux qui voudraient prendre leur place, la marche, pour le moment, est en arrière, vers des combinaisons façon IVe République !

L’instabilité politique de la république bourgeoise

Il est inutile de spéculer sur la forme et l’intensité que prendra cette instabilité politique. Peut-être restera-t-elle limitée ? Après tout, l’ancien système d’alternance est devenu caduc depuis longtemps, ce qui ne l’a pas empêché, l’un dans l’autre, de fonctionner en répétant des simagrées héritées d’une période antérieure.

Là encore, la gravité de cette instabilité, comme bien d’autres choses, dépend de l’évolution de la crise. L’une se nourrira de l’autre.

Comme c’est de la gravité de la crise que dépend l’évolution ultérieure du Front national. Le problème, du point de vue des intérêts de la classe ouvrière, n’est certainement pas la lutte des clans à l’intérieur même du Front national, entre celui de Jean-Marie Le Pen et celui de Florian Philippot, ni la zizanie entre Marine Le Pen et sa nièce.

Mais ce qui ressort de l’élection présidentielle, c’est qu’en devenant un des principaux partis qui postulent à gouverner au service de la bourgeoisie le FN exprime la poussée réactionnaire de la vie politique et sociale.

L’aspect le plus grave de cette poussée réactionnaire, c’est d’avoir infecté une fraction importante du monde du travail. Même si pour le moment il s’agit du reflet électoral des choses, c’est déjà un handicap pour la capacité de la classe ouvrière à engager la lutte pour se défendre et à plus forte raison pour défendre une politique de classe face à la bourgeoisie.

L’influence même seulement électorale du FN pourrit les consciences. Cela seul suffirait pour que les travailleurs conscients aient à le combattre. Oh, certainement pas en se réfugiant dans les bras de quelque politicien bourgeois ! Ni Macron, ni même Mélenchon ! Au contraire, en combattant clairement Macron comme représentant en charge des affaires de la bourgeoisie. Et en combattant les idées de Mélenchon et l’impasse de sa politique pour les travailleurs.

Mais l’évolution qui a permis au FN de prospérer y compris dans les classes populaires n’est pas encore arrivée à son terme. Non seulement l’arrivée de Macron à l’Élysée n’a pas constitué un barrage contre le FN, mais elle laisse le champ libre au développement de son influence. En menant la politique du grand capital, Macron alimentera une colère contre son pouvoir, que le FN cherchera inévitablement à canaliser à son propre profit.

En se renforçant, même seulement électoralement, le Front national pèsera sur toute la société. Si la crise s’aggrave et si la combativité se réveille, la bourgeoisie trouvera dans les rangs du Front national les forces supplétives qu’elle pourra utiliser contre les travailleurs.

La poursuite de l’offensive patronale finira par déclencher des explosions sociales. Personne ne peut prévoir quelle catégorie sera la première à ne plus supporter le sort qui lui est fait et qui se lancera dans la lutte. Il est encore plus difficile de deviner comment les différentes couches opprimées par le capital entreront en lutte et quelles seront leurs relations respectives.

Le nécessaire parti ouvrier révolutionnaire

C’est certain, c’est précisément dans des périodes d’intensification de la lutte de classe que les travailleurs ont besoin d’avoir conscience de leurs intérêts non seulement économiques mais aussi politiques. Et cette boussole ne peut être donnée que par un parti représentant réellement ces intérêts.

La bourgeoisie entretient et finance les partis qui se placent sur le terrain du capitalisme et de l’exploitation. Ils sont nécessaires au décorum démocratique. Ils contribuent à entretenir parmi les masses exploitées l’illusion que leur sort se joue dans les urnes. Mais ces partis ne jouent qu’un rôle accessoire dans le pouvoir de la bourgeoisie sur la société. Ce pouvoir repose sur ses capitaux, sur la dictature que ceux-ci lui permettent d’exercer sur la vie économique et sociale.

Le prolétariat, en revanche, ne peut pas se passer d’un parti pour se défendre efficacement et, à bien plus forte raison, pour s’émanciper. Il n’y a pas de tâche plus urgente pour tous ceux, travailleurs exploités ou intellectuels, qui sont préoccupés par l’avenir de l’humanité, que de s’atteler à reconstruire ce parti.

La conjonction de la crise économique et de l’instabilité politique, si elle débouche sur des explosions sociales, recèle d’immenses possibilités pour la classe ouvrière en même temps que de grandes menaces. C’est dans les périodes où la lutte de classe devient intense, où la politique cesse d’être l’affaire d’une caste spécialisée au service de la bourgeoisie, lorsque des centaines de milliers de femmes et d’hommes s’intéressent à la vie de la collectivité et deviennent conscients du fait que l’avenir dépend d’eux, que la transformation de la société devient possible et que peuvent surgir les militants prêts à agir dans ce sens. C’est à ce moment qu’il devient vital que la conscience collective des travailleurs renoue avec les riches expériences du passé.

C’est dans cette perspective que se place depuis toujours la participation de Lutte ouvrière aux élections.

C’est dans cette perspective que nous avons participé à l’élection présidentielle.

C’est dans cette perspective encore que se place notre participation aux élections législatives qui viennent.

Nos résultats à l’élection présidentielle sont modestes (cf. encadré ci-contre sur les résultats de Nathalie Arthaud). Juger de ces résultats n’a de sens qu’en tenant compte de l’évolution réactionnaire de la situation. Elle a conduit à la profonde perte de valeurs du mouvement ouvrier. Elle a balayé de fait le PCF, en substituant à un parti pourtant si puissant numériquement il n’y a pas si longtemps, et qui portait dans sa dénomination le qualificatif communiste, le mélenchonisme qui n’a même plus ce lien avec le passé du mouvement ouvrier.

Mais l’histoire qui, à certains moments, peut connaître de profonds reculs, connaît des explosions où l’humanité reprend brusquement sa marche vers le progrès.

Lutte ouvrière continuera à agir dans les entreprises, dans les quartiers populaires, pour gagner des militants décidés à défendre dans leur classe la perspective d’un véritable parti communiste. Un parti qui, pour se développer, ne cherchera pas des raccourcis du côté des idées à la mode, surtout dans une période où les causes, même les plus légitimes, du féminisme à l’écologie, sont dénaturées par l’évolution réactionnaire. Un parti qui ne se contente pas de dénoncer le capitalisme, mais qui ait pour objectif de le renverser. Un parti qui ne se propose pas de défendre la classe ouvrière, mais qui voit en elle la seule classe capable de renverser l’ordre capitaliste. Un tel parti ne peut naître que sur la base du marxisme, du léninisme et du trotskysme, c’est-à-dire en intégrant dans son programme les phases successives de l’expérience du mouvement ouvrier révolutionnaire, du temps où il était vivant et actif.

Le futur parti communiste révolutionnaire, même à l’état embryonnaire, n’est pas un club électoral. Son activité essentielle est quotidienne. Il se développera en participant aux luttes petites et grandes de la classe ouvrière, en acquérant de l’influence en son sein, pour être capable de conduire les travailleurs à la victoire dans leur combat contre la bourgeoisie.

Chaque campagne électorale est une occasion de défendre cette perspective et le programme qui correspond aux intérêts de la classe ouvrière dans une situation donnée.

Nous reproduisons ci-dessous la circulaire qui sera celle des candidates et des candidats de Lutte ouvrière. Ils seront présents dans les 539 circonscriptions de métropole, dans six des sept circonscriptions de La Réunion et, en commun avec nos camarades de Combat ouvrier, dans quatre circonscriptions de Guadeloupe et quatre de Martinique, soit au total dans 553 circonscriptions.

11 mai 2017

Les résultats de Nathalie Arthaud à l’élection présidentielle

Avec 232 384 voix (0,64 %), les résultats de la candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, se maintiennent voire s’améliorent légèrement par rapport à 2012 (202 548 voix, soit 0,56 %). Ces résultats ont sans doute pâti du réflexe dit de vote utile, en faveur de Jean-Luc Mélenchon, quand, dans les dernières semaines, les sondages ont laissé penser qu’il pourrait se qualifier pour le second tour. Avec 394 505 voix (1,09 %), le candidat du NPA, Philippe Poutou, a visiblement pâti lui aussi du vote utile Mélenchon, perdant quelque 17 000 voix, par rapport à 2012.

À titre de comparaison, aux élections régionales, en décembre 2015, les listes de Lutte ouvrière avaient recueilli 320 054 voix (1,5 %) dans les 13 régions où nous nous présentions. Et aux élections européennes de mai 2014 nous avions recueilli 213 633 voix, soit 1,14 %.

Nathalie Arthaud a indiqué que les voix que nous recueillons pèsent plus dans le monde du travail que dans les urnes. À notre petite échelle, cela se vérifie dans leur répartition géographique. Les départements où nous faisons les résultats les plus faibles sont les plus aisés, et les départements où nous faisons nos meilleurs scores sont des départements souvent très ouvriers. Nathalie Arthaud obtient aussi des résultats supérieurs à la moyenne en outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion. À l’échelle des communes, la différence est également manifeste, entre villes bourgeoises et villes populaires. Nos lecteurs peuvent consulter la liste détaillée de nos résultats départementaux dans notre hebdomadaire (Lutte ouvrière n° 2543 du 26 avril) et sur le site Internet de notre journal.

Ces résultats restent très modestes. Mais ce qui est confirmé par les discussions et les retours que nous avons eus est que, dans une situation où notre courant est minoritaire car à contre-courant non seulement des idées protectionnistes, voire xénophobes, mais aussi du réformisme ambiant, celles et ceux que nous sommes parvenus à toucher, ce sont des minorités au sein des couches les plus populaires du pays.